Divorce sans consentement mutuel – Conséquences et raisons d’une défaite électorale annoncée

Divorce Sans Consentement Mutuel – Ou le Roman de trois gifles électorales annoncées

Conséquences et raisons

d'une défaite électorale annoncée

 

 

La messe est dite… il s'agit bien de la répétition de l'histoire de l'arroseur arrosé : le scénario du 21 avril 2002 vient de se reproduire, et, ce, d'une manière flagrante. Affaibli, mais disposant toujours d'une majorité absolue à l'Assemblée nationale et au Sénat, le Chef de l'Etat devra tirer les conséquences de ce désastre électoral : il en sera de même pour son Premier ministre, sévèrement battu sur ses propres terres par Ségolène Royal[1], qui gagne la tête de la Région Poitou-Charentes !

 

De là à s'imaginer que ce Gouvernement de ‘' mission'' aurait totalement oublié que  Jacques Chirac a été réélu le 5 mai 2002 à la tête de notre Pays, non pas par un vote en faveur du Candidat Chirac, mais par un plébiscite populaire destiné à battre le Candidat Le Pen, il n'y a qu'un pas que nous serions tentés de franchir…

 

  Tel l' « électron libre de la vie politique française », le Front National, qui culmine à près de 17 % des voix au soir du Premier tour des Régionales « 2004 », se retrouve  en position d'arbitre. De ce fait, il pourra se maintenir au second tour de ce scrutin dans dix-sept régions sur vingt deux de manière à provoquer des élections triangulaires, ce qui permettra,  à la Gauche d'obtenir, au soir du second tour de ces Régionales, la direction de 21 régions sur 22… Du jamais vu dans les annales électorales !

 

Le « bon » peuple, qui est très souvent issu de ‘'la France d'en bas''[2] a  tranché dans le vif en sanctionnant le Gouvernement Raffarin II : il a amorcé un virage significatif, mais, à cette différence près, par rapport au soir du 21 avril 2002, que le désastre électoral a été infligé cette fois-ci à l'U.M.P. et à l'U.D.F. Il démontre ainsi, son ‘'éternelle'' insatisfaction, se dirigeant, comme toujours, de gauche à droite, puis de droite à gauche selon ses humeurs ou ses colères du moment !

 

Pourtant, l'enjeu de ce scrutin était bel et bien local et régional. Il n'empêche qu'au cours d'un débat télévisé organisé le soir du second tour de ces Régionales, Jacques Barrot, Président du Groupe U.M.P. à l'Assemblée nationale[1] qui contredit ce 


[1]Ségolène Royal est l'a compagne de François Hollande, Secrétaire Général du P.S. et Député Maire de Tulle.

[2]Terme, qui à notre sens, est péjoratif…et insultant...

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raisonnement, affirmait publiquement : « On doit tirer, de ces élections locales, des conséquences nationales ».

 

Nous serions en droit de nous demander si certaines réformes ne devraient pas être entreprises de manière à répondre à l'impatience  grandissante des Français ? Comme on le voit, le scénario se répète : les Français, qui, cette fois-ci, ont choisi de ne plus opter pour l'abstention[2], ont clairement fait comprendre au Gouvernement qu'ils étaient toujours dans l'attente de réponses aux questions qu'ils avaient posées. Alors que la campagne des Elections européennes en était à ses débuts, d'aucuns osèrent suggérer que : « c'est parce que le Gouvernement Raffarin "entrevoit" les réformes, au lieu de les "entreprendre" qu'il perdra le pouvoir aux prochaines législatives »…

 

 

 


[1]Jacques Barrot a été nommé Commissaire européen en remplacement de Michel Barnier devenu Ministre des Affaires étrangères.

[2]L'abstention a nettement reculé, puisqu'elle est tombée à 37,62 %

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Que va faire le Gouvernement Raffarin III ?

 

 

Après la très lourde défaite subie par la Droite, les dossiers brûlants comme le changement de statut d'E.D.F./G.D.F., le règlement du changement de statut des Intermittents du Spectacle, la réforme de la Branche ‘'Maladie'' de la Sécurité sociale…, attendent le Gouvernement Raffarin III issu des Régionales "2004"...

