Le gouvernement people actuel aime à afficher une entente cordiale, presque fraternelle, entre tous ses ministres. Une entente quelque peu bousculée actuellement…

La venue de Kadhafi en France a été plus ou moins bien acceptée. Cette visite n’a pas eu que des conséquences positives sur le gouvernement, puisqu’elle a été l’occasion d’égratigner la photo de famille élyséenne, aux faux sourires et à la complicité feinte.

Rama Yade a lancé l’offensive en critiquant vertement la visite du leader libyen à Paris. Elle n’a d’ailleurs pas hésité à dire que « notre pays n'est pas un paillasson sur lequel un dirigeant, terroriste ou non, peut venir s'essuyer les pieds du sang de ses forfaits ». Ajoutant que « la France ne doit pas recevoir ce baiser de la mort ». […/…]

La Secrétaire d’Etat aux Droits de l’Homme a ensuite tenté de se rattraper aux branches en affirmant que ce n’était pas la visite de Kadhafi en elle-même qui l’ennuyait, mais le symbole, puisque sa visite intervenait lors de la Journée Mondiale des Droits de l’Homme…

Bernard Kouchner a enfoncé le clou en affirmant soutenir sa Secrétaire d’Etat et en disant qu’il enviait parfois sa liberté de parole. Il n’a d’ailleurs pas laissé de doute quant à sa pensée profonde, lorsqu’il s’est dit « résigné » à recevoir le Colonel Kadhafi. Kouchner n’assistera pas au diner officiel ce lundi soir, confiant à France Inter que c’était un « heureux hasard » puisqu’il participait à une réunion à Bruxelles.

Le Premier Ministre a alors répliqué, de Buenos Aires où il était : « Que les donneurs de leçons tournent 7 fois leur langue dans leur bouche », officialisant ainsi le « divorce » avec ses ministres de paille (et d'ouverture).

Nicolas Sarkozy a voulu jouer à l’ouverture, mais il goûte maintenant aux conséquences de ses choix. Certes sa décision d’engager des ministres de gauche et des fortes têtes engagées socialement, avait plu à l’opinion publique, mais derrière cette façade, le Président fait face aux discours de ses nouveaux collaborateurs, discours parfois inconciliables avec sa ligne de conduite, ce qui le met dans une position délicate.

Voit-on là le vrai visage d’un gouvernement schizophrène, tiraillé entre les sujets dévoués au Président et quelques électrons libres, illusions d’ouverture, qui finissent par se retourner contre le chef d’Etat ?

L’Hydre finira t-elle par manger ses propres têtes ?…