Suite de : Nouvelle augmentation de l’activité sismique : le volcan Tungurahua rugit.
Après l’explosion du dimanche 14 Juillet 2013 qui a généré une colonne éruptive de 8 kilomètres au-dessus de la zone sommitale du Tangurahua et des coulées pyroclastiques qui, dévalant les « quebrades » Achupashal, ont atteint la rivière Chambo, le volcan est rentré dans une éruption, de type strombolien, ponctuée d’explosions. L’émission continue et permanente d’un panache de vapeur d’eau, de gaz, à teneur modérée en cendres, oscillant entre 1.500 et 3.000 mètres d’altitude, ont principalement affecté les versants Ouest, Sud-Ouest et Sud-Est de l’édifice volcanique.
Depuis la nuit du 18 Juillet, l’activité sismique, par l’enregistrement de séismes tectonico-volcaniques en essaim, signes de fracturation des roches, de nombreux événements de longue période, – LPs -, de longs épisodes de tremor émissifs et de multiples explosions, détermine un processus se caractérisant par la génération d’événements associés à la mobilisation et la pressurisation de fluide dans les conduits magmatiques internes au volcan. Cette activité s’accompagne de « beuglements » et de « canonnades » de faible à très forte intensité entendus dans le périmètre environnemental immédiat, – un rayon de 15 à 20 kilomètres -, du volcan, de chutes de roches incandescentes, de coulées laviques et de flux pyroclastiques. En outre, le débit moyen de SO2 se maintient dans une fourchette comprise entre 3.000 et 4.000 tonnes de dioxyde de soufre par jour.
De multiples chutes de cendres fines de couleur gris à gris-noir se produisent quasi journellement dans les secteurs de Choglontus, de Cevallos, de El Manzano, de Mocha, de Bilbao, de Quero, de Puela, de Cahuaji… et de Tisaleo, et dans la Province de Bolivar, affectant, suivant la direction des vents dominants, les populations résidant tout autour de l’édifice volcanique. Parallèlement, les autorités conseillant de ne pas accéder aux « québrades », des craintes sont, de plus, à émettre, en considération d’un possible risque de flux pyroclastiques, comme ce fut le cas en Août et Décembre 2012, qui pourraient atteindre des sites d’activités agricoles implantés sur les flancs et les parties basses du volcan. D’autre part, les pluies, en période hivernale, la génération de lahars n’est pas à exclure dans les secteurs Baños-Penipe, de la Pampa et de Vascún.
Enfin, le système de surveillance géodésique du Tangurahua indique une tendance inflationniste de son flanc Nord, et légèrement déflationniste de sa partie basse, en son Sud-Ouest, ce qui laisse à interpréter qu’une masse conséquente de magma se localise à environ 2 kilomètres de profondeur sous la zone cratérale, – présence d’une chambre magmatique secondaire superficielle -, à l’intérieur même du cône volcanique et que celle-ci serait le siège d’impact des explosions et la source de l’activité éruptive sommitale.
Une telle conjoncture, chambre magmatique dans le cône volcanique, afflux de fluide, explosions dont certaines violentes accompagnées de « canonnades » et de déflagrations faisant trembler le sol dans un rayon de 30 kilomètres autour du cratère central, et incrémentation du processus éruptif de type strombolien, prête à de grandes interrogations d’autant que le Tangurahua a été détruit, à plusieurs reprises par le passé, dont la dernière en date, 2995 ± 90 ans BP, – Before Present ou avant 1950 -, le cône antérieur à l’actuel l’a été en grande partie suite à un effondrement, à un glissement de terrain englobant toute la partie occidentale du Tangurahua III et à une énorme avalanche de débris d’un volume de 8 kilomètres cubes environ, – remplissant les vallées du Chambo, au Sud, et du Patate, au Nord, ensevelissant les secteurs des actuelles villes de Penipe et de Patate, et se développant sur des distances de 15 à 20 kilomètres depuis la zone cratérale -, par des explosions majeures.
29 Juillet 2013 © Raymond Matabosch