Les salariés de Florange ne croient pas aux annonces de Sarkozy

Les salariés de Florange ne croient pas aux annonces de Sarkozy, lit-on en titre sous le site http://www.boursier.com/actualites/economie/les-salaries-de-florange-ne-croient-pas-aux-annonces-de-sarkozy-13608.html

 

Cette affaire ayant été traitée par JP Visée sous ce site (voir http://www.come4news.com/les-hauts-fourneaux-redemarrent-promesse-ou-realite-890128), on ne va donc pas y revenir.

 

En revanche, l’article d’Eric intitulé "Arcelor-Mittal: Un euro symbolique pour 700 suppressions d’emplois", et publié le 13 janvier 2008 (voir http://www.come4news.com/arceelor-mittal-un-euro-symbolique-pour-700-suppressions-demplois-530242.html) est riche d’enseignement sur la stratégie du groupe Arcelor Mittal, premier producteur mondial de l’acier et propriétaire de l’unité de Florenge.

 

Mais écoutons Eric, qui écrit ceci, en cours d’article :

Devenu la vitrine sociale du groupe indien, c’est le site de Gandrange qui fut même mis en avant notamment en 2006, lorsqu’il fallut convaincre à l’heure d’englober Arcelor et rassurer sur le maintien des emplois.

 

Et ce même Eric de citer, à la phrase suivante, Lakshmi Mittal en personne, fondateur et président actuel du groupe Arcelor-Mittal. 

 

"L’Europe a les pieds pris dans sa tradition industrielle et encore aujourd’hui, bien peu de groupes européens sont des leaders mondiaux. Cette transaction va changer les choses. Une entreprise européenne va devenir le numéro un indiscutable de l’acier", affirme avec conviction Lakshmi Mittal en avril 2006 à … Gandrange.

 

Un tel propos est bien évidemment un euphémisme. Il n’est qu’à regarder, en effet, comment Lakshmi Mittal  fit sa fortune dans la sidérurgie, ce domaine qu’il connaît d’ailleurs depuis qu’il est né, puisque son père avait une entreprise sidérurgique à Calcutta.

 

C’est ainsi que toute la stratégie de Mittal, pour permettre à l’entreprise familiale de grandir et de devenir, avec le temps, le premier groupe du monde, consista à créer tout un réseau d’influences, dans les milieux d’affaires, qui permettra à cet homme d’affaire entepreneur de s’entourer, un peu partout, d’avocats, de banquiers, et de politiciens, et ce toujours avec le même objectif : acheter, dans le domaine de la sidérurgie,  et sur les cinq continents, des entreprises en état de quasi faillite et contrôlées, sur le plan de l’actionnariat, aussi bien par des privés que par des organismes d’Etat, afin de les restructurer en mettant au rebut les activités non rentables, ce qui permettra à ces entreprises de redémarrer sur un mode plus mineur, et à leur cours boursier de grandir à nouveau.

 

Et grâce aux plus-values boursières ainsi réalisées, notre homme d’affaires indien va recommencer ailleurs le même procédé qui consiste à acheter et à restructurer d’autres entreprises en état de quasi faillite. Et si, comme ce fut le cas avec Acelor, l’entreprise est lui aussi un conglomérat très puissant dans le domaine de la sidérurgie, il va effectuer une OPA dont on peut d’ailleurs lire toute la procédure en détail dans une étude intitulée "OPA de Mittal sur Arcelor" et réalisée par des étudiants de l’Ecole de Guerre Economique (voir site www.ege.fr) et qui fut publiée en août 2006 dans la revue Sentinel (voir site www.infosentinel.com).

 

Or, il ressort de cette étude que la structure de l’actionnariat du groupe Acelor était très ouverte, contrairement à une structure du groupe Mittal qui n’a jamais cessé d’être familiale.

Et pour les mêmes raisons, certains pays européens sont devenus de véritables passoires sur le plan de la défense de leur patrimoine industriel. D’abord parce que des propriétaires d’entreprise, tous nationaux au départ, ont vendu leurs entreprises au plus offrant. Et ensuite parce qu’ils les ont vendues à des hommes d’affaires ou à des sociétés venues de l’étranger, lesquelles vont intégrer les  unités nouvellement acquises,  au sein d’une stratégie mondiale dans laquelle l’Europe jouera de plus en plus, à l’avenir, un rôle mineur.

 

C’est ainsi que, pour en revenir à la sidérurgie qui fait l’objet de cet article, ce qui intéressa le président du groupe Arcelor Mittal, au moment de son OPA sur Arcelor, ce n’est pas tant les unités européennes en soi, de la sidérurgie, que le fait de pouvoir contrôler, au fur et à mesure des acquisitions nouvelles, toute la production mondiale de l’acier, et de faire, en tant que monopole dans ce secteur, des bénéfices partout où la demande de  l’acier augmente (elle qui se manifeste surtout, à l’heure actuelle, dans des pays comme la Chine ou l’Inde). 

 

Or, face une telle stratégie, qui repose sur la réduction maximale des coûts directs de production à l’échelle mondiale, les travailleurs de Gandrange, de Florange ou d’ailleurs sont complètement dépourvus. Et ils le sont car avant même de s’implanter en France, le groupe fondé par Lakshmi Mittal va s’assurer de la participation des dirigeants du pays (étant bien entendu qu’ils ne vont pas s’adresser aux syndicats des travailleurs – sinon pour les appâter avec un programme mirobolant – , puisque le capitalisme mondial repose, en son expression néolibérale, sur leur suppression).

 

Mais le problème n’est pas là. Il est dans la mentalité de ceux qui, au sein du monde politique (tous pays confondus), ont permis au néolibéralisme – symbolisé, à l’échelle mondiale, par les sociétés multinationales – de se développer (elles qui, ont, dans leurs conseils d’administration, des hommes d’affaires, des industriels, des politiciens, des avocats, mais aucun ouvrier).

