Bien que prévu dans la constitution du 18 janvier 1996, ce n’est que cette année que le Senat sera mis en place au Cameroun. Jusqu’ici, le parlement camerounais ne fonctionnait qu’avec une seule chambre, l’assemblée Nationale. Et, le Président de cette assemblée était jusqu’ici la deuxième personnalité du pays, au lieu du Président du Senat, comme le veut la constitution de 1996.
Au « perchoir » de l’assemblée nationale camerounaise depuis 1992, Cavaye Yeguié Djibril, était et reste jusqu’à l’heure actuelle la 2e personnalité du pays. Et, en cas de vacance de la présidence de la République, c’est celui-ci qui assumerait l’intérim, jusqu’à l’élection d’un nouveau Président.
Seulement, depuis la convocation du corps électoral en prélude des sénatoriales du 14 Avril prochain, le très honorable Cavaye Yeguié, ne semble plus se sentir à l’aise à la tête de l’assemblée nationale. Car, au soir de la mise en place du Senat, le Président de l’Assemblée Nationale cédera le très prestigieux poste de N°2 de la République au Président du Senat. Un privilège que n’attend visiblement pas abandonner l’actuel PAN. Toutes choses qui l’ont poussé à annoncer qu’il sera lui-aussi candidat aux élections sénatoriales du 14 Avril prochain. Et, à la question de savoir comment fera- t –il de son siège à l’assemblée nationale, l’intéressé a donné la réponse suivante au reporter du quotidien « Le jour » : « Vous devez savoir que je conduis une liste d’hommes et de femmes disponibles qui souhaitent apporter leurs expériences au service du Sénat qui sera mis en place le 14 avril 2013 (…) Je ne démissionnerai que lorsque je serais élu sénateur. Je suis encore le président de la chambre des députés. Je suis un légaliste et démocrate… »
Lui-même originaire du Nord du Cameroun, l’actuel Président de l’Assemblée Nationale voudrait donc migrer vers le Senat où il se ferait facilement élire à la tête, afin de demeurer la 2e personnalité du pays, et assumer l’intérim de Paul Biya, au cas où celui-ci arrivait un jour à démissionner de la Présidence de la République, surtout quand on sait que l’homme fort de Yaoundé a déjà 80 ans, et est au pouvoir depuis 30 ans.
Seulement, le très honorable Cavaye Yeguié Djibril risque de se heurter à une farouche opposition de la part de ses camarades du parti, qui voient en sa démarche, un « orgueil » politique démesuré.
La Présidence de l’assemblée étant déjà au grand nord depuis 1992, l’on n’a pas besoin d’être dans les secrets de Dieu, pour comprendre que Paul Biya attribuera le perchoir du Senat à un autre groupe ethnique. Ainsi, le Grand Nord ne fera plus partie des ethnies en « ballotage favorable » pour succéder à Paul Biya, originaire du Sud du pays.