Sarkozy avarié : un enquêteur syndicaliste chez Draap UMP

C’est un scandale intolérable : du sarkozy avarié s’est retrouvé dans nos assiettes, bon, passe encore, mais la Direction de la consommation et des services vétérinaire a eu le culot d’envoyer un inspecteur syndicaliste chez le trader Draap UMP (united megaloviandes phynance).

L’inspecteur Méchant s’est acharné à trouver la preuve que du sarkozy avarié acquis en Valakovie-Bessaragie par la firme chypro-néerlandaise Draap UMP s’est retrouvé à Neuilly-Auteuil-Passy puis a été conditionné à Valduz avant d’être débité en merguez lors de meetings électoraux.

Tout cela serait parfaitement normal si le même inspecteur Méchant n’avait, peu de temps avant de diligenter ses investigations, signé dans la presse une tribune libre en compagnie d’autres syndicalistes et vétérinaires divers protestant contre la fantastique réduction des effectifs dans sa boutique, la Direction de la consommation et de la concurrence. Laquelle, sous les gouvernements Raffarin, et suivants, et Fillon, a non seulement vu ses effectifs baisser, mais être dispersés, scindés, affectés à d’autres tâches, le réel pouvoir de supervision des contrôles étant délégué aux préfets, et la direction centrale n’ayant pratiquement plus aucun pouvoir de décision. 

D’abord, pourquoi envoyer un spécialiste de l’agro-alimentaire, ou un douanier syndicaliste, faire des contrôles dans des abattoirs, des entrepôts de viande de sarkozy ? C’est vraiment chercher à fragiliser les entreprises, à menacer leurs profits et les emplois qu’allouent généreusement leurs patrons pour que le consommateur puisse manger du sarkozy (certes pas très frais, mais non immédiatement dangereux pour la santé).

C’est, dans un cas similaire, où l’on voit un juge Gentil s’en prendre à un politicien au-dessus de tout soupçon, l’ancien président Minerai, alors qu’il se plaignait peu auparavant du démantèlement du pôle financier de la magistrature, la même antienne qui ne nous rajeunit pas.

Tout cela, le financement politique, les pratiques de l’agro-alimentaire, la phynance, devrait être exclusivement contrôlé et régulé par les interprofessions respectives, avec l’appui, à la rigueur, de professionnels recrutés et rétribués, et soumis à la hiérarchie des principaux acteurs du secteur. Et surtout pas à des fonctionnaires syndiqués ou déversant leurs états d’âmes pour propager la sinistrose à pleins baquets.

Que nous disent d’autre à présent Jean-François Copé, Henri Guaino, Nadine Morano et quelques autres de moindre importance qui répercutent les propos de l’avocat du sieur Sarközy de Nagy-Bocsa, Nicolas : « Le juge Gentil a signé une tribune politique le 27 juin 2012 dans laquelle il met en cause la politique de Nicolas Sarkozy et celle de son prédécesseur, les accusant de ‘vouloir protéger les corrompus’. Cinq jours après la signature de cette tribune, le même juge a opéré quatre perquisitions au domicile de Nicolas Sarkozy, dans son bureau, ainsi qu’au domicile de sa secrétaire. ».

C’est un peu oublier que le juge Gentil n’a pas été seul à mettre en examen Nicolas Sarkozy (ils s’y sont mis à trois), tout comme l’inspecteur Méchant n’était pas seul à perquisitionner les entrepôts faisant transiter du sarkozy (une simple homonymie) avarié.

Je n’exclurais pas du tout que Nicolas Sarkozy (Sarközy pour le juge Gentil qui ne s’est pas trompé sur la marchandise, enfin, sur l’étiquette) ait reçu de l’argent à l’insu de son plein gré de la vieille propriétaire d’une entreprise de cosmétiques : après tout le sarkozy entre bien dans la fabrication des crèmes et onguents, et – amusée – elle a pu lui glisser quelques billets dans la poche. Mais ce n’est d’une part pas encore prouvé, et d’autre part, pourquoi se préoccuper d’une telle petite facétie ?