 

Si donc le chômage augmente, dans certains pays d’Europe, ce n’est pas seulement parce que le  travail y a cessé d’être rentable, mais parce que des groupes s’y sont implantés qui ont, en matière de politique industrielle, une stratégie mondiale.

 

Celle-ci s’exerçant également dans le monde de la finance, pour s’agrandir le groupe va faire des OPA sur d’autres groupes , et, une fois l’OPA réalisée, il mettra au rancart, dans le domaine industriel, tout le superflu, en dégraissant, au sein des entreprises nouvellement acquises, tout ce qui peut l’être.

 

Et parce que l’avenir du groupe dépend également des innovations, une part des bénéfices du groupe sera consacrée à la recherche et au développement (que ce soit au sein de l’entreprise, ou en externe, par le développement de centres de recherche).

 

Quant la fiscalité payée par le groupe, elle sera minimale puisque le siège du groupe se situera, la plupart du temps, dans un paradis fiscal (comme d’ailleurs le siège de certains partis politiques qui, toutes couleurs politiques et pays confondus, ont leur caisse noire dans ces paradis).

  

73 réflexions sur « Les salariés de Florange ne croient pas aux annonces de Sarkozy »

  1. C’est en étudiant le passé qu’on comprend le futur.

    Fort de ce dicton, on lira avec profit, à propos de l’évolution de la sidérurgie en Lorraine, le blog d’Aurélie Filippetti lu sous le site

    http://aureliefilippetti.eu/index.php?tag/Arcelor Mittal

    A lire tout particulièrement :

    jeudi 1 mars 2012 : Sarkozy et Florange : un nouvel écran de fumée
    vendredi 24 février 2012 : François Hollande à Florange en soutien aux salariés d’ArcelorMittal

    mercredi 2 avril 2008 : L’interview d’Aurélie Filippetti au journal luxembourgeois « L’essentiel ».

    L’essentiel: Pourquoi voulez-vous interpeller Jean-Claude Juncker pour ArcelorMittal Gandrange?

    Aurélie Filippetti: Parce que Jean-Claude Juncker, fils de sidérurgiste, peut être un atout de poids et parce qu’il faut un regard transfrontalier sur la sidérurgie. Face à certains comportements de grandes multinationales, il faut une réponse collective, une réponse européenne. Nous ne devons pas accepter la mise en concurrence de sites, de régions et de pays. Sinon, nous nous condamnons à aller d’une délocalisation à une autre. Je suis une Européenne convaincue comme Jean-Claude Juncker dont la voix porte en Europe. Tous ensemble, nous pouvons avoir plus de poids devant les multinationales.

    Est-ce que ce n’est pas un combat perdu d’avance?

    Certainement pas car l’Union européenne dispose de moyens de pression, ne serait-ce qu’avec les quotas de CO2. ArcelorMittal en a besoin pour rouvrir le haut-fourneau n°6 à Liège après avoir fait une sorte de chantage au CO2 en Lorraine il y a quelques temps. Nous pouvons aussi exiger le remboursement des nombreuses subventions touchées étatiques pendant des années. Nous avons le droit de demander des comptes de ce qu’ils font d’un héritage industriel auxquels les efforts des ouvriers et de leurs familles ont très largement contribué. On ne peut pas prendre des décisions aussi brutales sans aucune concertation avec les autorités politiques.

    (suite)

  2. En quoi la décision d’ArcelorMittal de supprimer 595 emplois à Gandrange vous scandalise-t-elle?

    Parce que la direction n’a même pas étudié le contre-rapport élaboré par un cabinet indépendant à la demande des syndicats et de la présidence de la république. Nicolas Sarkozy avait beaucoup promis le 4 février, il n’a pas beaucoup agi! Les experts du cabinet Syndex, ont rendu un rapport remarquable et édifiant qui montre les erreurs de Mittal dans la gestion erratique des ressources humaines dans l’entreprise, l’absence de gestion prévisionnelle des nombreux départs en retraite, l’absence de formation des salariés, la perte de savoir-faire consécutive aux départs liés au dispositif de la loi Fillon 2003. Aucun processus de transmission de savoir-faire entre ceux qui partent et les nouveaux arrivants n’était prévu en interne. Le rapport pointe aussi l’absence cruelle d’investissements dans l’outil de production, qui a été tout juste entretenu pendant des années et qui nécessite maintenant une quarantaine de millions d’euros d’investissements. Ce chiffre est à mettre en regard des 55 millions que coûtera à Mittal la fermeture du site, et surtout des 7,5 milliards de bénéfices réalisés par la multinationale en 2007.

    Vous en avez gros sur le cœur?

    Oui. Alors que l’acier est aujourd’hui l’industrie au monde la plus rentable, il ne peut y avoir aucun justificatif économique à la fermeture de Gandrange. Alors que l’acier est l’industrie la plus rentable au monde aujourd’hui, que jamais ses prix et la demande n’ont été aussi élevés, ArcelorMittal reproduit les comportements les plus aberrants et les plus ignominieux des anciens maîtres des forges des années 70, lorsque la sidérurgie était en crise.

    Que voudriez-vous dire à Lakshmi Mittal si vous l’aviez en face de vous?

    Quand une entreprise commet des erreurs, elle doit les corriger et non les faire payer à ses salariés et à toute une région. On n’a pas non plus pas le droit de mépriser des salariés, des populations et des élus.

    L’avenir industriel de la Lorraine vous inquiète-t-il?

