Stephen Harper : Le bulldozer conservateur du Canada

Depuis les dernières élections fédérales du Canada le 2 mai 2011, nous faisons face, Canadiens et Canadiennes, au règne majoritaire des conservateurs de Stephen Harper. Avec la « majorité » derrière lui, le premier ministre du Canada semble se faire une joie de gouverner le pays à sa manière. D’ailleurs, depuis le début de la session parlementaire, M. Harper a déjà usé 7 fois de son pouvoir du bâillon que lui accorde son statut majoritaire. Déjà, la chambre des communes commence à s’indigner des manœuvres du premier ministre. Dernièrement, un député néo-démocrate de Winnipeg, Pat Martin, s’est enragé sur son twitter face aux conservateurs, en usant du fameux mot anglais commençant par « f ». Ce qui a fait déborder le vase pour ce député, c’est qu’«au moment de clore le débat sur le budget, les conservateurs on invectivés les néo-démocrates, les traitant de «casse-pieds» et affirmant que le débat, de toute façon, avait été fait durant la dernière campagne électorale qui les a menés à la majorité»

Au Canada, nous usons présentement du scrutin uninominal majoritaire à un tour, la forme de vote la plus simple que l’on puisse rencontrer. Les électeurs doivent d’abord choisir un candidat parmi plusieurs. On compte alors le nombre de voix obtenues par chaque candidat. Celui qui recueille le plus de voix remporte alors ses élections. Finalement, il faut ajouter que le parti ayant le plus de candidats élus passe au pouvoir. Rien de bien compliqué jusque-là. Par contre, le principal défaut de ce système est qu’il permet l’élection d’un représentant qui peut se révéler être majoritaire, mais élu par une minorité de la population. C’est précisément ce qui s’est produit avec les dernières élections fédérales. «Rappelons que ce gouvernement jouit d’une majorité aux Communes, mais qu’il n’a été élu que par 39,6% des Canadiens [ayant votés] (16,5% au Québec, une province particulièrement malmenée par le bulldozer).» Étrange non? Pourquoi un gouvernement obtiendrait-il la majorité en chambre alors que plus de 50% des électeurs n’ont pas voté pour lui? Avec une telle majorité, on obtient le pouvoir de faire taire l’opposition en imposant le «bâillon»; comment un gouvernement peut-il se permettre de dire « vos yeules » à plus de 50% de la populace? C’est justement pour remédier à ce problème que des alternatives existent. Au niveau provincial, Québec Solidaire propose d’utiliser le scrutin proportionnel mixte. On peut voir en leur démarche une lueur d’espoir pour ce qui est d’une meilleure représentation électorale. Ils affirment sur leur site internet qu’«un mode de scrutin mixte avec compensation régionale assurerait, encore plus que le maintien du nombre actuel de circonscriptions, une meilleure représentation des citoyen-ne-s des régions». Cela permettrait au gouvernement de refléter parfaitement la populace. Si 40% des Canadiens votent pour le parti A et que 60% votent pour le parti B, alors on se retrouve avec justement avec 40% de députés A et 60% députés B. Si le parti A avait gagné ses élections dans un conté, les votes accumulés pour le parti B seraient toujours comptabilisés. Comme ça, tous les votes sont pris en compte et aucun n’est perdu.

Si certains disent qu’il faut impérativement une tête forte à Ottawa, une tête qui peut prendre des décisions dans l’immédiat (soit un gouvernement majoritaire) et bien ils sont dans l’erreur. Le dernier rapport d’élection Canada stipule que 61,4% des Canadiens ont participé aux élections fédérales de 2011. Je reviens encore une fois avec mon 39,6% d’électeurs; un bref calcul nous permet de déterminer que seulement 24% des Canadiens se sont levés ce jour-là avec l’intention de vouloir voir le parti conservateur prendre le pouvoir. Un tel gouvernement ne représente pas la population qu’il incarne! Une tête forte, comme ces gens l’appellent, ne permet plus les discussions qui pourraient faire avancer le pays dans de meilleures voies. Avec le pouvoir du bâillon, on fait taire le reste du peuple, l’empêchant ainsi de participer à l’avancée du pays. Nous assumons donc des décisions qui peuvent être prises (comme c’est le cas présentement) par une minorité de Canadiens : comme détruire les données du registre des armes d’épaule, comme ces nominations d’anglophones unilingues, comme des dépenses de 30 milliards en avions de chasse, comme les baisses d’impôts de 6 milliards aux grandes entreprises qui n’en ont pas besoin et j’en passe! C’est cela que le peuple voulait? Non! Le peuple n’a rien choisi de ça parce que le peuple n’est pas correctement représenté!

On peut évaluer la moralité d’un geste en quantifiant la quantité de plaisir par rapport à la quantité de souffrance, qualifierait les décisions du gouvernement Harper d’immorales! Il serait outré de voir à quel point on prive la majorité des électeurs des décisions qui pourraient être prises en leur faveur (plaisir), pour remplacer cela par des lois imposées de force, qui ne satisferont qu’une minorité de la population (souffrance).Aussi un geste n’est moral que dans la mesure où il favorise le maintien de l’habitabilité de la planète. Exposons les faits; le premier ministre a dit : «Kyoto est essentiellement un complot socialiste qui vise à soutirer des fonds aux pays les plus riches». Alors que des preuves scientifiques démontrent hors de tout doute que le réchauffement climatique nécessite une intervention immédiate et une réduction éclair des émissions de gaz à effet de serre, M. Harper vient clamer haut et fort que le protocole serait un complot socialiste? Rappelons que le Canada est le premier fournisseur de pétrole brut des États-Unis. Mais étrangement, malgré les répercussions environnementales catastrophiques de l’exploitation des sables bitumineux, l’Alberta (qui est en quasi-totalité conservatrice, à un député près) s’est classée première au rang des provinces canadiennes les plus riches, justement grâce à l’industrie pétrolière! Et le premier ministre continue de chérir sa belle Alberta et refuse de collaborer au protocole. Maintient-on l’habitabilité de la planète? Non! Donc si on récapitule, on se retrouve à maximiser la souffrance et à diminuer le plaisir de la population, et ce, au détriment de l’habitabilité de la planète.

Ce qu’il faut voir avec des protestations telles que celles de M. Martin c’est que la chambre des communes semble peu à peu se rendre compte des problèmes que peut apporter un gouvernement majoritaire élu de la sorte. Outre les députés de l’opposition, le peuple s’indigne de telles méthodes. Partout sur la planète, le regard du monde porte vers le Canada et sa mauvaise gestion des gaz à effets de serre (nous avons déjà reçu de nombreux prix fossiles en matière d’environnement). Au Québec, quelques partis plus innovateurs proposent déjà des alternatives au scrutin majoritaire que nous employons. Et à force de voir comment le gouvernement conservateur abuse des coulisses du pouvoir, les gens finiront bien par se rendre compte de la stupidité du système. Les gens doivent se reprendre en main et forger le pays à leur image, qu’ils se lèvent et votent aux élections. Si la véritable majorité du peuple avait élu les conservateurs, ce texte n’aurait pas lieu d’être. Mais comme les choses ne semblent pas vouloir changer d’elles-mêmes, c’est à notre génération de prendre la relève et de façonner notre avenir à tous!


[1] http://www.cyberpresse.ca/chroniqueurs/vincent-marissal/201111/23/01-4470666-harper-le-bulldozer.php

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