Le bois, contre la faim…

Amis gastronomes, fins gourmets, gros mangeurs, ou grignoteurs invétérés, accrochez-vous ! Des chercheurs américains de l’état de Virginie sont en train de plancher sur la sécurité alimentaire de notre planète, et cela ne va pas vous laisser de marbre…  

Avez-vous déjà mangé du bois ? Non ? Même pour rire ? Bah, peut-être qu’à l’horizon 2050, votre réponse aura changé.  Vous êtes scié ? Tout cela est pourtant très sérieux…

Ose, ose, la cellulose…  Parce que c’est bien d’elle dont il s’agit ! La « chair » du bois. Celle que l’on transforme déjà en pâte à papier ou en composé chimique pour certains textiles, comme la viscose.

Les chercheurs se sont posé cette question : « Comment recréer de l’amidon, présent tout naturellement dans le pain, les féculents, ou les pommes de terre ? » Sachant que la bien nommée cellulose et l’amidon ont ceci en commun : Ces sont des assemblages de molécules de glucose. Vous me suivez ? Un tour de passe-passe, un ré-assemblage de cellules, et hop, l’une devient l’autre…  Manipulation ? Oui, mais quand même…

Grâce à un cocktail d’enzymes, les scientifiques ont transformé la cellulose en…….. Non, pas en patate ni en grains de riz ! Mais en une poudre insipide (un peu sucrée quand même, une fois bien mâchée…) proche de l’amidon. Un début, quoi ! Le début de la fin ? La fin de la faim ? Que dire ?

On nous rassure : Seul un tiers de la cellulose pourrait investir nos écuelles ! Le reste, transformé en glucose, servirait à la fabrication de plastique.  Ah, notre moral remonte en flèche et nous voilà réconciliés avec notre bien-aimée fourchette !

L’auteur de l’étude, lui, se réjouit à l’idée qu’avec 100 milliards de tonnes de cellulose annuels, nous pourrions faire naitre 4,5 milliards de tonnes d’amidon. Soit près de deux fois la production annuelle mondiale de céréales…   Après des « ajustements », la rentabilité serait là…

Oui, les neuf milliards d’humains qui se bousculeront sur la terre en 2050 n’ont point de soucis à se faire. Il y aura moins d’arbres, moins d’ombre, mais les hommes pourront s’exposer au soleil, en bouffant un truc dégueulasse. Y’avait déjà le Coca… Mais c’est vrai que le Coca, ça se boit, et ça ne nourrit pas son homme…

Il parait que durant des temps guerriers, le pain était composé en partie de sciure de bois…  En partie, seulement, et c’était tout provisoire…

Le bois, c’est bien, mais qu’en est-il de nos intestins ? Et des 2 kilogrammes de bactéries qui y vivent et qui nous sont indispensables ? Notre flore intestinale fraternisera t-elle avec ce « régime totalitaire» ? Pouvons-nous nous comparer à des termites ?…

Pourquoi ne pas plutôt, découvrir ou redécouvrir des plantes ou des racines comestibles ? 

N’oublions pas que pendant des siècles, il y eut des famines car les gens ne savaient pas qu’ils pouvaient manger ce qui poussait à leurs pieds…

Messieurs les chercheurs, tout bois n’est pas bon à faire flèche…