Un suicide à 12 ans !

Je me souviens d’un écolier de 12 ans qui s’était donné la mort dans la cour de récréation d’une école liégeoise (Wallonie, Belgique), en février 2003. Sa (dé)raison : une déception sentimentale.

La précocité de l’amour peut se révéler traumatisante pour des personnalités encore trop peu solides, trop peu structurées…» Se suicider, c’est se venger. Comme le souligne les psychopédagogues, l’enfant ne pense pas au caractère irrémédiable de la mort. Par contre, l’idée du suicide échauffe ses sens lorsque son amour-propre est blessé cause d’un refus amoureux, par exemple. L’enfant désire punir celui qui l’a offensé, il veut qu’il soit rongé par le remords.

Son imagination le travaille et il extrapole la découverte Il devine l’anéantissement de ceux qui restent et jouit virtuellement de sa vengeance accomplie. Le passage à l’acte est heureusement rarissime.

L’âge des premières amours de nos enfants est plus précoce que celui des anciennes générations Cette précocité peut se révéler traumatisante pour des personnalités encore trop peu solides, trop peu structurées…

Heureusement, ce genre d’événement reste très exceptionnel. Et face à des dépits amoureux ou des deuils, les enfants trouvent encore dans leur entourage les ressources nécessaires pour dépasser leur souffrance

De plus en plus, l’âge de 12 ans matérialise le début de l’adolescence avec son cortège de petits et de grands soucis. Dans nos sociétés industrialisées, on estime que la puberté avance d’un an tous les 25 ans. Aujourd’hui, elle débute vers 11 ans chez les filles et 12 ou 13 ans chez les garçons. C’est également à cette période que s’effectue le passage dans une plus grande école qui marque symboliquement la fin de l’enfance.

Les peines de cœur, même les plus futiles, sont à prendre au sérieux. D’autant que, si le sentimentalisme est exacerbé chez les jeunes, la réalité des choses vitales demeure floue. Dans quelle mesure le geste suicidaire d’un enfant traduit-il vraiment un désir de mort ? Le suicide n’a pas la même signification chez l’enfant que chez l’adulte. Dans ses jeux (la guerre, les cow-boys…), il arrive qu’il décède avant de ressusciter tout aussi vite. Il n’y a pas de caractère irréversible.

Ce n’est que lorsque l’enfant devient adulte qu’il se rend compte qu’il n’est pas invulnérable. Le suicidaire manifeste une envie : il veut changer de vie, établir une rupture par rapport à ce qu’il vit d’insupportable. La mort n’est pas désirée d’autant que personne ne sait ce qu’elle représente vraiment. Reste que le phénomène est terriblement angoissant pour de nombreux parents. Peut-on déceler les tendances suicidaires chez un petit bout d’homme ? Il est difficile de prévoir une telle situation et de donner des recettes toutes faites.

Il existe néanmoins une série de signaux qui doivent mettre les parents en garde. Les modifications brutales du comportement ou la chute du rendement scolaire sont des indices. Il ne faut pas négliger les plaintes dépressives qui existent aussi chez l’enfant. Tous ces signes sont hélas peu évidents : les parents se rendent bien compte que quelque chose ne tourne pas rond…

 Mais ce n’est qu’une fois l’acte commis qu’ils se disent que les signaux étaient forts. Avant cela, ils n’ont pas pensé au pire. Il y a une marge qui reste très difficile à comprendre.

3 réflexions sur « Un suicide à 12 ans ! »

  1. Je vais parler à nouveau de l’un de mes « dadas », les biorythmes: nous sommes fragilisés sur tous les plans, santé, finances etc, tous les 7 ans, et reproduisons par ailleurs les évènements graves survenus dans notre famille, par « loyauté familiale » (bio-psychogénéalogie). Evenements programmés par le subconscient, qui se base sur les cycles lunaires (7jours, 7 ans) et solaires (12 mois, 12 ans … ce qui fait du 13 un symbole de révolution, renouvellement en bien ou en mal).

    Ces changements dans notre vie surviennent donc surtout de 12 à 13 ans, de 20 à 21 ans etc

    Cet enfant a du reproduire le schéma du suicide par déception amoureuse d’un parent, même il y a 2 ou 3 siècles !

    C’est triste de réduire un geste aussi dramatique à cette analyse, mais d’un autre côté cela ôte tout aspect de culpabilité, de faute.

    Le libre-arbitre n’existe donc pas ? oui, il existe si on a des prises de conscience libératrices, si on se libère du poids de l’histoire, ô combien répétitive, de la famille.

  2. Bonjour Pierre Rémy, et merci pour cet article qui permet de remettre en lumière un sujet qui exige une réflexion attentive vu l’aggravation de la situation : le suicide des ados a triplé en 50 ans. Le volet que vous avez décrit est une réalité, à laquelle s’ajoute nombre d’autres problématiques modernes. Par ailleurs, outre la tentative de suicide avérée, il existe nombre de conduites à risques participant d’une démarche voisine. Les ressorts sont de plus en plus nombreux et complexes, les signes discrêts à la limites du visible.
    Les parents, les amis, les proches se trouvent en plein désarroi.
    Comment repérer les conditions suicidogènes, les signes, quelle attitude observer devant un ado ou un adulte qui risque de mettre fin à ses jours ou commettre une tentative de suicide ?
    Voyez ci-dessous mon article et des ressources :
    [url]https://sites.google.com/site/solutionviolenceconjugale/suicides-24-crashs-de-boeing-an[/url]

  3. Je reviens pour dire qu’Isabelle a raison, et que pour ma part j’aurais du préciser que je n’ai donné qu’une explication – juste ou pas – qui ne se veut pas L’explication, ce serait ridiculement réducteur !

    De nombreux ados ont été de tous temps suicidaires, se risquant à des jeux dangereux, merci Isabelle, j’irai lire votre lien car le suicide me touche personnellement (parent suicidé), d’où ma tentative de comprendre pourquoi, comment …

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