Espionnage : l’incroyable histoire du maître-espion soviétique qui infiltra la CIA

Karel Köcher fut l'un des espions les plus doués de sa génération. Ce Tchèque d'origine est recruté par le KGB alors qu'il avait 20 ans. A 31 ans, en 1965, il s'exile aux Etats-Unis avec sa femme et demande l'asile politique. Son but ? S'inscrire en doctorat à l'Université Columbia et y briller, afin d'approcher les hautes sphères du gouvernement américain. Il devient très vite le protégé de Zbigniew Brzezinski, futur conseiller à la sécurité nationale du Président Carter. Mais Köcher a un autre objectif : être engagé à la CIA . Ses origines et son titre universitaire en font une recrue idéale. Il devient chef d'antenne de la CIA à Prague. Pendant des années, il feint de superviser les affaires américaines au sein du Pacte de Varsovie alors que, parallèlement, il recueille des informations sur les opérations spéciales de la CIA et les fait suivre au KGB. Finalement arrêté, Köcher est remis aux Russes par les Etats-Unis en échange de la libération de Nathan Sharansky.


Pourquoi avoir intégré les services secrets tchécoslovaques ? Par conviction idéologique ? Pour l’argent ? Parce que vous vouliez quitter la Tchécoslovaquie ?

« Pour l’argent absolument pas. Les services tchécoslovaques se comportaient généreusement avec les agents étrangers mais on ne pouvait pas en dire autant de leurs propres agents, surtout avec les ‘illégaux’, les agents non protégés par l’immunité diplomatique. C’était même le contraire. Cela s’expliquait par le fait que l’argent dont l’origine n’était pas absolument transparente pouvait provoquer des soupçons, voire des conséquences catastrophiques pour l’agent illégal. Conformément à ce système, j’ai été envoyé en mission aux Etats-Unis, littéralement sans un seul dollar. A Prague ils m’ont dit : ‘A toi de te débrouiller une fois que tu seras clandestin’. »

« Pour ce qui est de mes motifs, oui, je voulais m’en aller, pas seulement quitter la Tchécoslovaquie, mais m’en aller tout simplement. Le vaste monde m’attirait et le rideau de fer était… de fer. »

Vous aviez une trentaine d’années à l’époque

« Oui. Au début des années 1960, certains staliniens qui occupaient les positions importantes au sein de la police secrète me persécutaient, me prenaient pour un révolté dangereux, pour un terroriste même. C’était tellement brutal que je me suis dit que j’allais finir par être arrêté. Nous avons essayé de quitter le pays mais ça n’a pas marché. C’est comme ça que j’ai eu l’idée d’essayer de susciter l’intérêt des services secrets extérieurs, avec le plan d’être envoyé à l’Ouest et de demander l’asile une fois sorti du pays. Mais, comme souvent dans la vie, tout s’est développé autrement. Je suis réellement parvenu à attirer l’attention des services, mais, à ma grande surprise, je me suis aperçu qu’un nombre important de personnes appartenant aux services secrets extérieurs partageaient mon esprit de résistance à l’oppression politique. En même temps, j’ai remarqué que plusieurs d’entre eux profitaient de leur adhésion aux services secrets pour influencer le développement politique dans le sens de la démocratisation du système. »

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