Shoah : Sarkozy explique son « cadeau »

Alors que l'histoire de la déportation durant la Seconde Guerre mondiale fait d'ores et déjà largement partie de l'enseignement français, étant approfondie durant les cours d'Histoire au collège et au lycée, mais aussi en classe d'Allemand, de Français, parfois même en primaire, durant les leçons de musique, etc, l'instituteur jouissant d'une liberté assez conséquente, la nouvelle idée de notre Président qui se prend une nouvelle fois pour le roi du pays est pour le moins stupéfiante.

"L'initiation des enfants au drame de la Shoah en leur confiant la mémoire d'un des 11.000 enfants victimes de cette tragédie". Des enfants de CM2. Soit d'une dizaine d'années.

Révélée hier lors du dîner du Crif, cette sublime intention a aujourd'hui été défendue avec vigueur par le Président, en déplacement à Périgueux.

Sa présentation dans le cadre d'une réintégration de "l'enseignement moral et civique" à l'école primaire, a permis à Nicolas Sarkozy de renouer avec ses méthodes de campagne qui fonctionnèrent si bien naguère. Ainsi, le candidat devenu Président s'est escrimé à ressasser ces enivrantes vérités : "L'hymne national ne se siffle pas. Le drapeau pour lequel nos anciens sont morts… et bien on se lève"[…] l'affirmation des valeurs morales, l'énonciation de règles de comportements applicables à tous, sont une absolue nécessité".

Puis Superman a poursuivi sa diatribe : "A un enfant on doit lui dire la vérité. On ne doit pas lui cacher la vérité". Et pour ceux qui, curieusement, ne seraient toujours pas convaincus : "Si vous ne leur parlez pas de ce drame-là, alors ne vous étonnez pas que ça se reproduise. C'est l'ignorance qui fait la reproduction de situations abominables, pas la connaissance. Faites de nos enfants des enfants aux yeux ouverts, sans complaisance".

Méfiez-vous donc, si "ça" se reproduisait, ce serait de votre faute ! Alors, motus et bouche cousue ! Obéissez sans broncher ! Et pour vous rassurer, sachez qu' "on ne traumatise pas les enfants en leur faisant ce cadeau de la mémoire d'un pays (…) ça c'est une conviction (comme) Guy Môquet c'était une conviction" […] on n'est pas traumatisé quand on voit un bel exemple de ce qu'était un jeune Français courageux".

Argument supplémentaire : "On fait un grand tumulte là-dessus et on n'en fait pas sur parfois ce que voient comme films nos enfants, sur ce qu'on leur laisse d'images violentes, dégradantes et gratuites". Ah bon.

Et puis, l'intention de notre dévoué Président n'est pas de faire "de la peine" à vos petits enfants, elle est de les "tirer vers le haut". C'est le cas de le dire…