Il était une fois, au royaume des fleurs, une géante baptisée l’Arum Titan, issue de l’honorable famille des Aracées, et dont le parfum était décelable à 800 mètres alentour… Une odeur, plutôt qu’un parfum, car si cette belle plante avait grandeur et beauté, elle sentait horriblement mauvais. Lui avait-on jeté un sort ? Avait-elle trop paradé, s’était-elle montrée trop vaniteuse ? Méritait-elle un châtiment ? Mystère. Quoiqu’il en soit, à chaque floraison, 72 heures durant, sa température montait, intensifiant encore son odeur de putréfaction…
On raconte que l’Arum Titan fut découvert en l’an 1878 à Sumatra et fleurit pour la première fois en Europe, au Royaume-Uni, en 1889. Les femmes, à cette époque, n’eurent pas le droit d’assister à l’évènement… Il faut dire que L’Arum Titan, est aussi appelé, de nos jours, le « pénis de titan »… Comprenez-vous ?
L’histoire de cette curieuse plante continue de nous surprendre ! Le peuple Suisse avait vu fleurir l’Arum à Berne, en 1936 …Puis à Bâle, en 2011… Un arôme rare, donc, et exceptionnel… Et miracle, en Novembre dernier, une nouvelle éclosion eut lieu, à Bâle, encore….Une divine naissance aussi au Brésil, le jour de Noël…
Imaginez-vous ! Une fleur qui culmine plus de 2 mètres 30… Un pistil jaune, un pétale rouge-brun en forme d’entonnoir, et un tubercule de plus de 30 kg…. Une fierté pour le jardinier, un calvaire peut-être pour l’Arum, condamnée au statut de « bête de foire ».
Car oui, la foule est toujours nombreuse et ponctuelle, pour ces rendez-vous hors normes, et peut-être uniques dans une vie… (Et les absents, en ces temps modernes, peuvent assister à ces épanouissements sur internet…) Un plaisir pour les yeux, un calvaire pour les sens… Une religieuse aurait dit « Il est des plantes fédératrices, qui rassemblent tous les âges, et professions… ». A la sortie des spectacles, une boutique propose souvent photos et fioles… Oui, des fioles, renfermant le fameux parfum de viande avariée. Une imitation, bien-sûr… L’Arum Titan produirait naturellement cette odeur, pour attirer les insectes charognards qui sont chargés de sa fertilisation… Bien-sûr !
D’après le dernier recensement, 163 floraisons auraient eu lieu, dans les jardins botaniques du monde entier… Car oui, la fleur se plairait plus en serre (en couveuse, en quelque sorte…) qu’en milieu naturel. Trop fragile, sans doute. La Belle requiert en effet des soins constants. Une température de 33 degrés et un taux d’humidité de 95%.
L’Arum titan : On n’a pas fini d’en parler, même si on ne peut pas toujours la sentir…