    Oui, car si ArcelorMittal ferme l’aciérie électrique et le train à billettes de Gandrange, le laminoir suivra. Et ce sera le tour du centre de recherches mondial à Maizières-les-Metz, puis du site de Florange. Si on vidait la Moselle de sa sidérurgie, non seulement on la paupériserait, mais surtout on lui ferait perdre son histoire et un savoir-faire humain acquis au fil des décennies.

    Denis Berche

  3. Lu dans Le Républicain Lorrain
    édition du 20/03/2012 à 05:00

    (cf. http://www.republicain-lorrain.fr/actualite/2012/03/20/arcelormittal-ouvre-le-printemps-de-l-indsutrie )

    ArcelorMittal ouvre le printemps de l’industrie
    L’entretien prévu entre Nicolas Sarkozy et la CFE-CGC s’est tenu, hier, avec le secrétaire général de l’Élysée. …

    [i]

    ….

    « La direction du groupe Arcelor a du mal à accepter qu’un gouvernement s’immisce dans les choix de l’entreprise », ont-ils confirmé. Néanmoins, qu’en est-il alors de l’engagement de l’État, à travers le projet de captage de CO 2 Ulcos par exemple ? Sur ce point, comme pour bon nombre d’autres, aucune réponse concrète, aucune date précise. C’est à la Commission européenne qu’est réservée la primeur de statuer. Rien de neuf, donc, sous le soleil des métallos. Alors, « il n’y a plus qu’à espérer… un rebond de l’économie à l’automne. Pourtant, nos demandes, il me semble, ne sont pas irréalistes », livre Xavier Le Coq, mi-figue, mi-raisin.

    [/i]

  4. (1ère partie)

    Lu dans Slate fr (cf. http://www.slate.fr/story/50785/acier-propre-florange)
    Titre de l’article : L’acier propre» peut sauver Florange
    Auteur de l’article : Gilles Bridier
    Date : 1er mars 2012

    Synopsis de l’article :
    L’avenir de la sidérurgie à Florange avec le redémarrage des hauts fourneaux serait assuré si le site devenait pilote dans le captage du gaz carbonique pour réduire la pollution. Mais il y a d’autres candidats sur ce projet européen.
    ….

    Mais il y a d’autres candidats. Ulcos (pour ultra low carbon dioxide steelmaking) est un programme européen sur lequel travaillent 48 entreprises de la sidérurgie, de l’énergie, de l’ingénierie et des instituts de recherche, provenant de 15 pays de l’Union européenne. Florange n’est donc pas le seul site sur les rangs. L’Etat français s’est déjà engagé à participer à hauteur de 25% au financement de l’investissement de l’ordre de 650 millions d’euros, dont une part (250 millions d’euros) serait prise en charge par l’Europe. Mais ce n’est qu’à la fin du premier semestre que la Commission européenne sélectionnera le site pilote qui pourra être subventionné. Rien n’est encore joué.

    L’acier européen défié. Or, la sidérurgie européenne est en surcapacité. En 2010, elle a produit environ 175 millions de tonnes d’acier brut et ne représente plus que 12% de la production mondiale. Face à elle, la Chine qui faisait jeu égal il y a huit ans, en produit maintenant 630 millions de tonnes et a triplé sa part de marché (45% en 2010) en une décennie. Le Brésil, l’Inde, la Russie et ses anciens satellites sont des concurrents de plus en plus agressifs.

  5. (2ème partie)

    ET l’auteur d’ajouter, dans l’un de ses commentaires, et suite à la question suivante posée le_doux_reveur, le jeudi 1er mars 2012 à 15h30

    Les précédents articles que j’ai pu lire sur le coût de la méthode d’enfouissement de gaz, laissaient apparaitre un prix plus que prohibitif pour l’injection de gaz, qu’en est-il svp.?

    A propos du prix, comme il est indiqué dans le texte, la rentabilité n’est pas au rendez-vous et aucune initiative ne sera prise sans subvention. « Sur le marché des quotas de CO2, le prix de la tonne de dioxyde de carbone se traîne actuellement autour de 16 euros. On est loin du prix estimé du captage et du stockage d’une tonne de CO2, évalué à 90 euros la tonne. » Mais les industriels intéressés, comme Alstom, considèrent que l’industrialisation de la technologie permlettra de diviser par trois les coûts dans 20 ans. Soit un peu plus de 30 dollars la tonne de CO2 enfoui. Ce qui, avec la hausse supposée des cours du carbone à cette échéance, rendrait les opérations économiquement fiables.

    ****

    Sur le site http://www.rac-f.org/DocuFixes/fiches_thema/PNAQ/F1_MEPE.pdf

    on peut télécharger un document PDF qui nous explique en quoi consiste le marché européen de quotas d’émission

    Nous lisons en première page:

  6. (3ème partie)

    1. Le marché européen de quotas d’émission : genèse, fonctionnement et objectif

    1.1. Origine

    Le Protocole de Kyoto prévoit en son article 17 la mise en place d’un marché international de droits d’émission de gaz à effet de serre qui doit débuter à partir de 2008. Pour s’y préparer, la Communauté européenne (CE) a créé, via l’adoption d’une directive en 20031 (ci-après directive-quota), son propre
    système d’échange de quotas d’émission. Le but de cet instrument économique de politique environnementale est de réduire les émissions de gaz à effet de serre à un moindre coût.

    Ce marché relève d’une mesure purement interne à la CE, distincte donc de celle prévue à l’article 17 du Protocole de Kyoto. Le 1er janvier 2005, s’est ainsi ouvert au sein de l’Europe des 25 le marché de quotas d’émission. Ce dernier ne couvre, pour sa première période de fonctionnement (2005-2007), que le dioxyde de carbone (CO2), ainsi qu’un nombre de secteurs d’activité limités fortement émetteurs en CO2 (industrie et production d’énergie)2.
    L’encadrement de ce marché au niveau européen semblait toute indiquée pour diverses raisons : cohérence avec l’engagement international de la CE de réduire de 8% ses émissions de gaz à effet de serre par rapport au niveau de celles-ci en 1990, prévention des distorsions de concurrence entre les entreprises
    couvertes par le marché et diminution du coût de mise en oeuvre.

