L’offre Free Mobile a eu l’effet escompté : les consommateurs se sont jetés en masse sur cette offre très alléchante. Pourtant, quelques semaines après son lancement, des milliers d’utilisateurs restent très mécontents car leur demande d’abonnement n’a toujours pas été traitée(1). Pour Free, c’est juste un petit incident normal quand on débute mais cela pourrait cacher bien plus grave.
L’offre Free est-elle aussi généreuse que promise ? Voici quelques éléments de réponse.
Tout d’abord, on reste dans le flou le plus total concernant la couverture du réseau. Free devait couvrir au moins 27 % du territoire au 1er janvier pour pouvoir ouvrir son réseau, chiffre vérifié par l’ARCEP (Autorité de Régulation des Communications Électroniques et des Postes) mais contesté depuis ce qui oblige l’organisme a refaire des mesures(2) et (3). En effet, on soupçonne Free d’avoir éteint de nombreuses antennes et de ne plus pouvoir couvrir 27 % du territoire.
La situation a Paris reste obscure. En effet, Free connaît des problèmes pour installer de nouvelles antennes, la ville de Paris ne souhaitant pas les voir se multiplier. Free aurait installé 6 antennes alors que les autres opérateurs en auraient plus de 500. Ces 6 antennes seraient éteintes. On ne dispose pas d’information fiable à se sujet, cependant des utilisateurs ont constaté que, une fois le lancement effectué, leur téléphone portable ne se connecte plus à des antennes Free mais à des antennes Orange(4) et (5).
Quand on débute dans le domaine de la téléphonie, des dysfonctionnements peuvent apparaître ce qui n’a rien de choquant. Cependant, Free n’est pas vraiment un petit nouveau et sa maison mère Iliad possède l’opérateur Alice. Ce groupe s’est lancé dans les télécommunications dès 1994 ce qui lui a laissé le temps d’y réfléchir.
Des tarifs à prix trop bas, cela cache forcément quelque chose !
Les tarifs proposés par Free sont vraiment ridicules comparés à la concurrence d’autant plus quand on loue une partie de réseau à Orange ! Il faut faire des bénéfices pour rester en vie et le groupe s’y connaît : Free a l’une des rentabilité fixes les plus fortes d’Europe, à environ 40 % (pour comparaison, l’une des marques les plus rentables, Louis Vuitton, a une rentabilité de 42 %)(6) et (7).
On peut donc logiquement se poser cette question : comment faire autant d’argent avec un service à égalité avec les autres pour beaucoup moins cher ? En ne proposant pas tout à fait aussi bien que les autres par exemple, ou en faisant payer plus cher le reste. Notre collègue supertitom a déjà pointé du doigt quelques subtilités dans les abonnements(8), on peut leur reprocher plusieurs points :
– pas de réel SAV mobile et des appels surfacturés qui n’aboutissent pas(9) alors qu’on nous a promis un SAV ouvert en permanence
– pas de suivi de la consommation alors que les abonnements ne sont pas bloqués : bonjour les dépassements ! Cela va faire mal au porte-monnaie !
– des appels « illimités » réduits à 1h par jour : des conditions générales de vente restrictives bien moins claires que chez la concurrence(10).
– on rapporte aussi des problèmes pour contacter l’étranger : les 40 destinations ne seraient pas toutes joignables comme l’Irlande ou l’Australie! De plus, Free aligne ses tarifs de roaming (fait de pouvoir appeler ou être appelé quelle que soit sa position géographique) sur la concurrence et surtout sur le tarif MAXIMUM, ne prenant pas en compte les souhaits des frontaliers qui veulent appeler leurs voisins sans se faire plumer !
Une petite comparaison rapide des téléphones vendus chez Free ou la concurrence permet de se rendre compte des différences de tarifs : chez Free, l’iPhone 4S 16 Go est vendu près de 720 € (1 € + des mensualités qui varient selon la durée) alors qu’il ne coûtera « que » 620 € chez Bouygues Télécom(11) et (12). Les tarifs peuvent être 15 à 20% plus chers chez Free : il faut bien récupérer d’une main ce qu’on a donné de l’autre ! Mais Xavier Niel, PDG de Free, insiste surtout sur l’iPhone à 1 €, ce qui est bien plus vendeur !
Au jeu des différences, on constate que les coûts de communication vers le maroc sont de 2,9€ / min contre 1€/min chez bouygues telecom, que les hots spots wifi (bornes d’accès Wifi disséminées un peu partout comme à Mc Donald ou dans les aéroports et qui permettent d’aller gratuitement sur internet) ne sont pas compris dans l’offre à 2 €, que les zones blanches (zones peu peuplées qui ne sont pas desservies par un réseau donné) ne sont pas accessibles aux abonnés Free(13) et que l’accord signé avec Orange ne permet qu’un débit de 16 mbps (16 Mo/s)(contre 42 pour les autres…) ce qui implique des temps de chargement plus longs chez Free quand on veut surfer.
Enfin, l’offre Free est-elle réellement nouvelle ?
Les cartes « SIM JUMELLE » permettent de disposer de 2 abonnements pour un prix très réduit, Orange propose une option illimitée vers l’international à 10 € comparable à Free et Bouygues Télécom propose son offre B&You pour 19,99 €. Du coup, l’offre Free paraît nettement moins généreuse !
Aussi, avant de se jeter sur ces abonnements très compétitifs en apparence il vaut mieux attendre au moins un an, histoire de voir si le réseau tient toutes ses promesses en terme de rapidité et de fiabilité et s’il n’y a pas de nombreuses mauvaises surprises dans l’utilisation de ses forfaits. Un réseau performant et illimité sans payer cher, cela reste totalement utopique !
Mais Xavier Niel, PDG de Free, sait très bien communiquer et c’est la clé de son succès. Cependant, il peut être important de rappeler que cet homme est actionnaire du Monde auquel le Post appartient, ce qui peut être pratique quand on veut faire parler (en bien) de ses produits.
(5) http://goopple.fr/2012/apple/iphone/free-mobile-iphone/
(8) http://www.come4news.com/free-a-t-il-vraiment-tout-compris-404860
(9) http://freemobile.toosurtoo.com/forum/viewtopic.php?f=57&t=1457
(11) http://www.next51.net/Free-Mobile-presente-l-iPhone-4S_a5778.html
Merci à ceux qui m’ont fait passer l’information. Comme j’ignore si ces personnes souhaitaient / pouvaient être citées, je ne l’ai pas fait.