Un mot sur l’embargo américain contre Cuba

Alors que le président américain Barack Obama vient, contre toute attente, de prolonger pour un an au moins l’embargo imposé par ses prédécesseurs contre Cuba, je pense qu’il est bon se rappeler en quoi consiste cet embargo.

En 1917, à la veille de la Première Guerre mondiale, le gouvernement américain promulguait une loi interdisant le commerce avec l’ennemi. C’est cette même loi qu’utilisera Washington pour décréter en 1963 un embargo économique contre Cuba. Ainsi, depuis cette date, il est interdit aux entreprises américaines de commercer avec l’île.

Même si cet embargo fut renforcé en 1992 par la loi de Torricelli interdisant l’envoi d’aliments vers Cuba (en-dehors d’une aide humanitaire) et la loi de Helms Burton en 1996 qui précise que l’embargo ne pourra être levé tant qu’un membre de la famille Castro gouvernera l’île, il faut bien reconnaître que l’importance de cet embargo est bien plus symbolique que réel, d’autant qu’il ne concerne que les investissements américains (de quel droit en effet Washington pourrait-il interdire à d’autres pays d’avoir des relations commerciales ou économiques avec La Havane ?).

Avant de voir quelles sont les relations actuelles de Cuba avec les investisseurs étrangers, il faut se rappeler qu’à la chute de l’ancien régime en 1959, la révolution cubaine avait nationalisé les entreprises étrangères (des accords furent signés avec les entreprises touchées afin de les indemniser), mais depuis 1988 le gouvernement cubain s’est à nouveau tourné vers l’étranger, d’abord timidement à travers des accords dits de coentreprises (dont à surtout profiter le secteur touristique et on a vu fleurir les complexes hôteliers binationaux), et plus franchement lors d’une réforme de la constitution, en 1992, reconnaissant le droit à l’investissement étranger et accordant certaines garanties aux investisseurs.

En 1995, de nouvelles lois ont été votées, ouvrant encore plus le marché cubain aux investissements étrangers. Ainsi, ceux-ci se sont étendus au-delà du tourisme et, désormais, des partenaires de 46 pays sont actifs dans 32 secteurs de l’économie de l’île. Citons, entre autres, la construction, l’industrie, l’exploitation minière, l’agriculture, la métallurgie, la sidérurgie, l’industrie alimentaire…

Si l’on classe les pays par ordre d’importance de leurs investissements à Cuba, selon les chiffres que j’ai pu obtenir, nous trouverons en tête de liste l’Espagne, suivie par le Canada, puis l’Italie et la France qui se place donc en 4ème position, devant l’Angleterre, le Mexique et même devant le Venezuela de Hugo Chavez qui n’arrive que 7ème.

Ainsi, depuis les dernières réformes adoptées par le gouvernement cubain, on a pu constater une augmentation des investissements étrangers de l’ordre de 26 % et une hausse des exportations du pays de 25 % (ce qui représentait, en 2000, 27 % des revenus directs). Il faut noter que les salaires perçus par les 19.800 ouvriers cubains travaillant pour des entreprises internationales en l’an 2000 étaient nettement supérieurs à ceux de leurs collègues travaillants pour des entreprises nationales.

  On peut relever également que depuis 1995 fonctionnent à Cuba des fonds d’investissement dont le but annoncé est d’attirer des capitaux étrangers afin de « dynamiser l’économie cubaine et lui permettre de réaliser les changements structurels nécessaires. »  

Tout ceci prouve donc bien que l’économie cubaine essaye depuis plusieurs années de se tourner vers des pratiques dites capitalistes, pratiques pourtant toujours condamnées et décriées par le discours politique.

Ces chiffres montrent aussi que les investisseurs américains sont les premières victimes de l’embargo imposé par leur pays contre Cuba et que si La Havane regrette les dollars de l’oncle Sam, elle les a depuis longtemps remplacés par des Euros, des Dollars canadiens, des Livres sterling, des Pesos mexicains et des Bolivars vénézuéliens.

