L’emploi pour les jeunes, le chômage pour les autres

 Il y a quelques jours, j’ai croisé dans la rue un vieux copain que je n’ai pas vu depuis au moins deux ans. A dire vrai, c’est lui qui m’a vu et est venu à ma rencontre.

Au début, je ne l’ai franchement pas reconnu. Et pour cause: il était très mal habillé et avait une barbe de plusieurs jours. Il a fallu qu’il me dise son nom et prénom pour que je le prenne vraiment au sérieux !

C’est que cet ancien collègue de travail accordait la plus grande importance à son aspect extérieur. Toujours rasé de près, il faisait tout pour rester propre et chic du matin au soir.

"Mais qu’est ce qui t’est arrivé ?" Telle fut la première question qui m’est venue à l’esprit en voyant mon vieil ami dans cet état. Mais il ne m’a pas laissé le temps de la lui poser. "Je sais ce que tu vas me dire. J’ai changé, je sais, mais je n’ai rien décidé", me lance-t-il les larmes aux yeux. Naturellement, je le prends dans mes bras et le serre très fort contre moi pour le consoler un tant soit peu. Bouleversé, je suis resté un bon moment sans mot dire.

Avec l’énergie du désespoir, S. m’explique qu’il a perdu son emploi il y a un an et demi.

"Depuis, je n’ai plus travaillé. J’ai envoyé des centaines de candidatures spontanées et répondu à des dizaines et des dizaines d’annonces de recrutement, mais sans résultat. Au mieux, on me convoque à un entretien d’embauche pour me signifier que mon profil ne correspond pas."

Mon ami a toujours travaillé dans  la communication. Comme il peinait à trouver un job dans ce secteur, il s’est tourné vers l’administratif. "L’essentiel pour moi était de sortir du chômage", me fait-il remarquer.

Malheureusement pour lui, aucun employeur n’a voulu lui donner une chance. "J’ai fini par sombrer", me balance-t-il d’une voix à peine audible. "On préfère prendre les jeunes car ils ne coûtent pas grand-chose contrairement à des personnes comme moi", conclut-il lucidement.