"François Hollande a déclaré que le meilleur moyen pour les parlementaires socialistes de montrer le refus de la ratification par voie parlementaire du traité de Lisbonne, ce serait de boycotter le congrès à Versailles. Foutage de gueule!" : alors que démarre aujourd'hui à l'Assemblée nationale le processus qui va conduire à la convocation du Congrès en vue de modifier la constitution puis de ratifier le traité de Lisbonne, au prix d'un scandaleux viol de la démocratie, le socialiste Jean-Luc Mélenchon met les points sur les i. "Les fidèles du présidents Sarkozy et ses supplétifs veulent faire croire que le vote du congrès du parlement est «plié d’avance», expose-t-il. Il n’en est rien. C’est seulement le boycott et les votes socialistes complices qui garantissent à Sarkozy de pouvoir faire passer la réforme de la Constitution française qui rend possible ensuite la ratification du traité par la voie parlementaire simple."

Le sénateur de l'Essonne fait oeuvre de pédagogue en expliquant de façon limpide le processus : "Pour réformer la Constitution française il faut une majorité de 3/5èmes des membres du Congrès du parlement. A l’inverse pour bloquer la révision il suffit de 2/5èmes des voix. Seuls comptent les suffrages exprimés. (…) la minorité des 2/5èmes qui suffit à bloquer Sarkozy est de 363 voix. La totalité des parlementaires de gauche, socialistes, communistes, MDC, Verts est de 355 voix. Il nous manque donc 8 voix. Encore il manque 8 voix si tous les parlementaires de droite sont présents et votent et si tous les souverainistes, tous les non inscrits et tous les centristes (de toutes les chapelles) votent avec l’UMP". Autrement dit, si les socialistes veulent vraiment un référendum, il faut qu'ils votent "non" et boycotter le vote revient au contraire à permettre la ratification parlementaire : tartuffes ! "De tout cela, chiffre en main, on peut tirer la conclusion que la partie est très serrée pour Nicolas Sarkozy et que sa seule marge de sécurité ne peut lui venir que des parlementaires socialistes qui accepteraient la félonie de lui donner un coup de main". Félonie ? Le mot est fort, mais Mélenchon argumente : "François Hollande ce matin annonce que la « décision » de boycott est celle qui lui parait la plus cohérente pour affirmer la position du PS en faveur du référendum. Tel quel. Un foutage de gueule gros comme un éléphant. Bien sûr, c’est totalement faux et manipulatoire, tout le monde le sait parmi ceux qui l’écoutent, lui aussi. Mais tout le calcul des «ouiouistes» dogmatiques est que l’opinion s’y perde, que l’embrouille soit totale et que le rideau de fumée permette de ne pas être pris la main dans le sac d’un déni de démocratie et d’une forfaiture sans précédent dans l’histoire du Parti depuis les promesses mensongères de Guy Mollet à propos de la guerre d’Algérie."

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