Rejeter l’entière responsabilité de l’état de l’économie cubaine sur cet embargo est donc une accusation vide de sens, sans rapport avec la réalité, ne pouvant qu’alimenter la vacuité de certains discours politiques.

Source : El Ministro de las Inversiones Extranjeras y la colaboración Económica, La Habana, Cuba.

19 réflexions sur « Un mot sur l’embargo américain contre Cuba »

  1. Du grand n’importe quoi. Mais alors là, du très grand n’importe quoi!

    Osez écrire que « il faut bien reconnaître que l’importance de cet embargo est bien plus symbolique que réel » c’est se foutre carrément des gens qui vous lisent.

    Pire, vous concluez avec un : « Rejeter l’entière responsabilité de l’état de l’économie cubaine sur cet embargo est donc une accusation vide de sens ».

    Connaissez-vous en quoi consiste l’embargo? Vous êtes vous donné la peine de vous documenter? Vous nous décrivez un robinet fermé qui laisse fuir quelques goûtes, mais vous ne voyez pas fermé, vous le voyez ouvert. Le monde à l’envers…

    Tenez, lisez cette liste et dites moi que ce sont des âneries futiles qu’ils décrivent ici:

    http://embacu.cubaminrex.cu/Default.aspx?tabid=14150

    Quand vous avez des entreprises comme Siemens qui refusent un achat de cette manière:  » Nous ne pouvons pas vendre à Cuba car, bien que société allemande, nous suivons certaines règles étasuniennes. » ou quand vous savez qu’un bateau qui a accosté à Cuba ne peut plus le faire dans un port américain pendant 6 mois – et des centaines et centaines de mesures pareilles – je ne sais pas comment vous pouvez dire que cet embargo est plus symbolique que réel.

    Franchement, Le Candide, vous êtes décevant. Ecoeurant même.

  2. @ Alin

    Alors que j’ai publié cet article dans la section Tribune libre, ce qui prouve que j’estimais exprimer une opinion personnelle, je m’étonne de votre attitude si agressive à mon encontre.

    Je croyais pourtant que tout le monde savait qu’avant la chute du système soviétique, l’économie cubaine était tout entière tournée vers ce qu’on appelait à l’époque le bloc de l’est (information aisément vérifiable dans les journaux de l’époque et qu’on nous enseignait également à l’école).

    L’embargo américain ne frappa donc l’île que d’une manière toute symbolique, provoquant surtout le mécontentement des entreprises américaines interdites de commercer officiellement avec Cuba.

    Mais l’URSS s’effondra, entraînant dans sa chute nombre de pays du COMECON. Il me semble évident que Cuba n’allait pas lier son échec économique à celui de l’échec du système communiste, préférant évidemment accuser les États-Unis et leur embargo !

    Il me semble également normal que les autres puissances commerciales en aient profité pour occuper le marché cubain et continuent de jeter l’opprobre sur leur terrible concurrent à la bannière étoilée.

  3. Suite 1 réponse Alin
    
    Il faut parfois arriver à faire la part des choses, distinguer le réel de l’affectif et chercher ce qui se cache réellement derrière les informations que l’on donne au public !

    Qui sait que malgré l’embargo les États-Unis sont actuellement les premiers fournisseurs de produits alimentaires de Cuba ?

    Et pourtant on continue d’accuser Washington d’être le responsable des problèmes de malnutrition qui frappent l’île.

    Pourquoi les États-Unis ne communiquent-ils pas plus à propos de ces chiffres ? Les raisons politiques et électorales semblent évidentes : pour la grande majorité des Américains et pour l’importante communauté cubaine exilée à Miami, il faut que la Maison Blanche maintienne toute la rigueur et refuse de traiter avec le régime castriste.

    Quant à l’ONU, elle a déjà montré à plusieurs reprises que son attitude n’était pas fondamentalement pro-américaine (rappelez-vous sont attitude lors de la guerre en Irak) et il est de bon ton d’être du côté des opprimés.

