Iran, Irak, nos aveuglements

Saddam Hussein a été, dès son putsch, l’un de nos amis – bien que nous sachions avec quelle cruauté il se débarrassait de ses rivaux, et tout de ses crimes.

Il était aussi l’un de nos clients, un client qui s’inscrivait naturellement dans la vaste fresque de la politique arabe de la France, sans que nous soyons trop regardants, avec les autres occidentaux, sur la nature du régime. Saddam Hussein a ainsi reçu, et non seulement de la France, les armements nécessaires qui lui permirent, dans un premier temps, de mettre les provinces irakiennes au pas, puis, ceci étant fait, d’entreprendre de redessiner la carte régionale en voulant y jouer le premier rôle au détriment de l’Iran, qui avait montré aussi quelques velléités en ce sens avant la révolution qui chassa le Shah du pouvoir et mit fin à une dynastie dont nous feignions de croire qu’elle remontait à Darius et que nous avions également armé avec le même zèle, pendant deux décennies, en assurant notamment la formation de ses généraux et techniciens.

Les chocs pétroliers avaient fait de ces deux pays sous-développés des clients pour lesquels nous avions toutes les attentions, en ayant le réflexe de fermer les yeux sur la nature de leurs régimes. Puis nous retirâmes notre soutien à cette monarchie iranienne, notre amie la plus fidèle dans la région, découvrant subitement un régime corrompu et une dictature non fréquentable, alors qu’il n’y avait, tout autour, que des royautés, émirats et républiques islamiques tout aussi corrompus, des régimes tout aussi policiers et dictatoriaux, dont l’Irak.

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