L’ile de la tentation : Des salariés !

Antony, Marie et Arno étaient des candidats de la célèbre émission de télé-réalité, intitulée l'Ile de la Tentation (2). Il y a quelques années, ils avaient porté plainte au Conseil des Prud'hommes contre Glem, filiale de TF1, productrice de l'émission ; ils réclamaient un contrat de travail, en remplacement du "règlement de participant" qui encadrait leur participation au programme dans lequel de nombreuses contraintes leur étaient imposées : rester en permanence sur le lieu de tournage (une "île paradisiaque"), répondre aux régulières interviews, participer aux multiples activités…

Le 30 novembre 2005, le jugement fut rendu : "un travail" avait bien été accompli, la requalification du contrat eut lieu.

Cependant, Glem sortit mécontent. L'appel fut interjeté : "Le concept de l'émission (…) n'induit que le divertissement, exclusif de tout travail manuel, artistique ou intellectuel". En contrepartie, les participants ne doivent qu'"accepter d'être filmés dans les moments ludiques, répondre aux interviews (…) et respecter les rituels de l'émission". Ils doivent "simplement rester eux-mêmes".

Ce à quoi la 18ème chambre sociale de la Cour d'Appel de Paris a Mardi soir rétorqué : "l'immixtion de caméras dans la vie privée, même consentie, ne relève pas d'un simple divertissement […] l'exécution d'un travail subordonné est donc caractérisée" d'autant plus que "la disponibilité permanente des participants" est requise. Le Code de Travail devait s'appliquer.

Glem en est donc ressortie plus affaiblie : une nouvelle condamnation pour "travail dissimulé" s'est ajoutée à la requalification du contrat obtenue en première instance, et la société devra verser à chacun de ses anciens employés 8.176 euros au titre des heures supplémentaires, 817 euros au titre des congés payés, 500 euros de dommages et intérêts pour licenciement irrégulier, 1.500 euros pour rupture abusive de contrat et 16.000 euros d'indemnité pour travail dissimulé !

Une réclamation des trois compères n'a toutefois pas été acceptée : "Le fait d'être filmé, même au cours de relations cadrées, n'implique pas une activité d'artiste-interprète". Non mais ! Un peu d'humilité !