  7. (4ème partie)

    1.2. Fonctionnement du marché européen de quotas d’émission

    Les Etats membres adoptent des Plans Nationaux d’Allocation de Quotas (« PNAQ ») dans lesquels ils fixent la quantité globale de quotas qui seront affectés aux installations établies sur leur territoire et visées par la directive (détermination du « plafond d’émissions»).

    L’exploitant de l’installation concernée reçoit ainsi en début d’année une quantité déterminée de quotas d’émissions de CO2. Un quota représente l’émission d’une tonne de dioxyde de carbone. En fin d’année, l’exploitant devra restituer autant de quotas qu’il aura rejeté de tonnes de CO2 au cours de l’année civile
    écoulée. La présentation de ce système en tant que « marché de droits à polluer » est donc erronée : là où le droit à polluer était auparavant illimité, on fixe aux entreprises une limite à leurs émissions.

    L’élément original du système, qui fait passer la directive du statut d’instrument réglementaire à celui d’instrument économique, est que les quotas pourront, sous certaines conditions, être échangés entre installations (système « cape and trade »). Pour remplir leurs obligations, les exploitants auront donc le
    choix entre diminuer leurs propres émissions ou acheter des quotas sur le marché communautaire.

    Si, en fin d’année, l’exploitant n’est pas en mesure de restituer autant de quotas que ses émissions constatées, il devra payer une amende de 40 euros par tonne de CO2 excédentaire au cours de la première phase de fonctionnement du système (2005-2007) et de 100 euros à partir de 2008. Pour préserver le
    bénéfice environnemental du système, le paiement de l’amende ne dispense pas l’exploitant de restituer l’année suivante un nombre de quotas correspondant à ses émissions excédentaires.
    .

  8. Lu dans le blog « Nerfs d’Acier »

    un article intitulé « La famille Mittal s’enrichit et ne nous fait pas de cadeau » et daté du 7 février 2012

    (cf. http://nerfs-d-acier.blog4ever.com/blog/lire-article-540752-5998910-la_famille_mittal_s_enrichit_et_ne_nous_fait_pas_d.html )

    [i]
    ArcelorMittal annonce ce 7 février des bénéfices en baisse de 22% en 2011. Le groupe prévoit donc des plans d’économie qui fera tourner les usines les plus compétitives et fermer les autres sites. Cette stratégie provoquera 6 000 suppressions de postes. Jacques Laplanche , secrétaire du comité d’entreprise européen d’ArcelorMittal et de la fédération métallurgie de la CGT, revient sur les annonces du groupe pour L’Usine Nouvelle.

    « Parmi les sites les plus menacés aujourd’hui, il y a celui de Liège, qui produit de l’acier liquide. 196 emplois pourraient y être supprimés. Le site de Madrid qui produit du long carbone est aussi concerné, avec 330 salariés. Même crainte au Luxembourg concernant l’aciérie de Schifflange et une chaîne de production de produits longs à Rodange. Ce sont 600 emplois qui vont être détruits en 2012 sur ces deux sites. Par ailleurs, Florange est arrêté depuis 6 mois. Liège risque de se mettre dans la même situation pour la tôle d’emballage, celle que l’on utilise pour les canettes. Cela représente 600 emplois de plus pour chaque site. Près de 1000 emplois seront supprimés en Pologne, 700 en République Tchèque et 1 1000 en Roumanie. »

    « Arcelor Mittal évoque un problème de productivité sur ses sites. Que répondez-vous à cela? »

    « Le rapport tonne par an est trop simpliste. Il faut aussi des investissements et augmenter de la recherche et développement. Au lieu de cela, ArcelorMittal envisage une baisse de 15 à 20% de sa R&D. Nous sommes les premiers à demander un gain de productivité mais par le haut : avec de l’automatisation, de la formation du personnel, et développer de nouveau produits sidérurgiques. Il ne suffit pas simplement de baisser les effectifs. »

    « Et il y aussi, selon le groupe, un problème de demande ? » [/i]

    (suite)

  9. [i]
    « Eurofer, l’association européenne du fer, confirme une baisse de 2% en 2011 de la demande d’acier en Europe. Cela conforte ce que dit ArcelorMittal. En Espagne, la chute est bien plus drastique avec le secteur immobilier qui s’est effondré. Cela a entrainé une chute de 60% sur les produits longs comme les poutrelles. Donc pour être honnête, il y a déficit de demande struturel. Mais nous avons aussi perdu des parts de marché à cause de la stratégie de « stop and go » du groupe. »

    « C’est-à-dire ? »

    « C’est-à-dire qu’ArcelorMittal a parfois limité la quantité d’acier qu’elle livrait pour faire monter les prix. Mais les clients n’ont pas attendu la bonne volonté du leader de marché. Ils se sont tournés vers des plus petits producteurs allemands ou autrichiens qui ont grignoté toutes les parts de marchés, surtout sur le secteur automobile et ils ne les rendront pas de si tôt. Et ce n’est pas la seule erreur que la famille Mittal a commise.

