Le plan de communication présidentiel a placé sous les feux de l'actualité son divorce le même jour que la grande grève, plus suivie encore qu'au plus fort de la mobilisation de 1995. On pourrait gloser sur le fait que les Sarkozy nous ont servi une jolie comédie spécialement pour l'élection, en faisant mine d'être toujours ensemble : "J'ai fait mon devoir, j'ai emmené Nicolas là où il fallait qu'il aille", dirait à ses proches Cécilia, à en croire Le Nouvel Observateur.
Mais non, ce sujet ne doit pas éclipser la bonne nouvelle du jour : toute l'opinion n'est pas anesthésiée par les médias dominants qui, à grands coups de sondages, accréditent l'idée que le président Sarkozy a le soutien des Français et qu'il n'existe pas d'opposition à sa politique. Mais quels enseignements tirer de ces sondages quand on voit BVA affirmer que l'opinion considère à 55% que la grève est injustifiée et CSA proclamer que 54% des sondés se prononcent en faveur de la même grève ?
"CGT, FSU, FO, CFDT : solidaires, ensemble public-privé pour la défense de nos pensions, salaires, emplois et retraites", comme le proclamait la banderole de tête du défilé marseillais, au son de Massilia Sound System et son tube "Tout le monde ment, le gouvernement ment énormément", mais aussi contre les franchises médicales, la privatisation de l'école ou les expulsions de sans-papiers : les 130 manifestations organisées dans toute la France ont cristallisé tous les mécontentements et réuni 150 000 personnes d'après la police et 300 000 d'après les syndicats. Un sérieux tout de chauffe avant d'intensifier les luttes. "C'est un premier avertissement réussi", se félicite ainsi Olivier Besancenot de la LCR, qui fait le pari qu'il va "donner naissance à une mobilisation sociale prolongée pour contraindre le gouvernement à renoncer à ses projets politiques".
"La journée de mobilisation contre la réforme des retraites prend une dimension exceptionnelle", lui fait écho le PCF, qui poursuit qu' "il serait irresponsable pour le gouvernement de recommencer l'entêtement du CPE". Justement, du côté du pouvoir, Sarkozy fait savoir qu'il "ira jusqu'au bout" et François Fillon déclare que "l'harmonisation à quarante annuités de la durée des cotisations de retraite de tous les Français, c'est un sujet qui n'est pas négociable". Ces deux hypocrites font mine de défendre la justice et l'équité : est-ce juste que chacun cotise 40 annuités sans que soit tenu compte de la pénibilité ?
Les travailleurs qui ne sont jamais chez eux le week-end et pour les fêtes, ceux qui font les trois huit, ceux qui se bousillent le corps à force de tâches physiquement harassantes (combien de salariés du bâtiment avec le dos en miettes ?), ceux qui sont exposés aux maladies et accidents professionnels, tous ceux-là devraient cotiser aussi longtemps que les autres ? Et l'on sait en outre que ce n'est qu'un début et que la droite compte bien rallonger toujours davantage la durée de cotisation, Fillon l'a déjà annoncé. Peut-on encore conduire un train ou se livrer à des travaux de force à 65 ans ? Au final, puisqu'on ne pourra pas travailler plus longtemps (voir l'édifiant taux de chômage des séniors), la majorité des gens sera privée du taux plein et donc condamnée à tenter de survivre avec des retraites de misère. Voilà ce que Sarkozy et sa clique nous cachent. Mais qu'ils persistent donc, qu'ils s'entêtent, qu'ils continuent de prendre les Français pour des imbéciles : rien de tel pour doper la détermination des opposants.
La Sarkozie s'est réveillée ce matin avec un beau mouvement social qui ne demande qu'à s'intensifier. Qu'un terme officiel soit mis à la pantalonnade du vrai-faux couple présidentiel n'y change rien et ne saura faire diversion. Les choses sérieuses commencent, messieurs : les forces de progrès vous ont envoyé le message qu'elles ne vous laisseront pas casser notre modèle social sans se battre. A bon entendeur.
Les étudiants "contre la privatisation de l'école" et les défenseurs des sans-papiers étaient là aussi !
(toutes les photos de cette page ont été prises lors de la manifestation de Marseille)
Français anesthésiés ou pas ?
Bonjour mon « alter-ego » (journaliste anti-Sarko)
Anesthésiés, si l’on en croit les sondeurs… toujours sous le charme de Sarkozy ! voir Monde Diplo, Ramonet et Sarkozy MERLIN L’ENCHANTEUR
Ou les médias ne nous anesthésient pas, plutôt ?
Tu peux lire mon » un casseur nommé Sarkozy » dans mon blog http://r-sistons.over-blog.com ça va dans le sens de ce que tu écris si bien,amitié Eva
Anesthésie
Je redoute que l’auteur de cet article ne soit lui-même anesthésié par un discours de chapelle et de catacombe relèvant d’un autre âge. Ceux là même qui hurlaient à la liberté, s’accrochent bec et ongle à leurs privilèges. Allons ! un peu de sérieux ! au travail ! pour que notre pays se relève et puisse offrir à nos enfants un avenir meilleur. (tiens ça me dit quelque chose…)
Au travail au bénéfice de qui ? Le total des 500 plus importantes fortunes professionnelles est passé, en un an, de 200 à 280 millions d’euros (15% du PIB contre 6% il y a 10 ans). Notre pays n’a jamais été aussi riche. C’est la redistribution qui pêche.