On se souvient que le Colombien Alvaro Uribe Velez qui avait été élu président de la République en juillet 2002 avait dû faire modifier la Constitution de son pays pour briguer un second mandat ; ce qu’il obtiendra en 2006 en devenant le premier président colombien à occuper pour huit années consécutives les plus hautes fonctions de l’État après avoir été choisi par les électeurs dès le premier tour.

Mais 2010 approche et avec elle la fin inéluctable de la présidence de Alvaro Uribe qui, malgré ses nombreuses années au pouvoir, jouit toujours d’un important appui populaire puisque les sondages le gratifient régulièrement de plus de 60 % d’opinions favorables. L’institut de sondage Gallup lui attribuait même le score de 81 % en début d’année.

Alors, lorsque le parti au pouvoir a proposé de modifier une fois encore la Constitution pour permettre à un président élu de briguer un troisième mandat, l’opposition a poussé des cris d’orfraie. En effet, aucun des partis de l’opposition ne possède un personnage suffisamment fort et charismatique pour faire de l’ombre à Alvaro Uribe qui serait très certainement réélu s’il pouvait se présenter en 2010.

L’opposition a d’abord tenté de freiner le projet en arguant que si un troisième mandat pouvait être brigué, il ne devait pas suivre immédiatement les deux premiers mandats et qu’une interruption forcée serait bénéfique pour la démocratie en empêchant l’apparition d’une sorte de "caudillo" auquel le peuple prêterait toutes les vertus.

Il est vrai que Alvaro Uribe est considéré par la majorité des Colombiens comme le meilleur président que leur pays ait jamais eu, et qu’une association des plus grandes entreprises sud-américaines l’a même élu meilleur président d’Amérique latine. Même la célèbre ex-otage Ingrid Betancourt a reconnu que la « réélection du président Uribe avait été une très bonne chose pour notre pays ».

Car, sous des dehors d’homme fort ayant fait reculer l’insécurité (un demi-millier d’otages ont été libérés lors d’opérations militaires et de police, le nombre d’homicides est passé de 28.700 à 18.000 en trois ans et Les Farc, principale guérilla du pays, ont été réduits et repoussés loin des grands centres urbains) le président Uribe s’est révélé également un excellent gestionnaire. Durant ses deux mandats, l’économie colombienne est passée de la récession à une croissance de 7,4 %, soit supérieure à la moyenne latino-américaine de 5,5 %. De plus, les nombreux programmes d’intégration sociale l’ont rendu populaire auprès des plus démunis.

Mais si le président Alvaro Uribe Velez a toujours refusé de s’exprimer clairement quant à son désir de postuler pour un troisième mandat, plusieurs de ses plus proches collaborateurs ont révélé qu’il leur aurait demandé d’accélérer le processus de modification de la Constitution pour lui permettre – en cas d’acceptation par le Congrès – de se présenter aux élections présidentielles de 2010.

Dans le climat très tendu qui règne actuellement entre la Colombie, le Venezuela et l’Équateur, même les opposants à la politique de l’actuel gouvernement reconnaissent qu’il n’y a pas d’autre option. Il est donc presque certain que Alvaro Uribe Velez remporterait à nouveau les élections dès le premier tour si on lui donne cette possibilité.