Et concernant les relations du président avec son émissaire personnel en Libye, où en est-on ? Durant son habituel point presse, le poupin porte-parole de l'Elysée, David Martinon, eut à faire face à un feu roulant de questions concernant la rupture entre Cécilia et le président.
Très embarrassé, il s'est chaque fois borné à se réfugier derrière un piteux : "je n'ai aucun commentaire à faire". Si, il a tout de même lâché une info, nous apprenant qu' "à [sa] connaissance", Cécilia ne participerait pas au voyage officiel au Maroc du président, mais que, de toutes façons, "le protocole n'exige rien".
Ce bref épisode mis à part, impossible d'en tirer davantage de la part de Martinon, sur ce sujet "sensible" (susceptibilité virile présidentielle oblige !), d'abord totalement passé sous silence par les mêmes médias qui accourent désormais tout frétillants de passion journalistique soudaine.
Autant il était anormal que nul n'ose aborder la chose auparavant, autant l'emballement actuel a quelque chose de burlesque. Et dans cette situation digne d'un vaudeville, le malheureux Martinon, faute d'avoir la permission de répondre – que pourrait-il bien dire ? -, apparaît emmuré dans un silence assourdissant. Mais jusqu'à quand cette stratégie est-elle tenable, dans la démocratie médiatico-sondagière qu'on a contribué à promouvoir ? Au fil du point presse, Martinon était donc de plus en plus mal à l'aise de n'être interrogé que sur ce dont il ne voulait absolument pas parler – imagine-t-on pire torture pour un porte-parole ? En coup de grâce, la question d'un journaliste de France Inter, scène qui clôt la vidéo mise en ligne par Rue 89 : "est-ce que vous pouvez faire un commentaire sur le fait de dire "je ne fais pas de commentaire ?" "Non", a-t-il sobrement répondu. Re-belote au prochain point presse ?
A se demander si la manipulation suprême ne serait pas de tenter de faire diversion, en persistant dans l'autiste "non-réponse officielle de l'Elysée", comme l'appelle Rue 89, pour focaliser les interrogations sur le couple présidentiel plutôt, par exemple, que sur l'affaire des délits initiés massifs d'EADS, qui implique lourdement le "frère" de Sarkozy, Arnaud Lagardère. "J'ai le choix entre passer pour malhonnête ou pour incompétent", avait-il eu le toupet de se défendre, lorsque les premiers soupçons de délits d'initiés s'étaient fait jour. Va pour incompétent, car "qui ne sait pas ce qui se passe dans ses usines", prétendait-il. Mais on s'aperçut ensuite qu'un document interne alertait les dirigeants d'EADS à propos des retards de livraison prévus pour les appareils A380 dès le 6 mars 2006 : deux semaines avant la vente par Lagardère de ses actions pour un bénéfice de deux milliards d'euros. Et qu'une réunion entre ces mêmes dirigeants s'était déroulée le lendemain… Mais sans qu'ils abordent le sujet, veut-on nous faire croire sans rire ! Pire, l'Autorité des marchés financiers, le gendarme de la bourse, dénonce même un "délit d'initiés massif", concernant 1200 dirigeants. Et l'on apprend que Thierry Breton, ministre "toutouïoutou (*)" de l'Economie d'alors, était au courant, comme Dominique de Villepin, Premier ministre… Tous, ils savaient tous que l'action allait s'effondrer. Ces gens-là s'entendent-ils donc toujours quand il est question d'affaires ? Coût pour le contribuable, en perte enregistrée par la publique Caisse des dépôts et consignations : 126 millions d'euros après impôt. Une broutille. N'est-ce pas Monsieur Martinon ? En tant que porte-parole de Sarkozy, vous préférez EADS ou Cécilia ? Ou la croissance en berne et les hausses de prix qui amputent le pouvoir d'achat ? Décidément, on compte beaucoup de sujet sur lesquels vous restez muet. Et Finalement, tant qu'on parle de Cécilia…
PS : nous sommes mauvaise langue, sur EADS, Martinon s'est prononcé ! De la façon suivante : "Si les faits sont avérés, c'est très grave". Comme quand les faits sont avérés en matière de prise illégale d'intérêt pour le grand chef sur talonnettes lui-même ? Allons, ça se saurait si un Arnaud Lagardère pouvait être réellement inquiété par la "justice" en Sarkozie, où l'on s'apprête à "dépénaliser le droit des affaires", façon polie d'annoncer une mise en place de l'impunité pour la criminalité patronale !
PS 2 : David Martinon, outre sa fonction de porte-parole de l'Elysée, pratique le parachutisme électoral et son point de chute n'est autre que Neuilly-sur-Seine, fief de sa Majesté Sarkozy, qui est venu personnellement l'y adouber. Initiative peu goûtée par les militants UMP locaux, qui soutenaient un autre candidat. Mais les militants de l'UMP, vous pensez si Sarkozy s'en tamponne : "Des braillards !", les qualifiait-il à croire sa reportrice personnelle Yasmina Reza. Mais de quoi ne se tamponne-t-il pas, au fond ? On y revient. De Cécilia !
* : Au micro de l'Assemblée nationale en avril 2006, Thierry Breton avait lancé cette surprenante apostrophe à l'adresse de deux députés de gauche, coupables de contester sa vision de l'économie florissante malgré la crise du CPE : "M. Glavany, M. Brard, on n’est pas chez les toutouïoutous ici !" Toutouïoutou était l’hymne de l’émission culte d'aérobic Gym Tonic de Véronique et Davina dans les années 80, avant d'être recyclé pour la publicité d'un numéro de renseignements téléphoniques, mettant en scène deux beaufs moustachus loufoques.