Syrie, géopolitique, Alep,

après le départ des militaires celui du premier ministre.

 

 

Bien que les armées de Bachar el Assad reprennent la main dans les villes de Damas et d’Alep dans un déluge de feu sur les révoltés syriens, les militaires fuient ce régime baassiste d’un président alaouite, mais aussi dernièrement le premier ministre Riad Farid Hijab d’une famille sunnite nommé le 06 juin 2012 dans un rééquilibrage politique. La population est à majorité sunnite à 56% et alaouite à 20 %. Dans ce contexte les principaux postes sont tenus par les membres du parti baas qui comprenait deux branches au congrès du 7 avril 1947 à Damas, la branche alaouite de Zaki al Arzouzi nationaliste socialiste, et sunnite de Salah al-Din al-Bitar socialiste dans une idéologie panarabe. Le parti baas devint le seul parti légal en Syrie en 1963. A la suite du coup d’État militaire de la junte mené par Salah Jedid chef du gouvernement Syrien de 1966 à 1970 d’obédience pro-soviétique, qui l’emporta sur l’aile plus modérée, le parti baas Syrien se sépara en deux factions, la faction «progressiste», menée par Nureddin Atassi président de la Syrie de 1966 à 1970, qui accordait la priorité à la réforme économique néo-marxiste, et le groupe «nationaliste», mené par le Général Hafez-el-Assad qui prit le pouvoir et devint président. Il arrêta d’ailleurs Salad Jedid. Son régime fut autoritaire par un contrôle de la vie politique Syrienne, et devint un acteur majeur dans le Moyen-Orient. Il décéda en 2000, laissant à son fils Bachar el-Assad le poste de président.

 

Le parti baas actuel incarné par Bachard el-Assad abandonna l’idéologie originelle, mais maintint une conception autoritaire et socialiste de l’État. Ce qui pourrait justifier le soutien inconditionnel de la Russie et de la Chine.

 

Début juillet 2012 le Général Manaf Tlass, confident de Bachard el-Assad, ils ont fréquenté ensemble l’école militaire, membre du comité central du parti baas, contrarié par la répression violente sur les manifestants tomba en disgrâce, bien qu’il fut l’ami de Bassel el-Assad l’autre fils de Hafez Al-Assad et héritier du pouvoir jusqu’à sa mort en voiture, fit défection et se présenta à la troisième réunion des Amis du peuple Syrien qui se tint à Paris. Le 11 juillet 2012, l’ambassadeur de Syrie en Irak Naouaf Fares fit également défection ainsi que 18 généraux et de nombreux officiers et soldats de l’armée Syrienne qui abandonnèrent le régime se réfugiant en Turquie avec leurs familles.

 

Il est évident que se prépare dans l’ombre la prise en main d’un nouveau pouvoir politique en Syrie. La bataille d’Alep en est le fer de lance. D’ailleurs le premier ministre Riad Farid Hijab qui rejoignit le 6 août la Jordanie sous escorte des révoltés syriens montre bien la nécessité de préparer l’après Bachar el-Assad. Il déclara dans un communiqué lu à la télévision Al-Jazira du Qatar par son porte-parole, qu’il se ralliait à la «révolution», «j’annonce aujourd’hui que j’abandonne ce régime terroriste et criminel et que je rejoins les rangs de la révolution pour la liberté et la dignité. J’annonce aujourd’hui que je suis un soldat de la sainte révolution».

 

Le conflit apparaît donc religieux entre communautés chiite de sunnite, les alaouis sont de confession chiite. Cette sanglante répression en Syrie a une conséquence sur ses voisins dont la Turquie. L’avion de reconnaissance Turc abattu le 22 juin par la défense anti-aérienne Syrienne n’a pas arrangé les choses. Ce fait fit ressortir de vives critiques d’une partie de l’opposition Turque dans un conflit de religion entre majorité sunnite et minorité alevie seconde obédience Turque dont la sympathie va vers les alaouites Syriens. Le soutien des Turcs au Conseil national syrien principale organisation de l’opposition Syrienne à l’étranger dans laquelle les Frères musulmans sont prédominants fait craindre que le critère religieux ne soit un élément de politique étrangère du gouvernement Erdoğan, d’après Bayam Balci du CERI sciences-po. Pour Bayam Balci la question qui se pose est-ce que Recep Tayyip Erdoğan ne serait-il pas le promoteur d’un nouveau pouvoir politique, sunnite, à Damas ? Cette réflexion rejoint bien mon propos exprimé ci-dessus.

