Liban : le parlement réussira-t-il le tour de force d’élire un président dans les délais ?

Le temps presse ; le mandat de Michel Sleiman arrive bientôt à expiration. La lourde tâche de l’élection de son successeur incombe au parlement : la majorité de deux tiers requise pour désigner le candidat de prédilection fait de ce scrutin un véritable exploit surtout quand on est dans la dèche : la candidature de Samir Geagea à elle seule suffit pour en témoigner. 

Figure de proue des Forces libanaises, du Courant du Futur, Samir Geagea, abusivement affublé du titre de "hakim", (docteur), pour son très bref passage sur les bancs de la faculté de médecine, affronte son électorat sans ciller, malgré un parcours scabreux ponctué d’un nombre incalculable de démêlés avec la justice : on lui doit d’ailleurs à cet égard la paternité de quelques assassinats politiques phares datant de la période de la guerre, jusqu’à ce qu’écroué en 1996, il fut mis hors d’état de nuire. A son actif des peines de mort commuées en peine de prison à vie, avant un retour en force à la politique à la faveur d’une certaine amnistie. 

Convaincu que son passage par la case prison lui a valu l’expiation de ses "erreurs", l’opportuniste a surjoué la carte du repentir, présentant à l’occasion un mea culpa public. Si l’opération séduction de cet ex noyau pur et dur des Phalanges a réussi à le rabibocher avec certains, la majorité de ses détracteurs ne l’entendent pas de cette oreille ; ils vont jusqu’à qualifier de "farce" cette participation aux allures plutôt incongrues. 

Lors de la première séance parlementaire, les députés sont sortis bredouilles, comme l’on pouvait s’y attendre ;  faute de quorum la séance a été levée : Geagea a quand même atteint le nirvana avec ses 48 voix inespérées perdues dans un océan de 52 votes blancs ;  au passage, il a dû essuyer quelques humiliations au cours du dépouillement de sept bulletins, lesquels égrenaient les noms de ses anciennes victimes. C’est dire si le climat qui règne au sein de l’hémicycle est au beau fixe ! 

Aujourd’hui aura lieu le deuxième tour de l’élection présidentielle. D’après les pronostics de divers experts, le scénario ne devrait pas trop varier  et sont prévus au menu :  votes blancs, abstentions, défauts de quorum.  Faute de pouvoir imposer son candidat, on est parti pour un lancer de peaux de banane entre Blocs politiques pendant un bon moment. Le nom du futur président n’est pas près d’être connu dans les prochains jours. Une période de vacance de la présidence de la République est inéluctable. Rien de nouveau sous le soleil. Le cabinet de Tammam Salam pondu in extremis après presque un an d’atermoiements saura prendre la relève. 

Le choix du président étant indexé sur l’évolution des rapports de forces dans le conflit syrien, la précipitation n’est pas bonne conseillère, chuchote-ton. Entre temps s’intensifient les conciliabules entre CPL, Courant du Futur, comme entre les acteurs régionaux, internationaux, pour décider du nom du candidat le plus approprié à la situation :" le président de l’entente", un certain Michel Aoun, faute de mieux… 

En attendant tous les voyants sont au rouge ; le peuple, n’étant pas directement convié à participer à cette élection, trouve diversion ailleurs : depuis l’annonce des fiançailles de Georges Clooney avec  Amal ALameddine, les Libanais se passionnent surtout pour ce sujet, faisant des articles traitant de cette histoire dans l’OLJ leurs favoris. Loin devant tous les autres…