Les bombes continuent d’exploser, les fusils de tirer et les corps de tomber. Bachar el Assad, le président syrien perpétue ses massacres depuis plus d’un an et semble voué à maintenir ce sombre cap. Ayant une parole aussi volatile que le vent, des promesses, il en fait et les oublie. Aurait-il un problème de mémoire ? Faudrait penser à ausculter ! Par des images de propagande, il se montre en train d’aider les rebelles, se pose comme un barrage nécessaire face aux poussées islamistes sévissant dans le pays.

 

Pendant que des manifestants se font tuer dans la rue, sa femme, Asma, fait du shopping sur internet. Des courses rendues plus difficiles car les marchés européens, en signe de protestation, ne lui permettent plus de faire des transactions en ligne. Quel courage ! Face à ce spectacle macabre et absurde, une question m’a titillé l’esprit, pourquoi le maitre de Damas, ne subit il pas le même sort que le tyran de Tripoli, Mouammar Kadhafi ?

 

Il semblerait que la cause de cette paralysie soit un blocage provoqué par un pacte sino-russe au Conseil de Sécurité de l’ONU. Alors, quels sont les intérêts qu’ont les chinois et les russes à permettre au président syrien de se maintenir à la tête du pays ? Pourquoi à chaque projet de résolution du conflit syrien, apposent-ils leur véto ? Une position qui a tout même évoluée depuis quelques semaines, il semblerait qu’ils aient accepté le plan Annan.

 

Un programme prévoyant une discussion de « bonne foi » entre les 2 parties, aussi bien du côté du président Assad que du côté des rebelles. Un texte pour qu’ils prennent conscience de la nécessité de faire les canons, que la solution se passe autour d’une table, par la parole et non pas dans la rue en se tirant dessus. Une décision collégiale où les russes ont fait pression pour que le départ de Bachar ne soit pas stipulé.

 

L’une des premières raisons de ce refus de coopérer avec les 10 autres membres du Conseil permanent ce serait la crainte que le scénario libyen se reproduise. Une peur compréhensible quand on sait les conséquences qu’il a eu à travers tout le continent africain, notamment avec des ramifications dans le récent coup d’état malien.

 

L’élément dissident dans l’affaire, c’est surtout la Russie. Depuis fort longtemps, le pays souhaite avoir un pied en Méditerranée afin de profiter des bienfaits de son vent marin. Avec la Syrie, c’est chose faite. En 1971, le père de Bachar, Hafez, lui aussi un dictateur, signe un accord avec l’Union Soviétique permettant aux forces communistes d’occuper le port de Tartous. Il est prévu dans les mois qui suivent, que le gouvernement syrien cède pleinement la zone à la Russie. Le territoire connaitrait alors des constructions importantes pour pouvoir recevoir des vaisseaux de guerre et de transport. Une base stratégique par laquelle Moscou pourrait avoir son mot à dire dans le conflit local, l’affaire palestino-israélienne.

 

Le Kremlin trouve tout intérêt à garder Bachar el Assad, en effet la Syrie achète ses armes. 7% des contrats russes sont passés avec la Syrie. D’autant plus qu’une important vente d’avions chasses doit avoir lieu dans les prochaines semaines, le tout pour une valeur avoisinant les 500 millions d’euros. Ce serait bête de perdre un si bon client.

 

Soutenir Bachar, à l’heure actuelle, c’est un peu comme renvoyer l’ascenseur. En 2008, quand en Géorgie des mouvements de violence ont éclaté mettant à mal la position russe face à la communauté internationale, el Assad a affiché une aide sans faille au président russe, Dmitri Medvedev.

 

Si la Chine suit Moscou, c’est pour préserver ses relations avec la Russie. Une union inévitable pour peser contre les pressions des américains et des européens dans la politique du monde. A voir cela, on a l’impression d’être revenu en pleine guerre froide avec une planète bipolaire. La Chine, en assistant Damas, écorne d’avantage une image déjà ternie vis-à-vis des occidentaux.

 

Toutefois, les dirigeants des deux pays réfractaires se montrent partagés entre la Morale, leur disant de mettre fin au bain de sang, et le devoir économique, diplomatique et stratégique de conserver el Assad à la tête de la Syrie. En pérennisant cette attitude insensée et critiquable, ils se rendent également coupables des tueries,  fautifs de non-assistance à peuple en danger.