  4. Suite 2 réponse Alin
    
    Même chose du point de vue des Européens et particulièrement de la France où le public a très mal perçu les accords commerciaux avec la Chine de Tian’anmen ! Pour la France, avouer maintenant qu’elle est devenue un partenaire commercial important du régime castriste serait peut-être indélicat.

    Pour le régime castriste on comprend aisément qu’il ne veut pas ébruiter la chose.

    Ainsi, on reste dans le système manichéen qui plaît tant à l’opinion publique : pour l’immense majorité des Américains un embargo strict de leur gouvernement « gendarme du monde et défenseur des Droits de l’homme » contre le régime honni des Castro… et pour le reste du monde, la pauvre Cuba affamée par le monstre capitaliste qui refuse de lever un embargo qui n’a plus aucune raison d’être.

    Pour les Cubains évidemment, le chant reste le même : si tout va mal c’est la faute à l’oncle Sam et sûrement pas aux dinosaures du Parti qui ont muselé toutes les libertés de l’île, quelles soient économiques, culturelles ou d’opinions !

    Mais vous qui me conseillez de me renseigner, allez voir les chiffres fournis par le « Ministro de las Inversiones Extranjeras y la colaboración Económica”, consultez également ceux donnés par l’administration américaine et vous vous rendrez compte que l’embargo est surtout symbolique, d’autant que la balance commerciale de Cuba est en flagrant déficit : comment cela se pourrait-il si aucun pays ne commerçait avec l’île ?

  5. Suite 3 réponse Alin

    
    Entre les chiffres et les discours il faut parfois choisir, mais au-delà des tableaux, il me semble que les Castro avouent maintenant leur échec, que ce soit par la bouche de Fidel ou à travers la lente transformation de l’économie cubaine vers un modèle plus capitaliste.

    Hélas, dans le contexte de mondialisation, il est difficile d’ignorer la réputation des pays vis-à-vis de l’étranger. Dans cet univers d’échanges et d’interdépendances croissants le marketing s’applique dorénavant également aux nations et quelque part, nous sommes tous les victimes de ces campagnes publicitaires insidieuses que ne disent pas leur nom.

    Ne me faites pas non plus dire ce que je n’ai pas dit, je ne juge pas entre socialisme et capitalisme, il y a de bonnes choses à Cuba, mais l’échec du dogme économique qui y règne est patent.

    Évidemment vous avez le droit d’avoir une opinion différente, vous êtes libre de choisir vos sources d’informations. Nul n’a le droit de dénigrer votre manière de voir les choses… comme vous n’avez aucunement le droit de juger ma propre opinion écoeurante !

    C4N est un site où chacun est libre de s’exprimer dans le respect des autres. Heureusement nous ne sommes pas à Cuba, ici le délit d’opinion n’existe pas.

    Je me permettrais donc de rédiger un autre article pour mieux y exposer les informations recueillies pour répondre à votre commentaire.

    À bientôt et merci pour votre visite

  6. Mais oui, lecandide, mais oui, c’est bien dans la rubrique « opinion libre ». Ne vous en faites pas, la qualité de vos écrits ne peut prétendre à autre chose.

    Au lieu de vous enfoncer en ré-écrivant des justifications abracadabrantesques, lisez ceci, c’est chaud, ça vient de sortir. Et venez dire par la suite que ce que vous avez lu c’est du délire, que c’est de l’imaginaire, que ça n’a pas d’impacte sur le réel…

    http://www.legrandsoir.info/RAPPORT-DE-CUBA-Sur-la-resolution-64-6-de-l-Assemblee-generale-des-Nations-Unies-Necessite-de-lever-le-blocus-economique.html

  7. @ Alin,

    Bien que vous dénigriez la section « Tribune libre » m’estimant « juste bon à écrire là », j’en suis personnellement fier, car les tribunes libres sont les endroits où s’expriment le mieux les plus beaux acquis de nos démocraties : les libertés d’opinion et d’expression. Pour rappel, une tribune libre est un espace offert par un média à quelqu’un pour qu’il y exprime ses idées, ses opinions, ses idéologies…

    Libre à vous de déprécier de telles valeurs, c’est d’ailleurs en cohérence avec les modèles politiques que vous défendez.

