Black-out sur une légitime contestation

Les informations sur les arrestations et les agitations sociales dans le sud tunisien ces derniers jours, et qui ont monopolisé à certains moments les pages d’information concernant la Tunisie sur le web et via les agences de presse et les médias internationaux, n’ont pas, jusqu’à ce jour reçu, de laissez-passer pour être publiées sur les médias nationaux, moins encore par la radio ou les chaînes de télévision nationales.

Officiellement, il ne se passe rien à Gafsa, à Redeyef, ni ailleurs, et il ne s’est rien passé depuis le début de janvier 2008. Le black-out est total. La presse locale est unanimement disciplinée. Par peur, par connivence ou par lassitude, elle fait partie de l’omerta. C’est ainsi que les Tunisiens sont traités, réduits au silence et laissés dans l’ignorance. Dans l’Etat-parti, la contestation n’existe pas, et même si elle survenait, elle n’a jamais exister. Ici, on ne manifeste que pour dire merci au maîtres du pays.

Pourtant, on ne parle que de ça dans tout le pays. Gafsa, ce n’est pas au Japon, ni en Indonésie, et la Tunisie n’est pas aussi grande que la Russie, mais on oublie que les des deux tiers des tunisiens ont leur cellulaires, et même s’ils en manquait le téléphone arabe continue, lui, à fonctionner parfaitement, et cela tout le monde l’a à sa portée. Alors, que cherche-t-on à cacher ?

Le chômage, qui n’épargne aucune famille? Le mécontentement, causé par les dernières augmentations vertigineuses des prix que plus personne ne supportait, ou ces provocantes inégalités sociales et régionales qui se sont creusés au point qu’il n’est plus possible de les dissimuler? ?

Cet état de fait à un nom. On n’a pas besoin d’être tellement érudit pour trouver le qualificatif qui doit lui être appliqué. C’est l’échec comme bilan. On tient à ne pas le dévoiler en cette période charnière pour un président qui s’apprête à son auto reconduction pour un cinquième mandat de cinq ans et pour un parti qui s’est approprié le pouvoir en exclusivité depuis plus de cinquante ans.

Non à une colonisation interne

Il y a un vers dans l’hymne national que les Tunisiens ont l’habitude de scander avec euphorie, il dit : « … on meurt, on meurt pour que vive la patrie ». Ne sommes-nous pas arrivés à un stade où il est légitime de se demander si on n’est pas sacrifiés, réellement, au profit de quelques corrompus !

La région du Bassin minier du sud-ouest dont on veut occulter la contestation a permis à la Tunisie de figurer depuis l’indépendance dans les cinq premiers rangs des producteurs mondiaux du phosphate avec une moyenne de production de plus de huit millions de tonnes par an pour les dix dernières années.  Ce produit, en plus des ressources qu’il génère par son exportation, a permis au pays d’avoir sa plus importante et lucrative industrie. A l’échelle mondiale, l’industrie tunisienne des phosphates occupe la 3ème place parmi les plus grands opérateurs internationaux dans cette activité.

Face à de telles performances, que peut-on demander de plus à nos citoyens de la région de Gafsa et que doit-on leur répondre quand on voit la situation de désolation que présente leur région, une situation de marginalisation et de spoliation dans laquelle sont laissés ses enfants? N’est-il pas temps de se poser la question de savoir si cette fortune n’a pas profité à ceux qui l’ont produite, et à qui a-t-elle profité ? Qu’a-t-on fait de mieux que le colonisateur par sa nationalisation, les résultats ne sont-il pas pire qu’ils ne l’étaient?.

Il serait temps de revoir notre sens de l’équité et d’asseoir une nouvelle conception de notre politique d’équilibre régional. N’est-il pas contradictoire de voir que les régions les plus délaissées sont précisément celle qui apportent le plus à l’économie nationale et à sa prospérité? Ce sera une erreur de croire que ces régions demandent de l’aumône au pouvoir ou à leur voisins du littoral fortunés. Elles ne demandent qu’une partie de ce qui leur revient de droit, du prix de leur phosphate, de leur pétrole, de leurs eaux et des moissons de leurs terres.

