Sécurité sociale : le début du grand changement

On a beaucoup applaudit l’un des grands chefs-d’oeuvres de De Gaulle: l’accès à la santé pour tous. Qui serait contre ?

Mais on a sans doute oublié de prendre en compte un autre élément important : le grand changement de démarche qu’une telle avancée implique.

Avant, vous alliez chez le médecin quand vous aviez besoin, vous payiez une prestation (en l’occurrence une prestation de santé).

Aujourd’hui, vous allez toujours chez le médecin en cas de besoin,  mais vous ne payez plus la prestation, parce qu’au préalable, vous avez payé vos cotisations.

Autrement dit, vous ne payez plus les soins mais l’accès aux soins.

Vous ne payez plus une prestation mais l’accès à une prestation.

Ce changement de démarche devrait s’étendre à d’autres domaines : le cinéma, la musique, et pourquoi pas demain les transports, la nourriture et le logement ?

Pour le cinéma et la musique, la mutation a déjà commencé : lisez les articles sur le piratage informatique, prennez connaissance du discours des pirates. Ils nous disent à peu près ceci :

"Au 21e siècle, il sera techniquement possible d’accéder gratuitement à la culture, de télécharger tout film et tout morceau de musique sans payer et ce quelles que soient les lois qui passeront, quel que soit le nombre de cyber-policiers qui seront embauchés"

Ces rois de l’informatique savent de quoi ils parlent.

Mais qu’est-ce que ça veut dire ?

Ça veut dire que, dans le domaine cinéma/musique, le modèle économique qui consistait à faire payer à un client une prestation (le droit de voir un film en salle ou chez lui) est obsolète.

L’époque où le client payait pour chaque film et chaque morceau de musique est révolue.

Si vous voulez continuer à rémunérer les artistes, il faut inventer un autre système où le client paierait l’accès illimité à la culture.

Il y a encore 10 ans, on n’aurait jamais crû qu’un tel changement interviendrait dans le domaine de la culture.

La question qui se pose est donc la suivante : est-ce que ce système qui consiste à payer l’accès à des prestations et non plus les prestations elles-mêmes peut se généraliser à tout ?

Si on généralise ce principe à l’extrême, c’est tout le fonctionnement de la société qui change : 
il n’est alors même plus nécessaire d’avoir une monnaie pour aller faire des achats, puisque travailler vous donnerait accès à tous les biens de consommation produits par la société.

11 réflexions sur « Sécurité sociale : le début du grand changement »

  1. Ah ! Allons-nous vers une nouvelle ère révolutionnaire ? Est-ce un « mal » pour un « bien » ?

  2. je suis d’accord avec toi poissonrouge !!
    internet c’est comme la télé en noir et blanc nous sommes qu’aux début de grand changement et bouleversement sociaux et intellectuel mais sommes nous prêt?

  3. Monoxygène,
    Pour l’instant, non.
    Un changement de mentalité important est nécessaire au préalable, car un cap important doit être franchi : pour le moment, les gens adhèrent au système de la sécurité sociale parce qu’ils y sont obligés.
    Dès qu’on peut éviter de déclarer une prestation…

    Pour que ce système se généralise à tout, il faut que les gens soient capables de ne plus chercher du tout leur intérêt immédiat.
    Qu’ils soient capables de comprendre qu’ils défendent leur intérêt en défendant celui de la société, et non directement.

    Si vous faîtes la grande transition maintenant, il est évident que beaucoup de gens vont profiter des biens de consommations sans contribuer à les produire (ou en tout cas le moins possible).
    Le nouveau système ne sera donc pas viable (il faut bien que ce qu’on consomme soit produit).

  4. [b]Je suis, en silence, mais je suis cette conversation à laquelle j’ai déjà participé sous un autre article!
    Je vous lis poissonrouge, et (lol, lol, lol, ) si vous dérapez, j’arrive..
    Amitiés
    Sophy[/b]

  5. Ma carte de Sécurité Sociale remonte à 1945. Les tous débuts. Quel changement. Je me souviens lorsque nous allions chez le médecin (on n’en abusait pas tout content de savoir
    que la consultation serait remboursée) Ensuite on allait à la Sécu pour être remboursé. Je ne me souviens plus si les médicaments étaient remboursés c’est un souvenir lointain. Depuis que de chemin parcouru. Avec la puce dans toutes les cartes on nous suit pas à pas. Rentrés
    dans le quotidien on ne peut plus s’en passer. Il y en a combien dans le porte-documents de chacun. L’on s’y perd…..
    Bonne idée d’en avoir parler dans cet article . Félicitations.

  6. Eleina,
    Ce n’est pas de la sécu en elle-même que je parle dans cette article, mais du changement de système.

  7. Réponse à Anidom Nidolga,
    Lequel me demandait sous un autre article à peu près ceci : « Le monde a toujours été capitaliste, comment et pourquoi cela changerait-il ».
    Pardonnez mon esprit d’escalier, mais je n’ai pas pensé, sur le coup, à employer le mot de [i] »convention »[/i].
    Nous vivons au milieu de règles qui ont été fixées par convention :

    Nous roulons à droite. Mais pourquoi pas à gauche ?

    Ces conventions sont devenues tellement évidentes dans notre vie quotidienne, que nous ne pensons même plus à les remettre en cause. Je vous accorde que décider de rouler à gauche n’aurait pas grande utilité, l’important n’étant pas le côté, mais l’uniformité (tout le monde doit rouler du même).

    Je vous propose un autre exemple : les nombres.
    Pour écrire un nombre supérieur ou égal à 10, il nous faut aligner plusieurs chiffres.
    Je suis sûr que 90% des gens ne se sont jamais demandés pourquoi on utilisait 10 chiffres (en comptant le 0). Pourquoi pas 12 ou 22 ?
    On vous a appris à compter dès votre plus jeune âge, et avouez que vous n’avez jamais cherché vraiment à répondre à cette question.
    Pire : vous n’avez jamais cherché à savoir si utiliser plus ou moins de chiffres ne serait pas mieux !

    Il se trouve qu’utiliser une base 64 (64 chiffres), comme le faisaient les babyloniens, offre de nombreux avantages (c’est lié au fait que 64 a beaucoup de diviseurs).

  8. Tout ça pour vous dire que, comme pour les chiffres, nous avons fixés des tas de conventions, soit arbitrairement, soit parce qu’elles nous paraissaient adaptées.

    L’une d’elles est celle qui consiste à travailler pour obtenir un salaire, sous forme d’argent (monnaie), puis à payer pour acquérir des bien de consommation.

    Je ne sais pas si il faut en changer maintenant.
    Mais je pense qu’il faut avoir à l’esprit que ce n’est pas un mode de fonctionnement obligatoire, ce n’est qu’une convention avec ses avantages et ses défauts.
    Posons-nous en permanence la question suivante : [b]ne pourrait-on pas en trouver une meilleure ?[/b]

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