    N’ayez crainte, je ne vais pas adopter votre ton agressif qui n’a pas de raison d’être et qui n’apporte rien à vos commentaires. Si je le faisais, j’aurais l’impression de « m’enfoncer », comme vous le dites, chose bien entendu qui ne peut se produire lorsqu’on se limite à exprimer ses opinions.

    Je vous ai signalé dans un précédent commentaire que j’allais écrire un article plus développé sur ce sujet… alors, je vous prie, laissez-m’en le temps.

    Bon, après cette mise au point, je vais répondre à votre commentaire :

  8. Suite 1

    Premièrement, je n’ai jamais dit que l’embargo était imaginaire (voyez mes autres articles ou je plaide en faveur d’une levée de cet embargo, ou même celui-ci où je parle de l’impact de l’embargo sur le commerce extérieur de Cuba et non sur les Cubains… nuance).

    Pour réaliser cet article, je me suis basé sur des documents (signés par leurs auteurs, à la différence de votre document publié sur le blog du Grand Soir), mais comme je vous l’ai écrit dans mon précédent commentaire, il est certain qu’en faisant varier les sources nous trouverons autant de documents jetant la faute sur les USA que d’autres accusant Cuba ! Une simple recherche de quelques secondes sur Google, comme vous semblez l’avoir effectuée, permet de trouver des milliers d’articles allant dans un sens comme dans l’autre.

    L’histoire nous enseigne pourtant qu’à la prise du pouvoir par Fidel Castro, c’est Cuba qui n’a plus voulu commercer avec les États-Unis, préférant se tourner vers le bloc de l’Est ! Dans ces conditions, il est logique d’estimer que l’impact réel de l’embargo américain était plus symbolique que réel. La rupture du commerce avec les États-Unis avant l’embargo — et pour des raisons qu’on pourrait qualifier d’idéologiques — était donc bien plus le fait de Cuba que celui de Washington.

    Mais peut-être soutenez-vous que des bouillants révolutionnaires comme Fidel Castro ou Che Guevara rêvaient de relations commerciales avec les États-Unis (pays que d’autre part ils souhaitaient voir disparaître sous le feu atomique soviétique) ? Inutile, bien évidemment, de vous renvoyer vers les trop nombreux discours du commandant en chef des forces armées ou vers ceux de l’ancien ministre de l’Industrie qui avait pour mission d’organiser l’industrie d’État.

  9. Suite 2

    N’oubliez pas que dans l’esprit du Che, pour surmonter les relations de dépendance aux pays impérialistes, c’est-à-dire l’objectif suprême du processus de libération nationale, il était impérieux de changer le caractère des relations économiques avec le monde extérieur. Cela impliquait une restructuration profonde des économies qui jusqu’alors n’avaient pour but que de satisfaire les besoins des pays impérialistes pour les transformer en économies industrielles socialistes autosuffisantes.

    Selon le Che, l’accomplissement de l’anti-impérialisme ne pouvait s’obtenir sans une politique massive d’industrialisation socialiste, base matérielle d’une indépendance véritable, soutenue et à long terme !

    C’est dans cet esprit que c’est mis en place le modèle économique cubain, à l’écart des États-Unis, mais obligé par la suite de se rapprocher du marché soviétique.

    Si Cuba a éprouvé de réelles difficultés, c’est lors de la faillite du COMECON en 1989 (comme je vous l’ai précisé plus haut, commentaire auquel vous ne répondez d’ailleurs pas), et c’est à partir de ce moment-là que l’on a commencé à accuser l’embargo américain de tous les maux puisqu’il empêchait Cuba de remplacer les importations des produits soviétiques par ceux en provenance des États-Unis !

