Sarkozy et Bush ne convainquent plus personne…

Nicolas SARKOZY n’a pas pris la mesure de la gravité de la situation si l'on en juge par son discours à l’ONU puis à Toulon, et par les réactions des médias américains, de l'association des usagers de banques et des économistes français.

On ne trouve plus dans ses discours insipides que des bonnes intentions de changer le système, la programmation de nouvelles réunions (encore… mal typiquement français !) mais nul REFORMES… aucun plan détaillé de réforme (“Neither the French president nor other speakers offered a detailed plan for reforme”, Los Angeles Times du 24 septembre).

Les principaux médias américains parlent aussi des contradictions qui ont jalonné le discours du président français, tant sur le rapprochement économique avec la Russie (alors qu’il prenait fait et cause pour la Georgie quelques semaines auparavant) que sur le droit de l’Iran d’accéder au nucléaire civil (en contradiction avec ses postions fermes quelque temps avant sur le danger du nucléaire iranien), etc.

Concernant la crise, l’appel pathétique du président BUSH est un modèle du genre, surtout lorsqu’il reconnaît, ENFIN !, que la patrie est en danger, qu’il faut vite rassembler les forces vives de la Nation, toutes tendances réunies, sous-entendu avec… les spéculateurs ? pour quoi faire ? nous ne le serons peut-être jamais car il est peut-être déjà trop tard pour inverser la route du cyclone Force 5, surtout si on attend le verdict des élections américaines pour prendre des décisions…

La réalité c’est que lui et son gouvernement sont aux abois. En quelques semaines, ils ont nationalisé les pertes des subprimes et renfloué le fleuron de l’assurance mondiale, « mis sous tutelle gouvernementale les deux plus gros organismes de refinancement hypothécaire » – après avoir organisé le sauvetage de Bear Stearns, une des plus grandes banques d’investissement américaine reconnue le magazine Fortune comme la "most admired" société de valeurs mobilières –, et ont laissé couler la cinquième plus grosse banque d’affaires américaine mise sous le chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites. Par ailleurs, ils ont injecté dans l’économie américaine des sommes colossales (des centaines de milliards de dollars), comme jamais ils ne l’avaient fait auparavant, soi-disant pour fluidifier les marchés.

Enfin, Georges Bush, à genoux, a reconnu la gravité extrême de la crise (« Toute notre économie est en danger »), or il y a cinq jours, il disait tout à fait le contraire : « les Américains ont de bonnes raisons de garder confiance dans la solidité de leur économie ».

Les discours du président américain ne sont plus crédibles, comme ceux de sa « dramatic dream team ». Les dirigeants américains ont perdu « la boule » et la boussole, ils s’affolent et prennent des décisions contradictoires et iniques, ET IL N’Y A PLUS DE POTION MAGIQUE A LA MAISON BLANCHE…

 

AFP le 25/09/2008 21h00 

« L'association des usagers de banques "déçue" par les déclarations de Sarkozy

« L'Association française des usagers des banques (Afub) s'est déclarée "très déçue" qu'"aucune réforme concrète" du secteur bancaire n'ait été proposée par Nicolas Sarkozy lors de son discours de politique économique jeudi.

"Le chef de l'Etat a fait un diagnostic réaliste, mais en matière bancaire, on ne nous a posé que des prémisses," a regretté Serge Maître, porte-parole de l'Afub, qui a pour mission de défendre les droits des usagers des banques, interrogé par l'AFP.

"Il nous a indiqué des directions, mais n'a pas proposé de réformes concrètes. Nous sommes très déçus, nous sommes restés sur notre faim," a-t-il déclaré.

"On voulait les conditions d'une régulation du secteur bancaire", a-t-il ajouté.

