Le 11 décembre dernier, très tôt, un directeur d’école de Woippy, commune de la banlieue de Metz, a été retrouvé poignardé dans sa voiture. La nouvelle a choqué au delà des limites de la ville. On en a même parlé même dans les journaux télévisés. L’enquête a progressé pendant la première semaine, aboutissant, d’après les quotidiens régionaux, à l’arrestation de deux suspects sérieux. Mais aujourd’hui, plus personne n’en parle alors j’ai eu l’idée de vous résumer les connaissances médiatiques de cette affaire.

Dans la nuit du mardi 10 au mercredi 11 décembre 2013 vers une heure moins le quart du matin, des agents de la police municipale de Woippy ont découvert le corps d’un homme mort dans une voiture. Il s’agissait de Chanel Mallinger, 51 ans, directeur de l’école élémentaire Paul Verlaine de Woippy. Il a été découvert dans son monospace Volkswagen Touran, côté passager, dans une position étonnante : la tête posée sur le tableau de bord devant le pare-brise et les jambes repliées dans le dos. La voiture était garée sur un parking, rue de Biche. L’homme a été blessé d’au moins 10 coups de couteau sur le flanc droit et à la tête.

 

C’est sa compagne, inquiète de ne pas le voir rentrer de son travail qui a alerté la police. Laquelle, avec l’accord du procureur de la République, a agi dans le cadre d’une disparition inquiétante.

 

Une heure plus tard, grâce à une géolocalisation du portable de la victime, le corps a été trouvé. Les enquêteur ont découvert des traces de sang sur le parking et sur le sol, le plafond et la carrosserie de la voiture. Chanel Mallinger a sans doute été jeté dans sa voiture après avoir été poignardé à l’extérieur. L’arme du crime n’a pas été retrouvée sur les lieux.

 

Le parking se trouve dans le centre de Woippy, dans le quartier calme de Woippy-village, près de l’église, du presbytère et d’une crèche, à deux kilomètres de l’école. L’établissement est classé en ZEP. Il se trouve dans le quartier Saint Eloy, l’un des quartiers sensibles de Woippy. Chanel Mallinger en était le directeur depuis septembre 2011.

 

 

C’était un homme très apprécié de ses collègues et de ses élèves. L’émotion suscitée par son assassinat a été intense. Les personnes qui l’ont connu et qui l’ont côtoyé au cours de sa carrière ont été très choquées. La victime avait auparavant travaillé à Bellecroix, un quartier de Metz, et à Behren-lès-Forbach, dans le nord-est de la Moselle. Il avait été secrétaire du syndicat des professeurs des écoles SNUipp pendant de nombreuses années. Décrit comme quelqu’un de très humain sachant faire preuve à la fois d’autorité et de diplomatie, il avait choisi de devenir le directeur de cette école classée en ZEP. C’était un homme qui aimait s’occuper des autres, se mettre au service des gens, des enfants et surtout des plus défavorisés.

 

Pendant les jours qui ont suivi son décès, de nombreuses roses et bougies ainsi que des dessins ont été déposés aux abords de l’école et des lieux du crime et ceux qui le souhaitaient, en particuliers les enfants, ont pu bénéficier de l’écoute d’une cellule psychologique.

 

Dans la soirée du 11 décembre, M. Peillon, ministre de l’éducation nationale, a réagi à l’annonce de ce meurtre. Il a exprimé ses condoléances à la famille et fait part de son soutien au personnel enseignant.

 

Une marche blanche a eu lieu dans l’après-midi du vendredi 13 dans les rues de Woippy, reliant l’école au parking. Elle a rassemblé 2000 personnes parmi lesquelles des enfants venus dire adieu à leur directeur.

 

 

De part le métier, le quartier et la sauvagerie du crime, le dossier a été qualifié de « sensible » par le procureur de la République de Metz, M. Pierre-Yves Couilleau. C’est pourquoi il a décidé l’ouverture d’une information judiciaire pour homicide volontaire et a désigné 25 enquêteurs de la PJ de Metz pour travailler sur l’enquête.

 

La nuit où le corps a été découvert, la rue de Biche a été interdite d’accès pendant plusieurs heures pour que les polices scientifique et judiciaire puissent l’examiner en détails.

 

Le soir du 11 décembre, les enquêteurs ont débuté l’enquête de voisinage et l’ont poursuivie dans la brume du lendemain matin mais l’agression n’a pas été entendue par les riverains. Ils ont appris grâce à un témoignage ultérieur que la victime avait été vue en vie pour la dernière fois vers 19h15 au volant sa voiture.

 

Ils ont également commencé une enquête sur l’emploi du temps et la personnalité de Chanel Mallinger et ont entendu sa compagne.

 

L’autopsie du corps qui a eu lieu le jeudi suivant à l’institut médico-légal de Nancy a appris aux enquêteurs que les coups reçus à la tête et sur le flanc droit étaient aussi bien du fait de l’agression en elle-même que de la volonté de se défendre de la victime. Aucun n’a été mortel, la mort est due à l’affaiblissement de la victime.

 

Pourquoi le directeur s’était-il garé sur ce parking ? Avait-il eu un rendez-vous qui avait mal tourné ? Des questions auxquelles les enquêteurs ont cherché à répondre. La sacoche, le portable et le porte-feuille de la victime ayant été retrouvés dans la voiture, le vol ne semblait pas être le motif du crime. Seule manquait sa clé de contact.

 

Les enquêteurs ont été frappé par la violence de l’agression. Autant de coups laissent penser que le meurtrier était en colère.

 

L’enquête leur a appris que la victime aurait entretenu une relation adultère avec une assistante pédagogique qui travaillait dans la même école que lui. Les enquêteurs se sont donc plutôt orienté vers la piste d’un crime passionnel. Ils ont soupçonné le mari de l’assistante pédagogique.

 

C’est le portable de ce dernier qui l’a trahi, révélant sa position à proximité des lieux du crime le soir où celui-ci a eu lieu.

 

Les enquêteurs ont également regardé les bandes des caméras de surveillance. Même si aucune des 80 caméras de la ville ne se trouve dans la rue de Biche, le mari de l’assistante pédagogique a été filmé se rendant de son immeuble rue du Fort-Gambetta au parking peu avant l’heure du crime. Âgé d’une quarantaine d’années, il n’avait jamais eu de problème avec la justice. Il a été arrêté le 16 décembre et placé en garde à vue. Les policiers ont également perquisitionné l’appartement où il vivait avec sa femme et ses deux enfants.

 

Mais les services de police soupçonnent également un autre homme : le frère du mari trompé qui l’aurait aidé à se venger. Ils l’ont placé en garde à vue le mardi 17 décembre au matin.

 

Le 18 vers 16h, le mari trompé a été présenté au juge d’instruction. Il a ensuite été mis en examen puis incarcéré. Il était alors question que le frère subisse le même sort.

 

L’affaire est donc désormais entre les mains de la justice. Il y aura probablement dans les mois à venir un procès devant la cours d’assises de Metz.