    C’est à partir de ce moment-là également que Cuba a renforcé ses efforts vers le reste du monde (sans négliger les États-Unis avec lesquels les relations commerciales n’ont jamais été totalement interrompues ni officiellement, ni officieusement).

    Évidemment, l’achat de biens provenant d’autres pays que du grand voisin immédiat les rend plus chers, mais à l’origine, comme nous l’avons vu, ce sont les Cubains qui ont voulu se fournir sur les marchés d’Europe de l’est !

  10. Suite 3

    Il faut également se souvenir qu’il y a déjà 10 ans le Congrès américain avait levé les restrictions concernant les aliments et les médicaments — voir CNN « [i]Senate votes to lift Cuba trade sanctions[/i] » octobre 2000 —… que maintenant des entreprises étasuniennes essayent d’empêcher certaines entreprises européennes de commercer avec l’île me paraît relever de la guerre commerciale et n’a rien à voir avec l’embargo !

    D’ailleurs, et même si les lois américaines prévoient des sanctions financières contre ces entreprises, jamais elles n’ont été appliquées… tout simplement parce que, au regard du Droit international, elles sont complètement illégales ! Alors, c’est vrai, tout le monde dénonce ces lois, car elles existent, mais comme elles semblent ne jamais avoir été appliquées, l’argument maintes fois répété par les castristes et leurs défenseurs n’en est pas un.

    Suite à cette levée partielle d’embargo, les exportations d’aliments des États-Unis vers Cuba ont doublé en 2001 (preuve que ces exportations existaient d’une manière ou d’une autre avant la levée des restrictions) et en 2006 les États-Unis sont devenus les premiers importateurs d’aliments à Cuba.

    Ainsi, on peut voir qu’avant cet assouplissement seulement 3 % du commerce américain dans le secteur de l’agro-alimentaire se faisait avec l’île (qui était alors classée 180/180 pays), qu’après 2000 Cuba était classée 138ème, 45ème en 2002 et placé 33ème en 2003 !

  11. Suite 4

    Donc, et sur ce point tous les historiens semblent d’accord, de 1963 à 1989 les effets de l’embargo américain ont été compensés par les aides soviétiques !

    Il faut aussi se rappeler que lors de la demande de levée complète de l’embargo présentée au Congrès par le sénateur Charles Rangel le 22 janvier 2007, il a bien été stipulé que : « Almost every nation has normal trade and diplomatic relations with Cuba, especially many of our allies such as Israel, Spain, China and other European nations. Instead of collapsing, the Cuban economy is growing at a rate of 8 percent a year.
    U.S. producers can reach Cuban ports in one day or less, compared to the more than 25 days it takes Brazil, whose exports to Cuba have nearly tripled since 2005, and European countries. Exports from Canada and New Zealand have each doubled. It is time we get out of our own way and boost the U.S. economy with new markets for the agricultural products we produce best. »

    Les Américains reconnaissaient donc officiellement qu’en 2005 pratiquement toutes les nations et spécialement leurs alliés comme Israël et les pays européens avaient des relations diplomatiques et commerciales normales avec Cuba. Si vous lisez les arguments en faveur de la levée de l’embargo, les sénateurs relèvent bien que celui-ci est plus dommageable pour leur commerce que pour le régime castriste qui, au lieu de s’effondrer économiquement, avait conservé un taux de croissance de 8 % !

    Trois ans plus tard, ce dernier chiffre semble devoir être revu à la baisse, et à nouveau on accuse l’embargo.

    Toujours dans ce même amendement, les sénateurs remarquaient que parmi les pays exportant des aliments vers Cuba, ceux du Brésil et d’Europe avaient triplé depuis 2005, tandis que ceux de Nouvelle-Zélande et du Canada doublaient ! Le sénateur poursuivait qu’il était nécessaire d’investir ce marché, que cela permettrait de créer 6000 nouveaux emplois aux États-Unis et que l’embargo ne faisait que favoriser les concurrents étrangers !

