On va bientôt voter au Sénégal. Tous les politiciens présents (quasiment) sont de vieux chevaux de retour : Niasse, Dansokho, Bathily, Savane, Wade font partis de décor politique du Sénégal depuis 30 ans. Seck et Tanor sont de la nouvelle génération, MAIS élevés dans la tradition… Et, hormis le PS les partis n'existent que par et pour leur leader/créateur.
Ces gens sont ceux qui ont fait le Sénégal tel qu'il est ou plus exactement qui n'ont pas fait le Sénégal. Cette génération a prouvée son incapacité à moderniser le pays.
Et comme on ne fait pas du neuf avec du vieux…
Il n'y a pas de différence qualitative entre tous ces gens là, fondamentalement identiques, même père même mère. Leurs visions de la société, de l'avenir, de leurs responsabilités sont similaires.
Je ne suis pas autrement surpris de ce qui se passe chez nous. La démocratie ne se fait pas AVEC les politiciens, elle se fait CONTRE les politiciens. La démocratie ne devient une réalité que quand les politiques sont OBLIGES de faire attention à la population, de l'entendre un minimum et d'essayer de répondre à ses attentes. La démocratie n'est vivante que quand les politiques ont peur des réactions de la population. En d'autres termes, quand la population cesse d'être un mouton et apprend à mordre…
Il est illusoire et angélique de croire que ceux qui ont le pouvoir vont en concéder des parcelles sans y être contraints. La démocratie n'est jamais donnée elle est toujours arrachée. L'histoire de la démocratie européenne le prouve. Ce ne fut que longues luttes opiniatres et douloureuses, souvent sanglantes. Les avancées démocratiques n'ayant été concédées que miettes par miettes.
Tant que les populations ne sont sont pas appropriés un minimum de principes démocratiques, les politiques sont les maitres absolus du jeu. Or aujourd'hui, les principes démocratiques ne font pas partis du vécu de la population sénégalaise. La survivance des traditions féodales, la gérontocratie, le pouvoir héréditaire, le népotisme, le sexisme qui continuent à régenter notre société nous le prouvent tous les jours.
Je n'en suis pas étonné, parce que l'on ne change pas un peuple en une génération ni même en deux, à plus forte raison si rien n'est entrepris pour l'aider à évoluer. Or, jamais rien n'a été entrepris dans ce sens.
Les leaders d'opinion, essentiellement les pouvoirs religieux font tout pour que rien ne change. Et pour cause, leur pouvoir et leur richesse sont basés essentiellement sur l'hérédité, le culte de la personnalité et l'obéissance. Il n'y a donc pas à attendre d'eux une quelquonque dynamique de changement .
Or, ce sont quasiment les seules autorités. Les "intellectuels", dans le sens d'hommes et de femmes réfléchissant au fonctionnement social et à l'évolution d'un peuple sont inexistants. Le terme, très utilisé en Afrique, ne recouvre que des gens ayant faits des études et non des penseurs engagés dans le mouvement social.
Globalement, le syndicalisme est corrompu, inféodé aux partis, les (vraies) associations inexistantes, le militantisme et le bénévolat sont encore à inventer…
Je ne demande pas la lune, je sais que je ne verrai jamais une réelle démocratie au Sénégal, mais j'aimerai pouvoir me dire que j'ai participé à son instauration… pour mes enfants un peu, pour mes petits enfants beaucoup…
Mon texte est un constat de dépit. Aux prochaines élections je vais encore voter pour quelqu'un qui ne me plait guère et en qui je n'ai pas réellement confiance pour changer notre avenir. Je choisirai le moins pire…
Ce n'est pas dans la politique sénégalaise qu'il manque quelque chose, c'est dans la société !
Le jeu politique dans un pays n'est que le reflet des rapports sociaux de cette société. Et dans ce sens, on peut dire que les sociétés ont les politiques qu'elles méritent. C'est vrai au Sénégal.