 

La réforme de la Branche « Maladie »" de la Sécurité sociale s'avère urgente à mettre en place…  Pour Philippe Douste-Blazy, Ministre de la Santé, qui l'estime à « 14 milliards d'Euros cette année, contre 11 à 12 prévus jusqu'ici ! », « son déficit se creuse encore plus vite que prévu »[1]… De là à s'inquiéter, il n'y a qu'un pas que beaucoup n'osent franchir ! Philippe Douste-Blazy va devoir jouer serré pour présenter sa grande réforme mi-juin, d'autant plus que, selon « Libé »[2] « Nicolas Sarkozy est hostile à une éventuelle augmentation de la C.S.G. ». Le Ministre de l'Economie et des Finances est partisan de la prise en charge des dettes de la Sécurité sociale par la Caisse d'amortissement de la Dette sociale (C.A.D.E.S.)[3], ce qui, selon son analyse donnée à Hervé Nathan pour « Libé »[4], « prolongerait la vie de la Caisse jusqu'en 2025 au lieu de 2014 ».

 

  C'est dire les inquiétudes des militants socialistes et de Claude Evin, l'ancien Ministre de la Santé, qui somme le Gouvernement de « dire clairement le plus vite possible quelles sont les grandes lignes de ses orientations »

Cette réforme est la pilule amère de trop ! Ne serait-il pas possible, une bonne fois pour toute, d'expliquer, de négocier, de trouver des points d'entente ? Pourtant, tout, dans cette réforme, n'est pas à rejeter !!!! Le dossier partagé[5], la carte vitale munie d'une photo… semblent en être les éléments les plus sérieux et crédibles…

Les déficits publics se creusent de plus en plus, qui vont devoir être comblés par des contributions.

A la veille du scrutin des Régionales « 2004 », on ne pouvait que constater que le retour à la croissance si désiré par le Gouvernement Raffarin
 

[1]Cité par "Libé", dans son Edition du 26 avril 2004.

[2]Dans son Edition du 26 avril 2004.

[3]Organisme créé par Alain Juppé en 1996.

[4]Dans son Edition du 26 avril 2004.

[5]Ce dossier partagé, sensé éviter les examens inutiles, puisque tout serait informatisé, ne pourra être consulté que par le malade et que par ses médecins, aussi bien à l'Hôpital qu'en cabinet privé.

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II n'était pas au rendez-vous, comme l'annonçait déjà « Libé »[1]. « Il semble que le Gouvernement de ‘'mission'' voulu par Jean-Pierre Raffarin n'a pas réussi dans sa mission : les déficits publics représentent 4,1 % du P.I.B., ce qui est un record d'Europe, alors que la dette atteint 63 % de la richesse nationale », écrit  « Libé ». « Les prélèvements obligatoires sont passés de 43,8 % à 43,9 % du P.I.B…., si baisse de l'impôt sur le revenu il y a, on pourrait constater une augmentation notable des impôts locaux[2] ; l'on pourrait voir, à ce constat, le transfert des compétences dévolues à l'Etat vers les régions » continue ce quotidien parisien.

 

Qui plus est, « Le Parisien Libéré »[3], qui rappelait qu' « 1.500.000 emplois ont été supprimés en à peine vingt ans dans l'Industrie », inquiétait ses lecteurs en estimant que « les délocalisations vont toucher le secteur des services ». « Les centres d'appels, les entreprises informatiques, alléchés par des coûts de production largement inférieurs quittent le Territoire », continue ce quotidien national d'un ton volontairement alarmiste. C'est dire si des régions entières sont concernées… « A terme, Nicolas Sarkozy, Ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie, va devoir annoncer des mesures concrètes », prévoyait « Le Parisien Libéré »[4], en se demandant : « Peut-on vraiment empêcher ces départs ? ».

Dès son arrivée à la tête du Ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie, Nicolas Sarkozy, qui veut inciter « les Français à consommer plus », entame un plan de gel budgétaire dont les ministères font les frais ! Sont

touchés : la Cohésion sociale, l'Equipement, l'Education nationale, l'Intérieur…

Eric Woerth, Secrétaire d'Etat à la Réforme de l'Etat[5], annonce au « Parisien Libéré »[6], « la suppression de 350 commissions administratives, tant au niveau national que local », insiste sur « la récupération, au total, l'équivalent de 3000 à 3500 emplois plein temps de fonctionnaires ».

Le 29 avril 2004, au cours d'une conférence de presse, la première depuis six ans[7], le Président Jacques Chirac en vient même à parler de « la continuité de la baisse de l'Impôt sur le revenu conditionnée par la maîtrise des finances de la France et par la vigueur de la reprise »[8]. Interrogé par

[1]Dans son Edition du 10 mars 2004

[2]Selon Didier Migaud, Député P.S., cité par « Libé » dans son Edition du 10 mars 2004, « 10 % de foyers aisés captent 70 % de la baisse de l'impôt sur le revenu ainsi que des allègements fiscaux ciblés sur l'I.S.F. et les niches fiscales ».

 

[3]Dans son Edition du 30 avril 2004

[4]Dans son Edition du 30 avril 2004.

[5]Successeur d'Henri Plagnol à la tête de ce ministère.