  12. Suite 5

    D’ailleurs, l’article que vous citez fait référence au « U.S. International Trade Commission », mais lorsque l’on consulte les archives de cette Commission on remarque qu’elle insiste surtout sur les pertes pour l’économie américaine, estimées dans les années 80 à 1,2 milliard de dollars annuel.

    Comme on le voit, les États-Unis restent dans leur optique mercantile et ne voient plus dans l’embargo qu’un marché qu’ils se ferment. Quant à Cuba, il dépense son argent en commerçant avec d’autres pays même si, comme il vous sera facile de vérifier, les États-Unis sont devenus leur premier fournisseur d’aliments (d’ailleurs, le dollar circule de nouveau à Cuba depuis quelques années il me semble).

    D’autre part, ce que vous ne semblez pas vouloir comprendre, reconnaître que la portée de l’embargo est plus symbolique que réelle est, il me semble, le meilleur argument pour demander la levée dudit embargo (je sais que je partage ce point de vue avec plusieurs dizaines de congressistes américains). En effet, pourquoi poursuivre cet embargo si les relations commerciales de Cuba avec le reste du monde sont pratiquement normales et si, comme on la vu lors de l’embargo contre l’Irak, seuls les plus faibles sont affectés et non Cuba si l’on se place d’un point de vue macroéconomique (tout simplement parce que le modèle économique cubain se place résolument à l’opposé du modèle américain).

    Prétendre le contraire, serait affirmer que le modèle cubain n’a jamais abandonné l’économie de marché propre au système dit « capitaliste ».

    Avouez que ce serait complètement antinomique et ferait preuve d’une méconnaissance flagrante de l’histoire récente. Ce serait également une insulte envers Che Guevara qui affirmait : « Toutes nos actions sont un cri de guerre contre l’impérialisme et une clameur pour l’unité des peuples contre le grand ennemi du genre humain : Les États-Unis d’Amérique. »

  13. Suite 6
    [b]
    Alors, je vous pose la question, s’il n’y avait pas eu l’embargo, croyez-vous que les aspirations du Che auraient été de normaliser les relations commerciales avec les États-Unis ?[/b]

    De plus, sans doute pour ne pas perdre la manne cubaine, en 2008 l’embargo a encore été assoupli.

    Évidemment, il est plus simple d’accuser l’embargo que de reconnaître l’échec d’un modèle économique, ambitieux certes, mais peut-être trop utopiste.

    [b]Plutôt que de s’obstiner à jeter la faute sur le capitalisme américain, ne croyez-vous pas qu’il serait plus constructif et intelligent de reconnaître l’échec et d’en chercher les causes, afin de pouvoir proposer de réelles solutions au modèle cubain qui pour l’instant n’a rien trouvé de mieux que de distiller au compte-gouttes des recettes capitalistes ?[/b]

    Les vrais révolutionnaires ne sont pas pour moi ceux qui restent sur les barricades à lancer des pierres sur le voisin, mais ceux qui analysent profondément les différents modèles et cherchent parmi toutes les solutions celles qu’il faut conserver et celles qui ne fonctionnent pas, sans jamais vouloir les classer à droite ou à gauche, mais simplement en cherchant, désespérément peut-être, un modèle permettant une croissance profitant à tous.
    [b]
    Les bonnes idées ne sont ni socialistes, ni capitalistes, elles sont tout simplement de bonnes idées ![/b]

  14. Suite 7

    L’économie cubaine à tenter d’être innovante, a voulu se démarquer de ce qui avait déjà été fait, tant à l’Est, qu’à l’Ouest et elle a obtenu de réels succès dans certains domaines… mais la politique cubaine s’égare quand elle veut museler ceux qui ont peut-être d’autres solutions, ou qu’elle gaspille son énergie à pourchasser le grand Satan à la bannière étoilée ; grand Satan qui a depuis longtemps les yeux tournés vers d’autres victimes.