 

Les alévis et alaouites dont le président Bachar el-Assad ont en commun d’avoir été toujours persécutés à travers le temps par les sunnites. Cela expliquerait leur attachement et leur fidélité à tout ce qui s’oppose au pouvoir sunnite. Les sunnites majoritaires en Syrie en auraient assez d’être sous la coupe d’un président alaouite. Dans ce contexte c’est toute la région turquo-syrienne qui se trouverait en état de conflit.

 

Beaucoup s’interrogent sur les répercussions que pourrait avoir le conflit Syrien en Turquie en cas d’intervention étrangère impliquant la Turquie, alévis et alaouites seront-ils solidaires du régime alaouite de Bachar El-Assad par crainte de l’oppression d’un pouvoir sunnite ?

 

La bataille d’Alep poumon économique du pays se présente être un enjeu crucial pour Bachar el-Assad. C’est dans une stratégie géopolitique que cette ville est convoitée par les rebelles. Cette ville compte 2,5 millions d’habitants dans laquelle Bachar el-Assad compte de nombreux alliés parmi les hommes d’affaire pour financer une partie de son effort de guerre. Pour les rebelles cette ville du nord de la Syrie ouvre la possibilité de créer une zone sécurisée proche de la Turquie. En la prenant ils pourront s’organiser à en faire un bastion pour l’approvisionnement en armes au travers de la Turquie avec l’appui des Turcs tout en soignant leurs blessés, mais aussi priver Bachar el-Assad d’un soutien financier important.

 

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Document AFP

 

C’est la raison pour laquelle l’armée Syrienne vient de lancer le 08 août une offensive terrestre qui a pénétré avec des chars et des véhicules blindés dans le quartier rebelle de Salaheddine, théâtre des plus féroces combats depuis le 20 juillet. Sur cette vidéo on peut voir la ville d’Alep bombardée

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Cette offensive intervient au lendemain de la promesse du président Bachar al-Assad de «purger» les pays des «terroristes». Selon l’AFP une source de sécurité à Damas, «l’armée avance pour couper Salaheddine en deux. La reprise du quartier va prendre peu de temps, même s’il restera quelques poches de résistance», a-t-elle prédit. «Les forces du régime ont avancé du côté de la rue al-Malaab avec des chars et des blindés et des combats féroces se déroulent actuellement dans cette zone». «Il s’agit des combats les plus féroces autour du quartier et dans certaines rues de Salaheddine», depuis le début des affrontements entre rebelles et forces gouvernementales à Alep le 20 juillet, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, OSDH. L’armée a acheminé 20.000 hommes pour mener une bataille cruciale pour le régime confronté à une révolte depuis seize mois et qui s’est militarisée au fil du temps face à la répression brutale. Ce n’est plus une révolte mais une guerre civile.

 

Dans ce contexte très incertain, Sarkozy est sorti de son silence pour réclamer une action internationale. Il appelle à une action rapide de la communauté internationale pour éviter des massacres, assimilant le problème Syrien à celui de la Libye. Manifestement c’est une attaque contre Français Hollande quand il déclare, «on m’a critiqué sur la Libye, mais moi, au moins, j’ai agi. Il faut être plus ferme contre le régime de Damas, beaucoup plus ferme». Son coté va en guerre reprend le dessus en oubliant au passage que la Syrie n’est pas la Libye.

 

En fait Hollande n’a pas de remords envers Kadhafi et Bachar, il ne les a jamais reçus avec le tapis rouge à Paris.

 

La réponse est venue de Laurent Fabius, «on attendait autre choses de la part d’un ancien président». Sur le fond, la situation de la Syrie est très différente de celle de la Libye. «D’un point de vue géostratégique puisque la Syrie est entourée, comme chacun devrait le savoir, de l’Irak, du Liban, avec les conséquences sur Israël, de la Turquie et de la Jordanie», explique t-il. D’autre part, «les situations militaires ne sont pas du tout les mêmes, la Syrie dispose de stocks d’armes importants, notamment chimiques».

 

En fait Sarkozy a besoin d’exister et pour cela, il n’hésiterait pas à entrer en guerre contre la Syrie oubliant ce que nous coûte l’aventure inutile de l’Afghanistan.