Arrêtez votre Hogra qui ne fait qu’envenimer les tensions

Le comble du mépris n’est pas ce silence assourdissant du gouvernement et des médias nationaux sur ce qui s’est passé dans cette région mais la version officielle de la situation qui a été mise en avant :

Les habitants de Gafsa ont, dit-on officiellement, manifesté de joie jeudi par « une marche imposante à travers les artères de la ville et à laquelle ont participé spontanément de nombreux citoyens et citoyennes, toutes catégories d’âge confondues, des militants du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), des représentants des composantes de la société civile et des cadres régionaux et locaux, venus de toutes les délégations du gouvernorat pour exprimer leur reconnaissance au président Zine El Abidine Ben Ali »

Cette manifestation « spontanée » s’est déroulée suite à « la mesure qu’il a prise concernant la réduction de 2011 à 2009 des délais du parachèvement des travaux d’aménagement de réservoirs des laveries de phosphate, à Redeyef, Moularés, M’dhilla 1 et 2. » Ils n’ont par ailleurs pas manqué de « réitéré leur appel au président Ben Ali pour présenter sa candidature à l’élection présidentielle de 2009, afin de poursuivre le processus de réforme et de changement que connaît la Tunisie, depuis le 7 novembre 1987. » 

C’est ainsi qu’on a pris l’habitude de se moquer des Tunisiens tout en leur volant leur bien et en les spoliant de leurs droits. Le texte, rapporté à la lettre par tous les médias en arabe comme en français, est une dépêche de l’agence de presse nationale TAP. On peut lire en bas de la photo qui illustrait la comédie organisée les remerciements de l’agence pour le journal du parti RCD « Le Renouveau » de le lui avoir envoyé pour comprendre comment et ou la dépêche à été rédigée et pour qui fonctionne cette institution financée par notre argent.

Il serait temps de dire à ces nervis, profiteurs corrompus, qui confectionnent tant de mensonges en croyant occulter la vérité, que Redeyef, comme n’importe quel autre village de la Tunisie, peut devenir à tout moment le Timisoara de leur système et de leur parti, comme ce qui s’est passé en Roumanie, même s’il est vain de conseiller des éborgnés têtus.

Yahyaoui Mokhtar – Samedi 12 Avril 2008

Black-out sur une légitime contestation

Les informations sur les arrestations et les agitations sociales dans le sud tunisien ces derniers jours, et qui ont monopolisé à certains moments les pages d’information concernant la Tunisie sur le web et via les agences de presse et les médias internationaux, n’ont pas, jusqu’à ce jour reçu, de laissez-passer pour être publiées sur les médias nationaux, moins encore par la radio ou les chaînes de télévision nationales.

Officiellement, il ne se passe rien à Gafsa, à Redeyef, ni ailleurs, et il ne s’est rien passé depuis le début de janvier 2008. Le black-out est total. La presse locale est unanimement disciplinée. Par peur, par connivence ou par lassitude, elle fait partie de l’omerta. C’est ainsi que les Tunisiens sont traités, réduits au silence et laissés dans l’ignorance. Dans l’Etat-parti, la contestation n’existe pas, et même si elle survenait, elle n’a jamais exister. Ici, on ne manifeste que pour dire merci au maîtres du pays.

Pourtant, on ne parle que de ça dans tout le pays. Gafsa, ce n’est pas au Japon, ni en Indonésie, et la Tunisie n’est pas aussi grande que la Russie, mais on oublie que les des deux tiers des tunisiens ont leur cellulaires, et même s’ils en manquait le téléphone arabe continue, lui, à fonctionner parfaitement, et cela tout le monde l’a à sa portée. Alors, que cherche-t-on à cacher ?

Le chômage, qui n’épargne aucune famille? Le mécontentement, causé par les dernières augmentations vertigineuses des prix que plus personne ne supportait, ou ces provocantes inégalités sociales et régionales qui se sont creusés au point qu’il n’est plus possible de les dissimuler? ?

Cet état de fait à un nom. On n’a pas besoin d’être tellement érudit pour trouver le qualificatif qui doit lui être appliqué. C’est l’échec comme bilan. On tient à ne pas le dévoiler en cette période charnière pour un président qui s’apprête à son auto reconduction pour un cinquième mandat de cinq ans et pour un parti qui s’est approprié le pouvoir en exclusivité depuis plus de cinquante ans.