    Les succès de Cuba, s’ils avaient été obtenus dans le respect des droits de l’homme, n’auraient-ils pas bénéficié d’une plus grande audience ?

    Une fois de plus, j’exprime ici une opinion personnelle et libre construite à partir d’informations qui me semblent dignes de foi.

  15. En tant que cubaine et ayant vécu plus de 37ans à mon pays je peux vous assurer monsieur que vous avez entièrement raison.Beaucoup de familles cubaines recoivent l’aide des frères cubain-américains, je vous parle des « remesas » familiales.De l’argent qui envoient des membres de la famille qui se sont établie à l’étranger, pas seulement aux États Unis, mais à l’Italie, à l’allemagne, à l’Espagne, echt.Avec cet argent certains cubains pourraient ouvrir un petit comerce ou créer une petite entreprise ou faire un petit vogage à bien d’autres pays qui ne sont pas pénalisés par l’embargo ou simplement se louer dans un hôtel de notre prope pays. Par exemple, pendant longtemps on ne pouvait pas(et encore, dans certains villes, on ne peut pas) profiter des installations touristiques à mon pays car le contrôle et la méfiance du gouvernement envers son peuple est indéscriptible.Je n’ai pas réussi à me loger dans un hôtel de mon pays( même si je travaillait au tourisme et j’avais l’argent) qu’après avoir marié un canadien. Est ce qu’une interdiction comme ça, qui va à l’encontre des libertés de citoyens est la faute du blocus ou c’est l’obstination de l’état cubain à tout centraliser.Le peuble cubain qui posséde effectivement une très bonne éducation est capable de séparer les choses.Le gouvernement cubain a une grand part de responsabilité dans la catastrophe économique qui traverse aujourd’huit Cuba.

  16. Chers amis, j’avoue ne pas avoir lu en détail tous les commentaires ni l’intégralité de la discussion houleuse entre ailin et Le candide.
    J’ai juste un mot à dire, car si je suis français je vis au Mexique depuis quelques années et je connais un peu la situation de ce pays. On peut dire qu’elle est à l’exact opposé de celle de Cuba. Le Mexique est un pays capitaliste et libéral, au moins depuis le début des années 90, où s’est amorcé pour de bon le tournant. Le Mexique est géographiquement encore plus proche des états-unis que Cuba (pas de mer entre les deux, juste un très très long mur, plus ou moins perméable selon la nature des objets ou personnes et le sens de circulation de ces derniers). L’histoire des deux pays est également très liée : les USA ont aidé Cuba à devenir indépendant à la fin du XIXème, ils ont aussi aidé de différentes manières les mouvements indépendantistes puis révolutionnaires mexicains. Deux politiques interventionistes qui ont surtout eu pour objectif de dominer les pays visés : conivence avec le régime de batista à Cuba, tentatives d’invasion et obtention de territoire au Mexique (la majeure partie des états les plus riches des états unis étaient encore mexicains il y a 150 ans). L’opposition se situe dans le régime politique : comministe et soumis à un embargo pour Cuba, le Mexique est au contraire capitaliste et libéral (en particulier depuis le début des années 90), et son économie est (entre autre) régie par un traité de libre échange avec les USA-Canada (et plus récemment avec la Chine, mais c’est une autre affaire). Il serait donc intéressant de comparer la situation réelle, de ces deux pays, c’est à dire celle de leurs populations, de la qualité de vie, de l’accès aux marchandises, à la santé à l’éducation, etc. Bref pourquoi ne pas comparer pour commencer les IDH (indice de développement humain) de ces deux pays ? Surprise : Cuba est plutôt bien placé. Pour un pays soit disant du tiers-monde, il se situe à la 52ème place sur 170 (il fait donc partie du premier tiers et non du dernier). Autre surprise : le Mexique, pays appartenant rappelons-le au G20, mais rappelons-le aussi souvent classé dans la catégorie « tiers-monde », est à seulement 2 places… derrière Cuba (54ème) !
    Voilà de quoi s’interroger un peu.

