Les salariés de Florange ne croient pas aux annonces de Sarkozy

Les salariés de Florange ne croient pas aux annonces de Sarkozy, lit-on en titre sous le site http://www.boursier.com/actualites/economie/les-salaries-de-florange-ne-croient-pas-aux-annonces-de-sarkozy-13608.html

 

Cette affaire ayant été traitée par JP Visée sous ce site (voir http://www.come4news.com/les-hauts-fourneaux-redemarrent-promesse-ou-realite-890128), on ne va donc pas y revenir.

 

En revanche, l’article d’Eric intitulé "Arcelor-Mittal: Un euro symbolique pour 700 suppressions d’emplois", et publié le 13 janvier 2008 (voir http://www.come4news.com/arceelor-mittal-un-euro-symbolique-pour-700-suppressions-demplois-530242.html) est riche d’enseignement sur la stratégie du groupe Arcelor Mittal, premier producteur mondial de l’acier et propriétaire de l’unité de Florenge.

 

Mais écoutons Eric, qui écrit ceci, en cours d’article :

Devenu la vitrine sociale du groupe indien, c’est le site de Gandrange qui fut même mis en avant notamment en 2006, lorsqu’il fallut convaincre à l’heure d’englober Arcelor et rassurer sur le maintien des emplois.

 

Et ce même Eric de citer, à la phrase suivante, Lakshmi Mittal en personne, fondateur et président actuel du groupe Arcelor-Mittal. 

 

"L’Europe a les pieds pris dans sa tradition industrielle et encore aujourd’hui, bien peu de groupes européens sont des leaders mondiaux. Cette transaction va changer les choses. Une entreprise européenne va devenir le numéro un indiscutable de l’acier", affirme avec conviction Lakshmi Mittal en avril 2006 à … Gandrange.

 

Un tel propos est bien évidemment un euphémisme. Il n’est qu’à regarder, en effet, comment Lakshmi Mittal  fit sa fortune dans la sidérurgie, ce domaine qu’il connaît d’ailleurs depuis qu’il est né, puisque son père avait une entreprise sidérurgique à Calcutta.

 

C’est ainsi que toute la stratégie de Mittal, pour permettre à l’entreprise familiale de grandir et de devenir, avec le temps, le premier groupe du monde, consista à créer tout un réseau d’influences, dans les milieux d’affaires, qui permettra à cet homme d’affaire entepreneur de s’entourer, un peu partout, d’avocats, de banquiers, et de politiciens, et ce toujours avec le même objectif : acheter, dans le domaine de la sidérurgie,  et sur les cinq continents, des entreprises en état de quasi faillite et contrôlées, sur le plan de l’actionnariat, aussi bien par des privés que par des organismes d’Etat, afin de les restructurer en mettant au rebut les activités non rentables, ce qui permettra à ces entreprises de redémarrer sur un mode plus mineur, et à leur cours boursier de grandir à nouveau.

 

Et grâce aux plus-values boursières ainsi réalisées, notre homme d’affaires indien va recommencer ailleurs le même procédé qui consiste à acheter et à restructurer d’autres entreprises en état de quasi faillite. Et si, comme ce fut le cas avec Acelor, l’entreprise est lui aussi un conglomérat très puissant dans le domaine de la sidérurgie, il va effectuer une OPA dont on peut d’ailleurs lire toute la procédure en détail dans une étude intitulée "OPA de Mittal sur Arcelor" et réalisée par des étudiants de l’Ecole de Guerre Economique (voir site www.ege.fr) et qui fut publiée en août 2006 dans la revue Sentinel (voir site www.infosentinel.com).

 

Or, il ressort de cette étude que la structure de l’actionnariat du groupe Acelor était très ouverte, contrairement à une structure du groupe Mittal qui n’a jamais cessé d’être familiale.

Et pour les mêmes raisons, certains pays européens sont devenus de véritables passoires sur le plan de la défense de leur patrimoine industriel. D’abord parce que des propriétaires d’entreprise, tous nationaux au départ, ont vendu leurs entreprises au plus offrant. Et ensuite parce qu’ils les ont vendues à des hommes d’affaires ou à des sociétés venues de l’étranger, lesquelles vont intégrer les  unités nouvellement acquises,  au sein d’une stratégie mondiale dans laquelle l’Europe jouera de plus en plus, à l’avenir, un rôle mineur.

 

C’est ainsi que, pour en revenir à la sidérurgie qui fait l’objet de cet article, ce qui intéressa le président du groupe Arcelor Mittal, au moment de son OPA sur Arcelor, ce n’est pas tant les unités européennes en soi, de la sidérurgie, que le fait de pouvoir contrôler, au fur et à mesure des acquisitions nouvelles, toute la production mondiale de l’acier, et de faire, en tant que monopole dans ce secteur, des bénéfices partout où la demande de  l’acier augmente (elle qui se manifeste surtout, à l’heure actuelle, dans des pays comme la Chine ou l’Inde). 

 

Or, face une telle stratégie, qui repose sur la réduction maximale des coûts directs de production à l’échelle mondiale, les travailleurs de Gandrange, de Florange ou d’ailleurs sont complètement dépourvus. Et ils le sont car avant même de s’implanter en France, le groupe fondé par Lakshmi Mittal va s’assurer de la participation des dirigeants du pays (étant bien entendu qu’ils ne vont pas s’adresser aux syndicats des travailleurs – sinon pour les appâter avec un programme mirobolant – , puisque le capitalisme mondial repose, en son expression néolibérale, sur leur suppression).

 

Mais le problème n’est pas là. Il est dans la mentalité de ceux qui, au sein du monde politique (tous pays confondus), ont permis au néolibéralisme – symbolisé, à l’échelle mondiale, par les sociétés multinationales – de se développer (elles qui, ont, dans leurs conseils d’administration, des hommes d’affaires, des industriels, des politiciens, des avocats, mais aucun ouvrier).

 

Si donc le chômage augmente, dans certains pays d’Europe, ce n’est pas seulement parce que le  travail y a cessé d’être rentable, mais parce que des groupes s’y sont implantés qui ont, en matière de politique industrielle, une stratégie mondiale.

 

Celle-ci s’exerçant également dans le monde de la finance, pour s’agrandir le groupe va faire des OPA sur d’autres groupes , et, une fois l’OPA réalisée, il mettra au rancart, dans le domaine industriel, tout le superflu, en dégraissant, au sein des entreprises nouvellement acquises, tout ce qui peut l’être.

 

Et parce que l’avenir du groupe dépend également des innovations, une part des bénéfices du groupe sera consacrée à la recherche et au développement (que ce soit au sein de l’entreprise, ou en externe, par le développement de centres de recherche).

 

Quant la fiscalité payée par le groupe, elle sera minimale puisque le siège du groupe se situera, la plupart du temps, dans un paradis fiscal (comme d’ailleurs le siège de certains partis politiques qui, toutes couleurs politiques et pays confondus, ont leur caisse noire dans ces paradis).