    La deuxième chose dommageable a été de séparer la mine et la sidérurgie. Ils les ont séparés pour présenter de meilleurs résultats. Dans les mines il y a 50 à 70% de retour sur investissement contre 5 à 6% dans les usines. En faisant ça, ils ont pu verser de meilleurs dividendes à leurs actionnaires. La famille s’enrichit mais ne nous fait pas de cadeau : elle nous vend l’acier au prix du marché, et parfois un peu plus, pour garder sa marge dans le secteur des mines. »[/i]

    ****

    (suite)

  10. (suite)

    Concernant la production d’acier brut (en milliers de tonnes),

    le site http://www.acier.org/pages/stat/Acier_brut/AB.html

    parle d’une baisse (au mois de janvier 2012, par rapport au mois de janvier 2011)

    de 5,6% pour les 27 pays de l’Union européenne
    de 7,0% pour l’Europe à 15

    et d’une hausse de 11,2% pour la France (soit +10,0% pour la filière « fonte et +13,1% pour la filière « électrique »)

    Le tableau montre également un recul de 13% pour la Chine., et une quasi stabilité pour le Brésil, la Russie et l’Inde

    A noter que les variations, d’un mois sur l’autre, sont très fortes, notamment pour la France, puisque les derniers chiffres ont été respectivement :

    de 1 344.75 tonnes en novembre 2011 (par rapport à novembre 2010)
    de 1 107.70 tonnes en décembre 2011 (par rapport à décembre 2010)
    de 1 357.95 tonnes en janvier 2012 (par rapport à janvier 2011)
    de 1 300.40 tonnes en février 2012 (par rapport à février 2011)

    (sources Usinor, tirée du site : http://www.lesechos.fr/chiffres-economie/efracie.htm )

  11. Le journal allemand die Zeit révèle, dans son édition du 22 mars 2012

    (cf. http://www.zeit.de/politik/ausland/2012-03/Indien-Korruptionsskandal )

    un scandale (appelé Coalgate) dans lequel le gouvernement indien serait impliqué puisqu’il accorda, durant la période 2004-2009, des licences d’exploitation portant sur 155 mines de charbon, et ce sans procéder, comme il eût été convenu de le faire, à des appel d’offres.

    Or, parmi les grosses entreprises ayant bénéficié de cette largesse du gouvernement se trouve, d’après l’article, le Groupe Arcelor Mittal.

    On peut donc en déduire que les grosses entreprises du pays se sont mises d’accord avec le gouvernement, moyennant rétribution de ce dernier grâce à des pots-de-vin, pour acquérir les droits de licence à un prix très sous-évalué, puisque la Cour de Justice a estimé que le Trésor indien avait perdu 207 milliards de dollars dans cette affaire.

  12. [i] ArcelorMittal: les marcheurs de Florange sont arrivés à Paris[/i]

    titre le journal Le Parisien, dans son édition du 6 avril 2012, où l’on peut lire que

    [i]
    les dix sept salariés de l’aciérie ArcelorMittal de Florange, Partis le 28 mars de Moselle, ont terminé leur «marche de l’acier», sous la Tour Eiffel, et qui, ‘après Edouard Martin, délégué CFDT était organisée en vue de « nous battre pour sauver notre usine en danger et des milliers d’emplois », et qui, ajoute-t-il, « a eu un vent de sympathie extraordinaire [puisque] on s’est rendu compte que notre combat dépassait largement les frontières de Florange, ce fleuron de l’industrie». [/i]

    ****

    Si tout cela est un signe clair – adressé à un président candidat qui a refusé de recevoir, le 15 mars 2012, les syndicalistes d’Arcelor Mittal à son domicile de campagne à Paris – et qui est destiné à encourager la population à voter pour le candidat à la présidentielle qui saura le mieux défendre les emplois de Florange, d’un point de vue réaliste il ne faut néanmoins pas se leurrer : ni les marches ni les encouragements de la population ne suffiront à sauver les unités d’Arcelor Mittal située à Florange, puisque celles-ci ne le seront que pour les quatre raisons suivantes :

    (suite)

  13. (suite)

    a) la reprise de la croissance en Europe dans tous les domaines, et notamment dans celui de la sidérurgie (qui dépend pour une part non négligeable
    de sa production de l’automobile et du bâtiment), puisque les usines (et nomment les hauts fourneaux) situées loin des côtes maritimes (Liège, Florenge, etc) sont considérées aujourd’hui comme des unités marginales dans la politique du groupe ArcelorMittal.

    b) la reprise des unités de Florange par un concurrent d’Arcelor Mittal (ce qu’il ne faut pas trop compter, compte tenu de la conjoncture actuelle, et surtout compte tenu de la politique adoptée par le groupe ArcelorMittal depuis de nombreuses années – voir certains des autres commentaires figurant ci-dessus)

    c) la nationalisation des dites unités (qui, si elle existe, s’effectuera à un prix si exorbitant, pour l’Etat français, que les contribuables français seront très fortement mis à contribution;et qui, vu l’état des finances publiques, inciteront le gouvernement à se montrer très prudent dans cette affaire; certes, l’Etat français pourrait nationaliser de force les unités du groupe ArcelorMittal, mais il se mettrait, en ce cas, en marge de la loi ou du droit – notamment international – en matière économique et commerciale.

    d) Quant au projet Ulcos destiné à sauver le haut fourneau P6 de Florange, dans la mesure où il dépend, sur le plan décisionnel, d’une Union Européenne qui devra se prononcer prochainement pour savoir quelle sont les entreprises (parmi les 48 oeuvrant dans les domaines de la sidérurgie, de l’énergie, de l’ingénierie et des instituts de recherche, et qui sont situées dans 15 des pays appartenant à l’Union européenne) pourront bénéficier des aides de l’Union et de ses pays membres, il se trouve que le haut fourneau P6 de Florange, s’il ne rouvre pas d’ici là, sera prétérité par rapport aux unités concurrentes destinées à bénéficier du projet Ulcos.

