Sexualité et handicap

On nous avait parlé d’une éventuelle création, en France, du statut d’assistant sexuel pour handicapés. Il faut rappeler que cette assistance sexuelle est apparu aux Pays-Bas en 1980 et existe aussi au Danemark, en Allemagne et en Suisse. Peu de personnes font ce métier et elles sont suivies par des psychologues: ce n’est pas de la prostitution, c’est réellement se donner à l’autre pour lui permettre de retrouver du plaisir sans tomber dans le voyeurisme ou la perversion. Il ne s’agit pas toujours d’acte sexuel mais plutôt de sensualité, les personnes handicapées (surtout moteur) ayant honte d’elles. Il est normal de leur faire comprendre qu’elles peuvent également avoir du plaisir malgré leur handicap. Le plaisir ne passe pas toujours par un rapport bestial.

Par expérience, je sais qu’il est très difficile de donner du plaisir à une personne handicapée: c’est un acte courageux et il faut prendre beaucoup sur soi pour voir en l’autre autre chose qu’un corps mutilé. Ce n’est pas évident du tout surtout quand il faut tenter de donner l’impression à sa/son partenaire que c’est une personne normale qui a le droit, elle aussi, au plaisir.

Il est vrai qu’il y a toutes formes de handicap, certaines étant plus supportables que d’autres. Malgré tout, ce métier part d’une bonne intention mais il faut vraiment veiller à ce que les assistants recrutés fassent leur travail sérieusement: le but n’est pas d’assouvir un fantasme pervers mais de permettre à des personnes qui souffrent et qui ont une mauvaise image d’elles-mêmes de se sentir "normales", de retrouver des sensations qu’elles pensaient perdues à jamais. C’est une façon de les aider à se reconstruire et à supporter leur handicap, leur (nouvelle) vie.

Il est vrai que pour une personne handicapée, le seul moyen d’accéder à la sexualité est le recours aux prostituées, quand elles le veulent bien. La société nous conditionne à rejeter le handicap donc il est très difficile pour elles/eux de trouver des partenaires. Un sentiment de honte et de culpabilité mais aussi de frustration peut survenir et conduire à des actes graves dans les cas extrêmes. Les assistants sexuels sont aussi là pour empêcher cela: ce n’est pas parce que le corps ne réagit plus beaucoup que le cerveau ne produit plus d’hormones, il faut donc arriver à le satisfaire en trouvant de nouvelles façon d’éprouver du plaisir, même si une sexualité normale n’est pas souvent envisageable.

Dans une société moderne qui veut traiter avec respect et dignité tous ses concitoyens, c’est un sujet qui fait certes beaucoup grincer des dents (surtout parce que c’est pris en charge par la sécurité sociale) mais dont on doit débattre pour trouver des solutions adaptées. Ce n’est pas une légalisation d’une certaine forme de prostitution, c’est permettre aux handicapées de retrouver une vie normale en leur évitant le recours à des méthodes perverses ou illégales. Ce n’est pas parce qu’on est en fauteuil roulant que le plaisir doit se limiter à des films érotiques ou pornographiques sans aucun contact, sans aucune chaleur humaine. C’est uniquement ce que les handicapés réclament et il faut en prendre conscience.

17 réflexions sur « Sexualité et handicap »

  1. Un sujet tabou qui « dérange ».
    Merci Enguy d’en parler et de bien montrer qu’on n’est pas tous égaux comme voudrait nous le faire croire la déclaration des droits de l’Homme.

  2. Bonjour Ludo,
    A chaque fois qu’on parle de sexualité cela dérange. On n’aime pas non plus parler des handicapés, alors les 2 ensemble…
    On essaie de nous faire croire que les handicapés sont des êtres pervers qui ne tombent que dans la débauche et sont sexuellement déviants parce qu’ils ne peuvent plus avoir de sexualité dite « normale ».
    C’est totalement faux:
    – d’une part une personne handicapée ne recherche pas forcément un acte sexuel mais de la chaleur humaine, un contact humain perdu du fait de son rejet par la société
    – il y a de nombreuses façon d’éprouver du plaisir et ce n’est pas parce que le bas du corps ne « fonctionne » plus qu’il n’éprouve pas des sensations, contrairement à ce qu’on prétend.

  3. Bonsoir à tous.

    Question compliqué, Réponse super simple—->>Si l’assistant sexuel se fait Payer, c’est de la PROSTITUTION…..

    HIAWATHA

  4. Bonjour Hiawatha,
    Je crois qu’il faut aller au-delà de ce débat. La question n’est pas: est-ce de la prostitution ou non, mais qui aura le courage de leur donner du plaisir en pensant véritablement à leur bien-être, en ne voyant que des êtres humains en eux?
    Posez-vous la question: si vous rencontrez une personne handicapée, peut-elle être susceptible de vous attirer sur le plan sexuel? Si non, demandez-vous pourquoi et si vos raisons sont bonnes.
    Cordialement,
    Enguy

  5. Ne pas appeler ça « prostitution » me paraît un peu hypocrite. Une personne serait payée pour réaliser une prestation d’ordre sexuel…
    Ce n’est pas pour ça que c’est une mauvaise chose.