  17. (suite)
    Ce que je veux dire ici, c’est qu’il faut se poser la vraie question : les cubains ont-ils réellement quelque chose à envier aux mexicains. Serait-il bon pour Cuba d’adopter la posture d’ouverture et de participation exacerbée au jeu de la mondialisation capitalise comme le fait le Mexique ?
    Recherchez un peu pour comprendre la situation de sgens dans ces deux pays : combien de cubains peuvent acheter ce qu’ils veulent au supermarché ? (existe-t-il seulement quelque chose ressemblant à un supermarché à Cuba ?) Oui mais combien de mexicains n’ont pas les moyens d’entrer dans les supermarchés qui existent dans leur pays ? Combien de SDF à Cuba ? Combien au Mexique ? Combien de personnes sans travail au Mexique ? Combien de personnes ne pouvant pas se soigner ? Quel écart entre la personne la plus pauvre et la personne la plus riche ? Combien de mexicains vivant aussi du peu d’argent que les chicanos (mexicains expatriés aux USA) arrivent à leur envoyer ? Quel est le taux de criminalité à Cuba ? Au Mexique ? La corruption ? Cuba n’est pas une démocratie, certes, mais dans quelle mesure le Mexique en est-il une ?

    Alors surtout demandons-nous ce que les mexicains ont de plus, concrètement, que les cubains, et demandons nous si c’est vraiment cela qui garantie plus de liberté et une meilleure qualité de vie. Lorsque mon beau frère, cubain vivant en France, m’a rendu visite ici, il était bien sûr émerveillé, de voir qu’à seulement quelques centaines de kilomètres de son pays d’origine, il pouvait trouver tout ce qui existe sur terre à tous les coins de rue : saloperies made in china pour transformer les petites filles en poufiasses à la mode, écrans plats, matériel informatique, la liste est évidemment très longue. C’est donc ça que les cubains doivent envier au reste du monde ? Le consumérisme en somme. S’agît-il d’une liberté, ou d’une nouvelle forme d’esclavagisme déguisé ?
    S’agissant de l’embargo à Cuba, il existe depuis longtemps, mais la situation du pays-elle n’a pas toujours été si catastrophique. De la bouche du même beau frère (qui est très loin d’être un castriste), du temps des relations avec l’union soviétique, tout allait pour le mieux. L’embargo était déjà-là pourtant. Les problèmes réels (malnutrition en particulier, dégradation de la qualité de vie générale, problèmes de disponibilité des produits manufacturés) ont commencé après la chute du bloc de l’est. Coupé de son seul soutien, et ne pouvant se tourner franchement (malgré les ajustements et les assouplissements signalés dans les messages précédents) vers le reste du monde, c’est à partir de là que tout a commencé à aller très mal pour les cubains. Preuve donc d’une large part de responsabilité de l’embargo, il me semble.
    Quand aux restrictions des libertés individuelles, elles sont bien réelles évidemment, mais je parie que la plus grande part des prisonniers politiques de l’île se trouvent à Guantanamo et non dans les geôles castristes.

  18. (suite et fin)
    À mon avis le problème fondamental de Cuba est le suivant : le pays a peu de ressources, il doit se tourner vers l’extérieur pour se développer, chose qu’il refuse de faire pleinement car cela l’obligerait à adopter pleinement un système capitaliste qu’il rejette à juste titre (malgré tout, les cubains ont échappé à la société de consommation qui détruit à fois les mentalités et l’environnement). C’est pour ça qu’on on observe l’adoption au compte goutte de mesures capitaliste : c’est probablement plus de la prudence que de la timidité. Comment s’ouvrir sans perdre les acquis, bien réels, de la révolution, et sans sombrer dans l’inégalitarisme qui caractérise nos sociétés capitalistes ? Voilà le dilemne.
    Pour ce qui est de l’embargo, il n’est probablement pas le seul responsable, mais s’il n’est que symbolique, pourquoi tous les pays de l’ONU sauf 2 en demande la levée immédiate ?

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