Hans-Gert Poettering, le président du parlement européen est heureux. Pour lui la France est de retour dans le jeu européen et Elle est un pays incontournable de l'Union européenne. L'évènement qui rend Herr Poettering si heureux, c'est le vote hier par le parlement de la révision de la constitution permettant aux députés d'entériner le traité européen, traité dont tout le monde  politique convient qu'il s'agit non pas d'un "traité simplifié", mais bien du traité refusé à 55% par les Français lors du dernier référendum. Mais cela n'empêche pas nos politiciens, avec un sens admirable de la langue de bois et du contournement, de faire des déclarations tout à fait extraordinaires. Qu'on en juge par soi-même : François Fillon a tout simplement déclaré que le choix des Français lors du référendum devait être respecté, mais que pour autant il n'y a pas de plan B, et que la France doit "relancer au plus vite l'élan que nous avions contribué à briser." En conséquence, M. Fillon, tout "en respectant le choix des Français" lors du référendum et estimant que le nouveau texte lève toutes les objections des partisans du non, approuve sa ratification à travers le parlement (Rappelons que le texte, tout le monde en convient, ne change que les termes, mais que le fond demeure.).

C'est aussi ce que pense Jean-François Coppé, le président du groupe UMP, lorsqu'il déclare que le traité est l'occasion de "réconcilier la France du oui et la France du non", et pour Pierre Moscovici, qui représente les socialistes, "la majorité des socialistes soutenait ce traité, mais ils ont choisi de s'abstenir pour exprimer leur désaccord avec le refus du président de la République de recourir au référendum"… mais comme le dit l'adage, qui ne dit mot consent, et cette abstention est tout simplement un "oui" discret à cette démarche… les socialistes sont donc allés voter "oui" également par la suite à la ratification du traité lui-même. François Bayrou est lui aussi pour un référendum, mais… il va tout simplement voter oui, pour dit-il, contribuer à débloquer la situation en Europe. Rappelons à nouveau que le traité de Lisbonne, s'il change dans la forme, est semblable quant au fond au traité rejeté. Pour Hans-Gert Poettering, président du parlement européen, "le peuple français avait voté contre la Constitution européenne à cause d'un sentiment de peur" lors du denier référendum. Et d'ajouter la phrase attribuée au Général de Gaulle "dans un referendum, le peuple s'exprime sur toutes les questions, sauf sur celle qu'on lui demande", ce qui est sans doute vrai dans bien des cas. Seulement ces déclarations, qui ne sont pas les seules, loin de là, démontrent bien une chose : les Français sont des imbéciles, et ne savent pas voter correctement. Il faudrait en conséquence retirer le droit de s'exprimer à ce peuple qui vote pour des sentiments de peur sous-jacent, et dont les intentions, loin d'être subtiles, puisque le bruit de leurs gros sabots se fait si parfaitement entendre qu'il résonne même dans les bureaux de Matignon, est une véritable insulte à la démocratie. Le président du parlement l'évoque également, les Français ont déçu leurs partenaires européens : "Vous ne pouvez imaginer notre déception lorsque la France avait rejeté le traité par referendum". Oui, décidément l'on devine, à lire tous ces propos, que les Français sont des cuistres et qu'ils ne méritent pas même le titre de citoyen à part entière, eu égard au manque de responsabilités dans leurs actes. Mettons les donc en curatelle, comme Britney Spears…! C'est tout ce qu'ils méritent. 59% des Français étaient encore décidés pour un référendum avant ce vote, et devant le château de Versailles où se déroulait le vote du parlement, dans les rues, quelques manifestants s'agitaient en faveur d'une nouvelle consultation populaire, et contre le traité, exprimant leur désaccord avec la méthode employée pour contourner le premier vote. "On n'a pas le droit de contredire les Français. Cela va rester comme un moment de déchéance démocratique." s'exclamait Le député gaulliste Dupont-Aignan, tandis que la sénatrice communiste Nicole Borvo commentait "Les parlementaires ne sauraient désavouer le peuple. Le peuple a le droit de changer d'avis mais ce n'est pas au Parlement de changer l'avis du peuple". Droit ou pas, c'est fait… Il ne reste plus aux mécontents qu'à se renseigner sur le vote de leurs propres députés, et à leur écrire pour se manifester, puisque tant que le droit de vote n'est pas aboli, même si, comme nous venons de le voir, cela pourrait venir, ce sont bien les électeurs qui élisent leur députés, et non pas encore l'inverse. Des sources http://afp.google.com/article/ALeqM5hyyuPJVvzCeCu41M0WPGIG2UeIpg http://www.lexpress.fr/info/infojour/afp.asp?id=4846&1034