    ****

    Pour toutes ces raisons, le seule chose que puisse faire l’Etat français, est de s’assurer que chaque travailleur des usines fermées, sur territoire français, par le groupe ArcelorMittal, trouve un emploi aux mêmes conditions, sur le territoire français. Mais là encore, c’est loin d’être joué puisque la stratégie du groupe est mondiale au lieu d’être strictement française.

  14. Vos 2 articles sur Arcelor Mittal révelent une analyse brillante complete et fort interessante qui donnent envie de rester sur ce site.Bravo et merci

    Pour mettre mon petit grain de sel, je complete juste de quelques etapes historiques marquant la betise et la lâcheté de nos politiques et dirigeants economiques entre 2003 et 2006:
     »
    Arcelor est né de la fusion en 2002 d’Aceralia (Espagne), Arbed (Belgique-Luxembourg) et Usinor (France). La fusion est officiellement annoncée le 19 février 2001. Le 12 décembre 2001, le nouveau groupe est officiellement baptisé Arcelor. Le 21 novembre 2001, la Commission européenne donne son accord à la fusion à condition que soient vendues des usines pour le maintien de la concurrence. En France : usines de Beautor, de Sollac Lorraine à Strasbourg et Cofrafer; en Europe: LDD (Luxembourg), Galmed (Espagne), Lusosider (Portugal) et ISP Arvedi (Italie)4. La fusion est devenue effective le 18 février 2002 avec la cotation en bourse de l’action Arcelor. La même année, le groupe Arcelor renouvelle l’alliance stratégique qu’avait Usinor avec Nippon Steel.

    Le 24 janvier 2003, est annoncé un plan de restructuration dénommé Apollo. Le volet Apollo Chaud prévoit la fermeture vers 2009/2010 des phases à chaud des sites continentaux de Liège, Florange et la fermeture d’un petit haut fourneau à Eisenhüttenstadt. Le volet Apollo Froid prévoit la centralisation de la production des aciers pour emballage sur Florange et la modernisation d’autres sites. Enfin, l’inox est recentré en Belgique à Charleroi, au détriment des aciéries de l’Ardoise et d’Isbergues

    En 2003, son chiffre d’affaires annuel s’élève à 25,9 milliards d’euros, pour un résultat net de 257 millions. Le groupe employait environ 98 000 personnes dans 60 pays. Le groupe Arcelor a été le premier producteur mondial d’acier avec 42,8 millions de tonnes (4,5 % du marché mondial) jusqu’en octobre 2004, lorsque la création du groupe Mittal lui ravit cette première place.

    Le 23 novembre 2005, Arcelor lance une offre d’achat sur la société canadienne Dofasco pour 4,3 milliards de dollars CA 5. Mais le 24 décembre 2005, suite à une offre supérieure de ThyssenKrupp AG sur Dofasco, Arcelor bonifie son offre d’achat, qui passe à 3,65 milliards d’euros « 

  15. suite…..

    « Avec l’acquisition, annoncée le 11 mai 2005, de la société sidérurgique américaine International Steel Group (ISG), Mittal devient le premier producteur mondial d’acier, devant Arcelor et Nippon Steel.

    « Le 28 janvier 2006, Mittal Steel Company annonce une offre publique d’achat hostile sur Arcelor pour 18,6 milliards d’euros. Mittal ne dispose de 17,6 milliards d’euros de fonds propres.

    Le 20 février 2006, Dofasco accepte l’offre d’Arcelor. Pour interdire la revente du sidérurgiste canadien en cas d’éventuelle réussite de l’OPA de Mittal (déjà très présent aux États-Unis, Mittal a promis la revente de Dofasco à ThyssenKrupp), Dofasco est placé dans une structure indépendante.

    Le 19 mai 2006, Mittal Steel Company augmente son offre à 25,8 milliards d’euros pour acquérir Arcelor.

    Le 26 mai 2006, dans le but de contrer l’OPA hostile de Mittal, Arcelor annonce une fusion avec l’entreprise russe Severstal. La transaction est estimée à 12 milliards d’euros.

    Le 25 juin 2006, le mauvais accueil réservé à l’alliance avec Severstal amène Arcelor à accepter l’OPA hostile. L’OPA non hostile de la part de Mittal Steel Company se montant au total à 26,9 milliards d’euros (40,37 euros par action Arcelor) et des concessions, le conseil d’administration d’Arcelor accepte à l’unanimité cette offre. La création du groupe Arcelor-Mittal est annoncée.

    Le 26 juillet 2006, compte tenu du résultat de l’offre publique de Mittal Steel visant les actions Arcelor, le Conseil Scientifique des Indices d’Euronext a décidé le retrait définitif de la valeur Arcelor des indices CAC40 et SBF 12011. Le 1er septembre 2006, ArcelorMittal est inclus dans l’indice CAC 40.

    Le 23 janvier 2007, la justice néerlandaise déboute Mittal dans sa tentative de dissoudre la fondation interdisant la revente de Dofasco à ThyssenKrupp. »

    « Au 17 mai 2008, la capitalisation boursière d’ArcelorMittal s’élevait à 144,37 milliards de dollars » (soit 3 fois la valeur de Mittal et Arcelor en 2005)

    Le 16 décembre 2008 : une filiale d’ArcelorMittal est condamnée, par le conseil français de la concurrence, à une amende de 301,7 millions d’euros pour entente sur les prix

    Le même jour, Arcelor Lorraine est débouté par la Cour de justice des Communautés européennes dans sa requête en annulation d’un décret de 2004 transposant la directive 2003/87/CE établissant un système d’échange de quotas d’émission de gaz à effet de serre. »

    Effets pervers multiples, pots de vin, rapacité de beaucoup qui mettent les gens sur la paille les conduisent à la folie ou l’esclavage, et pollue la planete.