Non à une colonisation interne

Il y a un vers dans l’hymne national que les Tunisiens ont l’habitude de scander avec euphorie, il dit : « … on meurt, on meurt pour que vive la patrie ». Ne sommes-nous pas arrivés à un stade où il est légitime de se demander si on n’est pas sacrifiés, réellement, au profit de quelques corrompus !

La région du Bassin minier du sud-ouest dont on veut occulter la contestation a permis à la Tunisie de figurer depuis l’indépendance dans les cinq premiers rangs des producteurs mondiaux du phosphate avec une moyenne de production de plus de huit millions de tonnes par an pour les dix dernières années.  Ce produit, en plus des ressources qu’il génère par son exportation, a permis au pays d’avoir sa plus importante et lucrative industrie. A l’échelle mondiale, l’industrie tunisienne des phosphates occupe la 3ème place parmi les plus grands opérateurs internationaux dans cette activité.

Face à de telles performances, que peut-on demander de plus à nos citoyens de la région de Gafsa et que doit-on leur répondre quand on voit la situation de désolation que présente leur région, une situation de marginalisation et de spoliation dans laquelle sont laissés ses enfants? N’est-il pas temps de se poser la question de savoir si cette fortune n’a pas profité à ceux qui l’ont produite, et à qui a-t-elle profité ? Qu’a-t-on fait de mieux que le colonisateur par sa nationalisation, les résultats ne sont-il pas pire qu’ils ne l’étaient?.

Il serait temps de revoir notre sens de l’équité et d’asseoir une nouvelle conception de notre politique d’équilibre régional. N’est-il pas contradictoire de voir que les régions les plus délaissées sont précisément celle qui apportent le plus à l’économie nationale et à sa prospérité? Ce sera une erreur de croire que ces régions demandent de l’aumône au pouvoir ou à leur voisins du littoral fortunés. Elles ne demandent qu’une partie de ce qui leur revient de droit, du prix de leur phosphate, de leur pétrole, de leurs eaux et des moissons de leurs terres.

Arrêtez votre Hogra qui ne fait qu’envenimer les tensions

Le comble du mépris n’est pas ce silence assourdissant du gouvernement et des médias nationaux sur ce qui s’est passé dans cette région mais la version officielle de la situation qui a été mise en avant :

Les habitants de Gafsa ont, dit-on officiellement, manifesté de joie jeudi par « une marche imposante à travers les artères de la ville et à laquelle ont participé spontanément de nombreux citoyens et citoyennes, toutes catégories d’âge confondues, des militants du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), des représentants des composantes de la société civile et des cadres régionaux et locaux, venus de toutes les délégations du gouvernorat pour exprimer leur reconnaissance au président Zine El Abidine Ben Ali »

Cette manifestation « spontanée » s’est déroulée suite à « la mesure qu’il a prise concernant la réduction de 2011 à 2009 des délais du parachèvement des travaux d’aménagement de réservoirs des laveries de phosphate, à Redeyef, Moularés, M’dhilla 1 et 2. » Ils n’ont par ailleurs pas manqué de « réitéré leur appel au président Ben Ali pour présenter sa candidature à l’élection présidentielle de 2009, afin de poursuivre le processus de réforme et de changement que connaît la Tunisie, depuis le 7 novembre 1987. » 

C’est ainsi qu’on a pris l’habitude de se moquer des Tunisiens tout en leur volant leur bien et en les spoliant de leurs droits. Le texte, rapporté à la lettre par tous les médias en arabe comme en français, est une dépêche de l’agence de presse nationale TAP. On peut lire en bas de la photo qui illustrait la comédie organisée les remerciements de l’agence pour le journal du parti RCD « Le Renouveau » de le lui avoir envoyé pour comprendre comment et ou la dépêche à été rédigée et pour qui fonctionne cette institution financée par notre argent.

Il serait temps de dire à ces nervis, profiteurs corrompus, qui confectionnent tant de mensonges en croyant occulter la vérité, que Redeyef, comme n’importe quel autre village de la Tunisie, peut devenir à tout moment le Timisoara de leur système et de leur parti, comme ce qui s’est passé en Roumanie, même s’il est vain de conseiller des éborgnés têtus.

Yahyaoui Mokhtar – Samedi 12 Avril 2008

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