Ancien trésorier de l’UMP, ancien ministre du Budget (fonctions qu’il avait un temps cumulé), Éric Woerth a évoqué l’affaire Bettencourt pour LCI, se plaignant du fait que Martine Aubry auraient eu un comportement « odieux » ou (ici, inclusif) « ignoble » à son endroit. Ce ne sont pas les seuls car après que son Audi A3 lui ait été subtilisée (et retrouvée abandonnée le 4 mars dernier), voici que c’est son appartement de Chantilly qui vient d’être cambriolé.
Série noire pour Éric Woerth qui a certes retrouvé son Audi volée dans la nuit du 3 au 4 mars, mais dont le domicile a été cambriolé dans la nuit de samedi à dimanche dernier… tout comme l’avait été celui de Robert Peugeot en décembre 2009, cambriolage ayant occasionné la perte de lingots d’or. À l’époque, l’alors ministre du Travail, ayant quitté Bercy, reconnaissait que l’héritier Peugeot, avec lequel il dînait, avait bien été – un certain temps – en délicatesse avec le fisc, mais déclarait : « je ne suis pas responsable du cambriolage ».
On peut sans doute exclure que Robert Peugeot, qui avait été décoré par l’ancien ministre de la Légion d’honneur, ait joué les monte-en-l’air au domicile, à Chantilly, d’Éric Woerth. Lequel est quelque peu négligent puisque, un mois presque jour pour jour le vol de sa voiture, il se retrouve victime d’un cambriolage. Cela arrive à tout le monde, a-t-il confié au Parisien, se refusant à détailler ce qu’il lui avait été volé (valeurs, peut-être lingots d’or, allez savoir, documents divers… dossiers).
Discrétion, discrétion… D’ailleurs, contrairement à Guéant ou d’autres, Éric Woerth, interrogé par LCI, s’est montré fort peu prolixe sur la mise en examen pour abus de faiblesse de Nicolas Sarkozy dans l’affaire Bettencourt.
C’est un peu normal : non seulement lui reproche-t-on la vente de l’hippodrome de Compiègne, mais il est aussi mis en examen dans le cadre de cette affaire Bettencourt. Il serait donc mal venu d’aller plus loin que de résumer « il y a beaucoup de fantasmes dans cette affaire-là. Cela fait trois ans que je suis traîné dans la boue et il n’y a pas de preuve car les faits n’existent pas ». Bref, tout comme Jérôme Cahuzac, Éric Woerth s’inscrit en faux, en bloc et en détail.
Cela ne l’empêche toutefois pas de dénoncer les allégations, présupposés, &c., de l’actuel Premier ministre et de l’ancienne secrétaire du PS qui, à l’époque, se seraient montrés odieux et ignobles. Il est vrai que Martine Aubry avait estimé, odieusement, « Éric Woerth a un problème avec la vérité », ajoutant : « faut-il qu’il ait beaucoup de choses à cacher, qu’il ait beaucoup de choses à garder dans le secret ».
Les cambrioleurs ont-ils été, après coup, incités par Martine Aubry à tenter de découvrir si un magot ne se cachait pas sous le matelas d’Éric Woerth et sa compagne, ex-employée de Liliane Bettencourt ? Cette déclaration hasardeuse laissait en effet supputer – très certainement à tort – bien des choses.
Et Jean-Marc Ayrault, donc, qui estimait « nécessaire » l’audition d’Éric Woerth ? N’était-ce point pour tenter d’obtenir des éléments sur les montres et autres avoirs du maire de Chantilly ? Ce qui aurait motivé par la suite les cambrioleurs ? Les faits ont été commis samedi soir avant minuit, a confirmé le parquet de Senlis. Ce jour, lundi, le préjudice était en cours d’évaluation.
L’Audi du maire de Chantilly avait été mise en vente sur le site eBay. Là, on se demande ce que l’on va retrouver sur Le Bon Coin. Quand même pas des insignes et croix de la Légion d’honneur car, en général, les bénéficiaires doivent en faire eux-mêmes l’acquisition. Peut-être des autographes sur des reçus ? Ce ne doit pas être très facile à écouler. De même avait-on allégué sans preuve, bien sûr, qu’Éric Woerth serait intervenu dans la succession du sculpteur César. Mais on ne voit pas très bien comment fourguer des voitures compressées ou d’anciennes poutrelles de la tour Eiffel.
En tout cas, ce qui prouve bien que Florence et Éric Woerth n’ont absolument rien à cacher, c’est qu’on rentre chez eux un peu comme dans un moulin : deux cambriolages en un tout petit peu moins d’un mois, cela se voit surtout au septième étage des immeubles parisiens, dans d’ex-chambres de bonnes.
Ce qui n’était pas tout à fait le cas, début décembre 2012, du domicile de l’ancien ministre de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres, mis en examen un an plus tôt dans le cadre de l’affaire de Karachi. Lui aussi avait été cambriolé.
On se souvient aussi de quelques cambriolages ayant défrayé la chronique (celui de l’appartement de Ségolène Royal, du local de campagne de Dominique de Villepin, ou de journalistes de Mediapart, du Monde, du Point… sans parler de celui ayant visé Jérôme Cahuzac) dont celui dont fut victime Laurent Solly, ancien chef de cabinet de Nicolas Sarkozy (en novembre 2011), aussi une nuit du samedi au dimanche. Laurent Solly avait été aussi entendu à l’été 2010 dans le cadre de l’affaire Bettencourt.
Bref, comme le déclare le maire de Chantilly, cela arrive à tout le monde. À qui le tour ?
En tout cas, les 12 policiers municipaux de Chantilly vont peut-être réclamer des renforts, de même que ceux du « poste permanent à cheval » (trois gardes républicains et trois gendarmes montés) et le programme de vidéoprotection (18 caméras envisagées) sera éventuellement accéléré. Pour le moment, c’était plutôt le radar de contrôle automatisé de franchissement des feux rouges qui avait été privilégié et la verbalisation électronique des automobilistes contrevenants. Des priorités municipales à revoir, peut-être ?
On se souvient que Raymond-la-Science et la Bande à Bonnot s’en étaient pris à la Société générale de Chantilly (devenue Maison de la Presse depuis) en mars 1912. Serait-ce à présent la Bande à Ayrault qui aurait fait le coup ? 😉
[b]D’un côté comme de l’autre dans notre ripoublique il ne faut s’étonner de rien [/b] 😉