    Et que penser de Thyssen Krup
    cordialement

  16. Il y a un excellent rapport disponible en français sur la politique de MITTAL STEEL, précisément sur ARCELOR.

    [url]http://www.infoguerre.fr/fichiers/arcelor_mittal_OPA_hostile.pdf[/url]

  17. Bonjour et un grand merci à Jacques1 pour ses informations complémentaires, que j’apprécie tout particulièrement car j’en avais lu de semblables sur Internet, et que je croyais avoir archivées afin d’en parler; ce qui ne semble pas être le cas puisque je ne les ai jamais retrouvées.

    Je suis donc très content, grâce à vous, Jacques, d’avoir une vue très complète sur ce qu’était le groupe Arcelor lui-même, et comment il s’est formé, avant sa reprise par Mittal Steel.

    Mais surtout, parmi les infos que vous citez, il y en a deux qui ont particulièrement retenu mon attention : a) celle selon laquelle les dirigeants d’Arcelor étaient en négociation avec le russe Servestal, pour former un conglomérat qui, selon certains, aurait eu un meilleur profil, du point de vue de la stratégie à long terme, qu’une association avec Mittal Steel sous la forme d’une OPA très agressive:; et b) celle selon laquelle les dirigeants d’Arcelor condamnaient déjà, à l’époque, l’activité future des hauts fourneaux des sites situés loin des côtes maritimes (que ce soit en Lorraine ou en Wallonie).

    On peut donc en déduire que quand Mittal Steel reprit Arcelor, le président du nouveau groupe ArcelorMittal s’entendit à poursuivre, sans mot dire, la même politique industrielle que ses devanciers; non sans appâter, au moment de son OPA sur Arcelor, les pouvoirs politiques et les syndicats, en leur promettant de conserver en vie certaine unités telles que les hauts fourneaux de Florange, Liège, etc. Ce qui d’ailleurs fut effectivement le cas durant la période 2006-2008, l’année 2008 anonçant la crise mondiale et le déclin subséquent de la demande (en Europe notamment) pour les produits de la sidérurgie.

    ****

    Quant au rapport mentionné par Marche à l’Ombre, outre le fait qu’il mentionne, lui aussi, les négociations des dirigeants d’Arcelor avec le russe Severstal, il est très important car il permet de comprendre comment deux grands groupes de la sidérurgie mondiale se sont affrontés, l’un, Arcelor, pour se défendre contre une OPA hostile, et l’autre, Mittal Steel, pour la mener à bien en misant sur la dilution du capital d’Arcelor.

    Je note également, au passage, une info qui n’apparait pas dans ce rapport, et qui dit que c’est le fils de Lakhmi Mittal, Aditya Mittal, diplômé en management de l’Université de Wharton (USA), et responsable, aujourd’hui, au sein du Groupe, des aciers plats pour l’Europe. qui monta tout le dossier de l’OPA sur Arcelor.

    ****

    (suite)

  18. Et puisque nous sommes ici avec le groupe AcelorMittal et avec Sevestal, il est un point qui, me semble-t-il, doit, à chaque fois, être rappelé, pour comprendre la politique du groupe ArcelorMittal, c’est la pollution et les mesures prises par l’Union européenne pour lutter contre.

    A titre d’exemple, quand ArcelorMittal achète 60’000 tonnes d’acier à son concurrent russe Severstal, afin de soutenir ses propres usines de Brême, de Florange ou d’ailleurs, du point de vue des travailleurs des usines concernées, une telle attitude est – cela se conçoit volontiers – totalement inadmissible. Mais si Severstal a vendu son acier à un prix inférieur à celui de l’acier fabriqué par les propres usines du Groupe ArcelorMittal, ce dernier a été gagnant dans cette affaire. Et il l’a été doublement puisqu’il a pu, ou pourra, revendre, sur le marché concerné, les droits de polluer qu’il n’utilise pas, en fermant ses hauts fournaux de Liège ou de Florange.

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    A part cela, je voudrais attirer l’attention des intervenants sur un point qui est plus général et qui est le suivant : si l’Europe s’est montrée arrogante avec le Tiers Monde durant des décennies, voire durant des siècles (songeons au colonialisme), ses dirigeants, aujourd’hui, sont faibles, et son capital industriel pas assez concentré aux mains des différents Etats, au moment de négocier avec les Etats-Unis, la Corée, la Chine, l’Inde , etc, à propos de ce que doivent être les rapports bilatéraux sur le plan économique et commercial; ou au moment de négocier une reprise, par des capitaux étrangers, ou une fusion-concentration, avec ces mêmes capitaux, de tel ou tel secteur d’activité (sidérurgie, automobile, etc).

    Le fait même, d’ailleurs, de voir certains groupes industriels européens (banques et assurances compris) s’associer, ou être rachetés, par des capitaux non européens, prouve non seulement que l’Europe est en train de perdre pied en raison d’un manque de compétitivité de ses industries; mais aussi, et surtout, qu’elle n’a aucune politique industrielle digne de ce nom, puisque ses dirigeants ne font aucun effort, à l’heure actuelle, pour conserver le capital des entreprises en Europe, et pour défendre les sites de production, eux aussi européens, face à leurs concurrents asiatiques ou américains.

    (suite)

  19. Or ailleurs, précisément, les pays concernés, en raison même de la crise économique, protègent leurs usines et leurs activités industrielles, qui en élevant des droits de douane, qui en imposant des quotas, qui en imposant des normes techniques très contraignantes (comme c’est le cas aux Etats-Unis, en Corée, ou aux Japon, à propos des voitures ou du matériel aéronautique) aux produits industriels fabriqués à l’étranger, et ce aux seules fins de limiter leur importation.

