Nul n’ignore la croissance extraordinaire qu’a connue la chirurgie esthétique ces dernières années. Mais ce développement ne s’est pas déroulé sans donner lieu à un certain nombre de dérives, dues pour une large part à un défaut de réglementation de la profession. Jusqu’en 2002, en effet, à peu près n’importe qui pouvait s’autoproclamer chirurgien esthétique, avec des conséquences parfois dramatiques pour les patients.
C’est ce que nous rappelle à propos le cas du docteur Maure, qui vient d’être condamné par la Cour d’appel d’Aix-en-Provence à quatre ans de prison, dont un avec sursis. Cette condamnation en appel fait suite à la plainte déposée par 96 patients, principalement des femmes, pour « tromperie aggravée et mise en danger de la vie d’autrui », entre autres chefs d’accusation. Au passage, le docteur Maure s’est vu également infliger une amende de 75 000 euros, assortie de l’interdiction d’exercer désormais la médecine.
Simple médecin généraliste à l’origine, Michel Maure se présentait lui-même comme « l’un des plus grands chirurgiens esthétiques du monde ». Dans sa clinique de Marseille, il pratiquait pas moins de 300 interventions par an, selon ses propres dires. Proposant des prix particulièrement attractifs à ses clientes, qu’il recrutait en partie par le biais d’internet, il les attirait également par des offres séduisantes comme la pose d’une prothèse mammaire sous anesthésie locale en moins de deux heures.
Mais si le pseudo-chirurgien esthétique pouvait pratiquer des prix aussi bas, c’est que ses interventions chirurgicales se faisaient en dehors de toutes les règles d’hygiène et de sécurité admises. Le bloc opératoire, par exemple, présentait des traces de rouille, ses murs étaient sales et la peinture du plafond s’écaillait. D’autre part, ces opérations avaient lieu sans la présence d’un anesthésiste, car en dehors du docteur Maure lui-même, tout le personnel de la clinique se ramenait en tout et pour tout à une standardiste, une réceptionniste, ainsi qu’une aide-soignante jouant le rôle d’infirmière.
Enfin, il était courant dans cette étonnante clinique de laisser repartir les patientes chez elles, juste après leur opération, avec des plaies suppurantes ou saignantes… Rien de surprenant dans ces conditions à ce que bon nombre d’opérations se soient soldées par des conséquences plus ou moins graves, voire invalidantes, pour les infortunées patientes du docteur Maure, telles que douleurs, infections, cicatrices horribles, etc.
Mais en dépit de ces fautes graves, loin de faire profil bas, le médecin aussi incompétent qu’indélicat n’avait pas hésité lors du premier procès à traiter de grande actrice une victime se plaignant de douleurs atroces et de voleuses d’autres plaignantes qui avaient eu l’audace de faire opposition à leur chèque après leur opération ! Comme quoi, si la course à la beauté et à l'éternelle jeunesse peut aveugler au point de faire perdre tout sens critique et toute prudence à quelques-unes, l'appât exagéré du gain réussit bien souvent, quant à lui, à étouffer tout sens moral et toute décence dans la conscience de certains autres.
J’ai vu plusieurs émissions sur Michel Maure.
j’ai l’impression que son aventure a montré les failles ou les manques du système français.
Jamais Michel Maure n’aurait du pouvoir continuer comme cela.
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