    Ce qui me paraît encore plus hypocrite, c’est que nous avons des centaines de milliers de professionnelles qui travaillent pour assouvir les besoins de non-handicapés qui sont tout simplement trop minables pour se débrouiller autrement.
    Ça ne choque personne, en tout cas pas au point que des moyens importants soient déployés pour y mettre fin. Bien.
    Mais maintenant qu’on assume, et qu’on légalise ce genre de choses, au moins dans le cas décrit dans l’article.

    Là, au moins, ça aurait un intérêt moral (bien que cela soit moralement discutable).

  6. Merci pour vos commentaires.

    Poissonrouge > Quand on parle de prostitution, il y a une connotation péjorative. Se prostituer ne se fait ni de plein gré ni de gaieté de coeur ! Ce n’est pas ce dont on parle ici : on parle d’un acte d’amour (attention : pas le sentiment amoureux) qui consiste à ne plus voir en l’autre un individu amoindri mais une personne qui doit redécouvrir le plaisir d’une façon ou d’une autre. Le rapport, l’acte sexuel n’est pas une obligation. C’est fondamentalement différent mais il faut l’avoir vécu pour pouvoir comprendre la différence. Quand on veut le faire correctement, c’est vraiment difficile car ce n’est pas une question de sexualité mais bien un service qui vise à redonner un peu de dignité à une personne handicapée. Envoyer une simple prostituée faire cela c’est ne rien comprendre au problème.

  7. Il y a une connotation quand on s’accroche à notre stupide culture chrétienne, mais sinon…
    Après, que ça ne soit pas tout à fait pareil, je veux bien le croire, mais n’empêche que ça reste une prestation sexuelle, certes sans doute assortie d’un soutien psychologique.

  8. Enguy, si c’est un acte d’amour, alors pas besoin de se faire payer pour ça. Les handicapés peuvent s’aimer entre eux et il y a des non handicapés qui aiment des handicapés et qui peuvent avoir des calins, contacts corps à corps, caresses etc. Ils n’ont qu’à se former dans ces cas-là pour ne pas faire de mal. Quand à embaucher des personnes exprès pour ça, je suis contre. Si le plaisir est un droit, alors faut pas oublier les autres aussi comme les gros, les moches, les timides, les pédophiles, les zoophiles, les pervers etc.
    Non, je n’approuve pas du tout cela !

  9. Bonjour Nathalie,
    C’est le poids de la société qui vous pousse à penser ainsi. Il faut franchir cette barrière, passer au-delà de tout cela. Vous comprendrez alors de quoi il est réellement question.
    Essayez de vous mettre à la place d’un handicapé, prisonnier d’un corps qui ne peut plus grand chose, mais qui éprouve encore du désir alors qu’il ne voit que le dégoût dans les yeux des autres. Les assistant(e)s sexuels ne sont pas des prostitué(e)s mais des êtres humains plein de compassion. Il faut avoir un mental fort pour arriver à donner du plaisir à un handicapé, je vous assure que ce n’est pas évident du tout.

  10. [b]Enguy[/b], vous dîtes : [i] »Il faut avoir un mental fort pour arriver à donner du plaisir à un handicapé, je vous assure que ce n’est pas évident du tout. » [/i] Et c’est là justement où il peut y avoir un hic. Combien de mac vont imposer à leurs nanas d’aller faire ça avec ces handicapés ? Pouvez-vous vous imaginer la pression pour elles ? Ils n’ont qu’à inventer un robot masturbateur ou je ne sais quoi ? Je peux comprendre la situation de ces handicapés coincés dans leurs corps avec leurs désirs. Mais devons-nous leur apporter ce soutien au détriment des femmes à qui on imposera cela ?

    J’ai aussi écrit un petit article à ce sujet mais peut-être pas assez développé… [url]http://www.come4news.com/assistanat-sexuel-et-puis-quoi-encore-241936[/url]

  11. Nathalie > Là, vous faîtes allusion à la prostitution. Etre assistant sexuel n’a rien à voir ! Il faut un suivi psychologique pour s’assurer qu’il n’y a aucune perversion et le rapport sexuel n’est pas obligatoire. C’est permettre à l’individu de se rassurer et de retrouver du plaisir. Cela fait partie de sa thérapie. Il n’y a aucun rapport avec de la prostitution mais les opposants à ce projet font toujours l’amalgame, ce qui est une grave erreur.

  12. OK. Mais à votre avis, ce sera des assistants ou des assistantes ? Ma main au feu qu’il n’y aura pas d’égalité à ce niveau. SI cela se fait les handicap[u]és[/u] bénéficieront certainement plus de ces faveurs que les handicap[u]ées[/u]. Avez-vous des témoignages de personnes, hommes et femmes, prêts à faire ce job ? Je voudrais bien les lire.

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