Curieux comme vous me connaissez, vendredi, jour de Tabaski, je suis sorti, de bon matin, faire un petit tour dans Dakar, direction Médina. Histoire de voir le moral des moutons.

Je m'approche d'un bélier qui aurait eu belle allure s'il n'était pas mouillé des cornes aux sabots. Il semblait un peu hébété après le premier bain de sa vie. Son dernier aussi, mais ça je ne lui ai pas dit. Après les salutations d'usage, je lui demande s'il savait ce qui provoque une telle effervescence chez les petits et les grands.

Mr Mouton : Vous savez, je ne me soucie pas de ce qui se passe chez les autres, chacun chez soi et les vaches seront bien gardées, comme on dit…

M'adressant à un jeune, tout en pattes, cornes et *** :

Votre serviteur : Savez-vous ce qui se passe ?

Mr Mouton Bis : Je ne sais pas vraiment, mais je suis inquiet. Mon défunt père disait toujours que dès qu'il se passe quelque chose chez les hommes ce sont toujours les moutons qui trinquent… Et là, visiblement, c'est pas jour normal chez les bipèdes…

Un autre, grignotant placidement un carton d'emballage : Permettez-moi tout d'abord de remercier son excellence Me Abdoulaye Wade pour avoir subventionné la nourriture à moutons, ça nous arrange bien… Quant à l'excitation ambiante, je sais pas. Je ne suis arrivé que ce matin du village, alors je suis pas encore vraiment au courant…

M'approchant d'un autre, visiblement apeuré, le cul contre le mur, comme s'il protégeait ses arrières.

Moi : Vous avez une idée de ce qui se passe ici ?

lui : Aucune idée, mais je me méfie. Avant de partir du village, j'ai surpris une conversation, une des personnes disait qu'à Dakar les moeurs sont entièrement perverties et que c'est plein de violeurs et d'homosexuels. Alors, je surveille mes arrières… Vous approchez pas trop s'il vous plait…

Je suis rentré chez moi en me disant que ce que l'on ne peut imaginer ne peut pas vous faire peur.