Dans le bassin minier de Gafsa, dans le Sud-Ouest tunisien, de nombreuses manifestations et rassemblements ouvriers se déroulent depuis le début de l’année.

Dans cette région d’exploitation du phosphate, outre la pauvreté et la pollution liée aux activités d’extraction et traitement, une situation de chômage profond règne qui a conduit de nombreux jeunes, dépendant de l’unique employeur de la région, la Compagnie des Phosphates de Gafsa (CPG), à ces mouvements de protestation.

Le 6 mai, l’une de ces manifestations regroupait des jeunes chômeurs qui protestaient contre les résultats pour le moins peu transparents du concours d’entrée à la CPG, qui s’était, en janvier dernier, engagée à recruter des jeunes chômeurs. Un groupe avait décidé d’occuper le générateur électrique -hors tension – alimentant les ateliers de l’entreprise. Une brigade de police, armée de gaz lacrymogènes, ayant entrepris de faire évacuer le générateur, le courant s’est trouvé rétabli et plusieurs jeunes manifestants ont été électrocutés. L’un d’entre eux, 26 ans, a été tué. Un autre, 21 ans, est plongé dans le coma. Les secours ne seraient intervenus que plusieurs heures après l’accident.

À la suite de cela, en guise de protestation, de nombreux habitants de la ville voisine de Redeyef ont décidé de quitter leurs maisons, pour protester contre l’omniprésence, depuis des semaines, des forces policières, l’usage fréquent des lacrymogènes et la menace permanente de répression. Puis, à l’appel des militants syndicaux, les habitants sont revenus reprendre les démonstrations des «  jeunes des tentes ». Le ras-le-bol se traduit en effet, dans plusieurs autres villes du bassin, par des sit-in sous des tentes, devant les bâtiments officiels, où se sont installés des jeunes chômeurs et des veuves d’anciens travailleurs victimes d’accidents du travail à la CPG.

Pour l’instant, la direction de l’usine dit avoir commencé à embaucher quelques enfants de salariés. Mais elle se sent totalement soutenue par les autorités locales qui non seulement font la sourde oreille aux revendications de la population, mais apportent leur aide à cette occupation policière qui pèse au quotidien sur les familles ouvrières.

Comme on peut le constater, « 1’espace des libertés progresse » en Tunisie, ainsi que le déclarait Sarkozy, il y a deux semaines, lors de sa visite au dictateur Ben Ali.

Viviane LAFONT Lutte Ouvrière n°2076 du 16 mai 2008

Dans le bassin minier de Gafsa, dans le Sud-Ouest tunisien, de nombreuses manifestations et rassemblements ouvriers se déroulent depuis le début de l’année.

Dans cette région d’exploitation du phosphate, outre la pauvreté et la pollution liée aux activités d’extraction et traitement, une situation de chômage profond règne qui a conduit de nombreux jeunes, dépendant de l’unique employeur de la région, la Compagnie des Phosphates de Gafsa (CPG), à ces mouvements de protestation.

Le 6 mai, l’une de ces manifestations regroupait des jeunes chômeurs qui protestaient contre les résultats pour le moins peu transparents du concours d’entrée à la CPG, qui s’était, en janvier dernier, engagée à recruter des jeunes chômeurs. Un groupe avait décidé d’occuper le générateur électrique -hors tension – alimentant les ateliers de l’entreprise. Une brigade de police, armée de gaz lacrymogènes, ayant entrepris de faire évacuer le générateur, le courant s’est trouvé rétabli et plusieurs jeunes manifestants ont été électrocutés. L’un d’entre eux, 26 ans, a été tué. Un autre, 21 ans, est plongé dans le coma. Les secours ne seraient intervenus que plusieurs heures après l’accident.

À la suite de cela, en guise de protestation, de nombreux habitants de la ville voisine de Redeyef ont décidé de quitter leurs maisons, pour protester contre l’omniprésence, depuis des semaines, des forces policières, l’usage fréquent des lacrymogènes et la menace permanente de répression. Puis, à l’appel des militants syndicaux, les habitants sont revenus reprendre les démonstrations des «  jeunes des tentes ». Le ras-le-bol se traduit en effet, dans plusieurs autres villes du bassin, par des sit-in sous des tentes, devant les bâtiments officiels, où se sont installés des jeunes chômeurs et des veuves d’anciens travailleurs victimes d’accidents du travail à la CPG.

Pour l’instant, la direction de l’usine dit avoir commencé à embaucher quelques enfants de salariés. Mais elle se sent totalement soutenue par les autorités locales qui non seulement font la sourde oreille aux revendications de la population, mais apportent leur aide à cette occupation policière qui pèse au quotidien sur les familles ouvrières.

Comme on peut le constater, « 1’espace des libertés progresse » en Tunisie, ainsi que le déclarait Sarkozy, il y a deux semaines, lors de sa visite au dictateur Ben Ali.

Viviane LAFONT Lutte Ouvrière n°2076 du 16 mai 2008

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