Le chef de l'Etat a indiqué, dans un discours à Toulon, qu'il fallait "réglementer les banques pour réguler le système" sans préciser la nature de ces réglementations. »

 

AFP le 25/09/2008 21h27 

« Réactions d'économistes au discours de Nicolas Sarkozy

« Voici les réactions d'économistes au discours prononcé jeudi, à Toulon, par Nicolas Sarkozy sur la crise économique:

– Marc Touati, Global Equities : "C'est très imprécis. Il y a toujours cette recherche du bouc émissaire qui n'a pas de sens. C'est un peu facile de mettre tout sur le dos de la crise financière alors que le ralentissement de la croissance est là depuis un an. On est entré en récession, le président Sarkozy le reconnaît implicitement. Mais on essaie de détourner l'attention vers la crise tout en sachant que le problème numéro 1 de l'économie française c'est une pression fiscale trop forte, en particulier sur les entreprises, et une dépense publique trop importante et trop inefficace. Par ailleurs, augmenter encore la réglementation sur les banques, qui sont déjà très réglementées en France, me paraît contre-productif."

– Xavier Timbeau, OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques) : "La crise est le moyen de renouveler sa politique économique" mais "acter la fin du capitalisme et reconstruire une nouvelle époque", "cela reste plus incantatoire que très concret". Dans la refondation du capitalisme, la dimension mondiale est essentielle. Ce n'est pas la France toute seule qui va refonder le capitalisme. Si l'Europe veut jouer un rôle (…) il faut qu'elle mette de l'argent sur la table. Si on veut décider, il faut payer. C'est une discussion à mener au niveau européen. Est-ce que ce discours va être mobilisateur en Europe, c'est une vraie question. Pour le moment les autres dirigeants européens restent très discrets".

– Laurence Boone, Barclays Capital : "C'est un discours très volontariste, très général, mais il n'y a pas vraiment eu d'annonces, de mesures concrètes. Ce qui risque de fâcher les marchés, c'est quand Nicolas Sarkozy parle de réglementation du système monétaire ou de revoir les objectifs de politique monétaire. Lorsqu'il dit qu'il veut garantir l'argent des petits épargnants, cela peut sembler un peu inquiétant pour l'équilibre budgétaire car avec quel argent va-t-il le faire ? La seule mesure positive pour les finances publiques, c'est la révision des échelons territoriaux, qui était une des mesures préconisée dans le rapport Attali, et la réduction de 30.600 emplois de fonctionnaires".

– Alexander Law, Xerfi : "Le Président de la République reconnaît que la croissance française a été ou sera affectée par la crise internationale. Il a également affirmé être prêt à intervenir en cas de dégradation trop rapide de la conjoncture économique. A priori cela se traduirait alors par un creusement du déficit, qui pourrait dépasser assez sensiblement les 3% du PIB. Dans ces conditions, l'objectif du déficit zéro en 2012 apparaît pour le moins irréaliste. Afin d'éviter de trop creuser le déficit, le Président a insisté sur les réformes qui ont déjà été menées et notamment sur les suppressions de postes dans la fonction publique. Cela permet sans doute de réduire les dépenses, mais il apparaît que ces mesures, seules, ne seront pas suffisantes pour éviter un dérapage en 2008 et 2009".

  

2 réflexions sur « Sarkozy et Bush ne convainquent plus personne… »

  1. Le sénat américain toujours pas convaincu et pas si bête…
    Soyons logique, pourquoi dépenser 700 milliards de dollars alors que ça ne servira à rien… On a tout essayé depuis des mois et rien n’y a fait car, encore une fois c’est le SYSTEME lui-même qu’il faut changer comme le propose Lulla, le président brésilien et à demi-mots le président français sans être pour autant précis sur ce qu’il faut faire !
    Les sénateurs américains sont logiques et ont une attitude cohérent :
    – 700 milliards de dollars qui changeront rien qu’à couvrir les pertes des canards boiteux, des banquiers qui ont escroqués d’honnêtes citoyens ;
    – qui vont augmenter les 10 000 à 11 000 milliards de la dette publique américaine ;
    – qui vont être remboursés par les contribuables américains – qui vont donner de l’argent pour renflouer des banques qui les ont floués – et dont le pouvoir d’achat va être entamé, ce qui pénalisera la demande et la croissance ;
    MORALITE : de l’argent qui coûte plus qu’il ne rapporte… un investissement négatif, qui va précipiter encore plus rapidement les Etats-Unis dans la crise et la récession…
    Ils ne sont pas bêtes nos sénateurs américains ; cela sert parfois un SENAT : à éviter de faire de grosse bêtises, n’est-ce pas Messieurs les locataires du Palais du Luxembourg !

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