[6]Dans son Edition du 3 mai 2004.

[7]Plus de 200 journalistes ont assisté à cette conférence de presse, qui s'est tenue au Palais de l'Elysée.

[8]« Le Parisien Libéré », Edition du 30 avril 2004

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Jean-Marc Plantade pour « Le Parisien »[1], un ‘'vieil habitué'' du Ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie, va, en commentant les propos du Chef de l'Etat, estimer que « c'est un enterrement de première classe de la promesse de baisse de 33 % de l'impôt sur le revenu sur la vie de cette législature ».Pour lui, « Le Président de la République a fini par se faire une raison compte tenu de la situation financière et des engagements européens de la France : il était   impossible mathématiquement de rabaisser cet impôt, et ce au moins jusqu'en 2006 ».

Pour confirmer l'annonce de ces prévisions pessimistes, l'affaire des ‘'recalculés'' de l'U.N.E.D.I.C. refait surface, dès le lendemain du résultat définitif de ces  Régionales « 2004 » et bien avant la Conférence de presse du  Président Chirac. A terme, elle suppose que le Gouvernement va devoir agir ! Selon les associations de chômeurs, « 2053 chômeurs recalculés ont déposé plainte auprès de 76 tribunaux administratifs, d'Instance, de Grande instance ». Alors que le Gouvernement se retrouve malmené par le désastreux résultat des Elections régionales « 2004 », des tribunaux, dont celui de Marseille, viennent de donner raison à 37 chômeurs, pour qui les indemnités non perçues représentent 280.000 Euros. Cela semble être une victoire, dans la mesure où, dans de nombreuses villes de l'Hexagone, d'autres tribunaux pourraient très bien prononcer les mêmes jugements en faveur des chômeurs,  même si l'A.S.S.E.D.I.C. a l'intention d'interjeter appel…

 

   A  terme, selon « Libé »[2], « le Gouvernement risque de devoir  sortir de son rôle de spectateur »… Interrogé par François Wenz-Dumas pour « Libé »[3], François Chéreque, Secrétaire Général de la C.F.D.T., qui se veut alarmiste à dessein, prévient : « si la décision du tribunal de Marseille était confortée par d'autres jugements, le déficit de l'assurance chômage se creuserait de plus de 2 milliards d'Euros supplémentaires. Or, il sera supérieur à 7 milliards d'Euros à la fin de l'année ». « Si l'U.N.E.D.I.C. ne peut plus payer et que l'on ne parvient pas à un accord avec le Medef, c'est évidemment l'Etat qui décidera à la place des partenaires sociaux », estime-t-il sceptique.

Les prévisions de « Libé » se sont avérées exactes puisque le Gouvernement a tranché dans le sens voulu par les chômeurs ‘'recalculés'' : le 4 mai 2004 au soir, leurs droits[4] étaient rétablis par Jean-Louis Borloo, Ministre de l'Emploi, du Travail et de la Cohésion sociale[5]… Le 11 mai 2004, le Conseil 

[1]Dans son Edition du 30 avril 2004.

[2]Dans son Edition du 16 avril 2004.

[3]Dans son Edition du 16 avril 2004.

[4]Perdus le 1er janvier 2004 conformément à la nouvelle convention signée le 20 décembre 2002.

[5]Cette convention, de ce fait, vient d'être supprimée par le Gouvernement.

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d'Etat, emboîtant le pas au Ministre, vient de déclarer « la nouvelle convention signée le 20 décembre 2002 totalement illégale », alors que les tribunaux parisiens donnaient raison à 23 chômeurs en condamnant « l'U.N.E.D.I.C. à leur verser à chacun les 7 mois qui leur étaient dus et à les rétablir immédiatement dans leurs  droits perdus ».

L'autre sujet qui fâche est la privatisation d'E.D.F./G.D.F.Nicolas Sarkozy qui affiche une volonté sans faille, les électriciens et les gaziers multiplient des actions ‘'musclées'' en procédant à des coupures sauvages Face à  des grèves[1], dont la dernière en date a paralysé le trafic ferroviaire à la Gare Saint Lazare… Pourtant, le Ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie a donné toutes les garanties à ces employés… En vain, semble-t-il.

C'est à se demander quand les syndicats accepteront-ils de négocier au lieu de s'en prendre toujours aux mêmes victimes, qui, elles, ne sont pas concernées par ces problèmes : les usagers ?

 

 


[1]Notamment chez des personnalités politiques françaises. : les maisons d'Alain Juppé, d'Ernest Antoine Sellière et de certains députés U.D.F. et U.M.P. auraient été visitées par ces électriciens qui auraient démonté les compteurs électriques…