Syrie : chronique d’une descente aux enfers

Depuis le temps qu’on nous parle de l’imminence de la bataille de Qalamoun censée déloger les ultimes poches de résistance. On y est ! Situé au nord de Damas, à un vol d’oiseau du Liban, Qalamoun est en proie à des violences atroces ces derniers jours. Armée syrienne,  hommes du Hezbollah, et  combattants de l’opposition s’y entretuent. Des raids aériens sont même de la partie. Qalamoun avec ses morts, ses blessés, ses rescapés n’est plus que désolation.

Mais il paraît qu’il n’est question là que de simples hors d‘œuvres : une opération de grande envergure serait encore en cours de gestation. Le pire reste donc à venir ! Pendant que les forces du régime, cristallisent leurs efforts sur cette offensive, des calamités fleurissent à travers le pays : déluges de pluie d’obus, champ de ruines, deuils, précarité se banalisent. 

Troquer sa misère contre un zeste  de tranquillité est le rêve de certains. Maintenant que la Turquie s‘est lancée dans la construction du « mur  de la honte » qui la met à l‘abri de ces « pestiférés », les malheureux  n’ont plus trop le choix. D’ailleurs quiconque s’aventure à franchir la frontière syro-turque s’expose à la vindicte militaire ottomane avec le risque d’y laisser sa vie ! 

Le Liban aux portes ouvertes à tous les vents en raison de l’anarchie qui y règne, fait contre mauvaise fortune bon cœur. Il se voit de ce fait encensé de toutes parts pour le maigre accueil, à la mesure de ses moyens, qu’il réserve aux réfugiés. Lors de la réunion mensuelle qui s‘est tenue hier à Bruxelles, les ministres de l‘UE se sont à nouveau extasiés devant l’incommensurable générosité du Liban et de la Jordanie envers ces Syriens en déshérence. L‘Union européenne est toutefois le principal donateur  dans l’histoire et a offert jusque là quelque 500 millions d‘euros. 

En revanche pas une seule parole de dénonciation ou de rappel à l’ordre n‘a été émise par ces censeurs contre le trafic d’organes devenu prospère, en ces temps de crise : on voyait jusque là de jeunes Syriens se débrouiller tant bien que mal dans les pays d’accueil : faire de petits boulots, vendre chewing gums, colliers de fleurs, bouteilles d‘eau, etc, etc. On ignorait que certains se résignaient à monnayer un de leurs organes pour leur survie et celle de leur famille. Des gens de peu devenus la proie de quelques voyous qui s‘adonnent sans scrupules à ce commerce assez lucratif. Et le malheur des uns faisant le bonheur des autres, les nantis des pays voisins viennent se servir, souvent dans la clandestinité. 

Ces calamités n’ont pas l’air de déranger outre mesure les hautes sphères pourtant promptes à s’offusquer pour bien moins que ça ! Et dire que lorsqu’un hebdomadaire en mal de reconnaissance fouille dans la poubelle pour  trouver une idée de une, tout le monde s’insurge contre ce piètre racisme, sans oublier l‘ONU. « Maligne comme un singe, Taubira retrouve la banane », ou bien quelque chose comme Taubira est plus dans son élément dans la pratique de l’acrobranche qu’au ministère, etc, une kyrielle de méchancetés à écoeurer jusqu’à la nausée. 

Des insultes qui toutefois ne peuvent qu’accabler leurs émetteurs sans jamais pouvoir atteindre « l’ongle de l’orteil » de leurs destinataires ! Malheureusement le temps passant, la propension à nous monter en épingle les inepties des uns et des autres se développe de plus en plus. Il suffit que  des loups se mettent à hurler pour que spontanément d’innombrables troupeaux se joignent à eux. Quant au véritable fléau qu’est le racisme contre les pauvres qui touche à l’intégrité même de la personne, il passe sans fracas. Décidément les réactions humaines me semblent parfois décalées, inversement proportionnelles à la gravité des faits qui les déclenchent. 

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