    Or en Europe, à l’heure actuelle, on ne protège nullement les emplois en appliquant de telles mesures. Au lieu de cela, un certain nombre de dirigeants des grands groupes continuent à délocaliser les unités de production de ces groupes à l’extérieur de l’Union Européenne. Ce qui prouve qu’il n’existe, en Europe, aucune politique industrielle, sinon celle consistant à supprimer partout, au nom du néolibéralisme, les droits des travailleurs à s’organiser afin de défendre leur salaire, leur emploi, leur droit à la retraite, ect.

    ****

    Je ne dis pas, personnellement, que l’Europe ne doive pas faire des efforts sur ces plans-là. Mais ce que je conteste, c’est le peu d’empressement des dirigeants européns à mettre des barrières aux frontières à des produits qui, tout en venant du Tiers Monde et des pays émergents, sont fabriqués dans des conditions totalement inacceptables dans le domaine des droits de l’homme (songeons aux enfants travaillant dans les fabriques), des droits sociaux accordés aux travailleurs, et de la protection de l’environnement.

    Or ces notions là ne sont jamais prises en compte dans les règles de l’OMC – puisque celle-ci ne reconnaît, comme dumping, que celui consistant à vendre, à l’extérieur, un bien à un prix inférieur à celui pratiqué sur le marché intérieur;et puisque les règles de l’OMC ne reposent, en définitive, que sur le libre marché dans le domaine des biens, de la monnaie et des facteurs de production; ce qui est, de point de vue, une totale ineptie. Pas pour tout le monde, il est vrai, puisque jamais le fossé ne s’est autant élargi entre les riches et lespauvres, et, plus spécifiquement, entre les directeurs des grands groupes qui se ramassent des bonus faramineux, y compris quand leurs entreprises ne génèrent aucun emploi et n’augmentent guère en termes de chiffres d’affaires.

    Et comme ces bonus, à chiffre d’affaires constant (ou quasi constant) doivent forcément venir de quelque part, ils proviennent de la baisse des salaires versés aux travailleurs desdites entreprises, ou, si ces salaires ne baissent pas, de la hausse des cadences de travail exigé d’un volume restreint de travailleurs, puisque ceux-ci font désormais le boulot de ceux qui ont été mis au chômage ou à la retraite anticipée.

  20. [b]clgz11
    [/b]
    [quote]jamais le fossé ne s’est autant élargi entre les riches et lespauvres, et, plus spécifiquement, entre les directeurs des grands groupes qui se ramassent des bonus faramineux, y compris quand leurs entreprises ne génèrent aucun emploi et n’augmentent guère en termes de chiffres d’affaires. [/quote]

    J’aurais tant aimé lire : « y compris lorsque leurs entreprises enregistrent des pertes considérables. »

    Les avocats d’affaires qui négocient les contrats de ces pontes parasites, exploitent les aménagements prévus ou laissés flous à cet effet par le législateur.
    Si les institutions nationales ou les organisations internationales le souhaitaient réellement, elles pourraient imposer des normes acceptables et incontournables, plutôt que de laisser ces bandits piller selon leur bon vouloir les entreprises et la vie de leurs salariés.

    Ceci dit, le tiers monde ou ce qu’il convient de qualifier de tiers monde est si corrompu, que je m’inquiète moins pour l’Europe, que vous ne semblez le faire, même si une partie de l’Europe est tourmentée pour l’instant.
    Il serait judicieux de donner les mêmes pouvoirs à tous les partenaires européens plutôt que de laisser 2 ou 3 pays imposer leurs diktats.

  21. Rebonjour à Marche à l’Ombre. Tout fait d’accord avec vous sur la corruption des pays du Tiers Monde. Y compris d’ailleurs en Chine. Mais il existe dans ces pays (Chine, Inde) un réveil qui, à terme, risque de bouleverser de fond en comble, à mon avis, la donne à l’échelle mondiale. La preuve, c’est qu’ils sont en train de s’industrialiser à une vitesse prodigieuse. Idem, avec un certain retard sans doute, à propos du Brésil, et ce en dépit de la corruption que vous signalez.

    Bref, si, comme vous le soulignez, l’Europe a encore de beaux jours devant elle, on peut considérer que dans vingt ou trente ans il n’en sera plus de même puisque les pays émergeants auront rejoint les pays du premier monde sur le plan industriel, et puisque également ils seront les premiers pays créanciers des Etats Unis et de l’Europe.

    Si, pour illustrer ce qui précède, on considère que les fleurons des industries européenne et américaine (USA+Canada) sont à chercher du côté de l’automobile, de l’aéronautique, des énergies du futur, de la chimie, de la sidérurgie, de la metallurgie, des chatiers navals, du bâtiment, de la mécanique lourde, légère, ou de précision; de l’informatique, de la robotique, du multimédia, des appareils électriques, des réseaux électriques, etc, etc., nul doute que tous ces secteurs seront occupés, dans le futur, et plutôt deux fois qu’une, par les entreprises des pays émergents.

    Dans ces conditions je vous pose la question : que restera-t-il, comme secteurs d’activité, aux pays du premier monde, qui ne soient pas investis par les autres? le tourisme ? les sports et loisirs? la banque assurance? le bio?

    Quoi qu’il en soit, partout la concurrence risque d’être rude pour les entreprises situées en Europe ou aux Etats-Unis.

  22. clgz11,

    j’ai mis ce commentaire pour pouvoir retrouver plus rapidement votre article et les commentaires qui m’ont beaucoup appris

    Vos conclusions, quoique pertinentes sont effrayantes: [quote]que restera-t-il, comme secteurs d’activité, aux pays du premier monde, qui ne soient pas investis par les autres? le tourisme ? les sports et loisirs? la banque assurance? le bio? [/quote]

    c’est absolument la direction que veulent nous faire prendre les politiques depuis 10 ans

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