On n’attend plus que la parole hautement autorisée de Rachida Dati, ex-garde des Sceaux, nommée pour ses hautes compétences en marketing auprès du chef d’escadrille des avions renifleurs, pour se joindre au chorus.

Qu’on se rassure. L’affaire Covi (viandes avariées, fournies par Arcadie Sud-Ouest, vers fin 2007) est encore à l’instruction. L’affaire Castel Viandes n’en est pas une : tout n’est-il point rentré dans l’ordre des bonnes pratiques ?
Certes, des magistrats se prononcent, mettent en examen ou plutôt placent en tant que témoins assistés, mais le non-lieu, après une ou deux décennies (si aucun nouvel acte n’aboutit à la prescription), finit toujours par arriver.
Il faut prendre en compte que l’entreprise a souscrit beaucoup d’emprunts (pour la formation de Nicolas Sarkozy, les dons n’ont pas suffi pour faire campagne, se doter d’un nouveau siège somptueux), et il ne faudrait pas que les épargnants, pardon, la direction des banques, subisse un manque à gagner irrécupérable. Pensez aussi aux nombreux emplois que génère un parti politique de premier plan. Imaginez un quartier dévitalisé par la fermeture d’un siège de parti : rideaux fermés, personnages louches dormant à la belle étoile, &c.

Tout cela finira par des chansons. Allez, Carla Bruni, passez donc de chanteuse à chansonnière. Et surtout, indignez-vous, indignez-nous ! Apitoyez-nous sur le sarkozy (« prout-prout-prout, il fait un pêt ») et sur le sort du Nicolas ( « gna-gna-gna, il n’est restera pas là »).

Tenez, « la politique pénale, la politique judiciaire, elle est faite par les élus du peuple, elle n’est pas faite par les juges » : prenez Nadine Morano pour parolière. « On n’est pas là pour se faire emmerder, contrôler, mais applaudir pendant not’ défilé ». C’est de Boris Viandard, un auteur-compositeur-interprète qui connut quelque succès en son temps, tout comme Carla Bruni naguère.

Dans l’affaire Cahuzac, Bernard Debré, UMP, s’indignait qu’on reproche à un médecin, tout fraîchement émoulu d’un poste auprès d’un ministre de la santé, monte un cabinet conseil pour arranger les affaires des laboratoires pharmaceutiques. On s’étonne de ne pas le voir à présent s’indigner qu’un procureur évoque une loi de 1993 pour chercher des poux dans la tête du contribuable, mais aussi du chirurgien capilliculteur. Debré est médecin, enfin, il l’est peut-être resté. Il s’intéresse aux « scandales sanitaires de la République ». Mais pas trop à la réduction des effectifs des contrôleurs vétérinaires. Un hasard.

De toute façon, la cause est entendue : Patrice de Maistre employait l’épouse Woerth, se démenait pour le Premier cercle des financiers amis de Nicolas Sarkozy, mais ce dernier ignorait tout de tout. Méfions-nous de nos amis, les juges Gentil, je m’en charge.

Il ne manque plus que Brice Hortefeux pour scander « Ah Taubira, Taubira, Taubira, le juge Gentil à la lanterne. »

Car c’est finalement bien ce qui est réclamé. Des sanctions, d’un poids équilibrant la charge de l’affront, et le rapatriement de l’affaire dans un nouveau Nanterre. Je ne sais pas si le juge Gentil a des enfants, mais on lui trouverait bien à présent un Outreau de rechange. Faute de mieux, on apprendra peut-être qu’il aurait tenté de faire sauter des contraventions pour stationnement.
Mais l’opinion qu’il faut à présent former, c’est que Gentil est le Merah de la magistrature, un kamikaze, qui va faire exploser le crédit que nous accordons encore à la justice.
On disait la même chose, voici peu, en Roumanie, des juges, quand Ponta et Basescu s’envoyaient les pires invectives. Ils ne pouvaient qu’être partisans de l’un ou de l’autre (et tout comme naguère le procureur Courroye, certains étaient et restent effectivement plutôt proches des uns que des autres ; mais il s’en trouve encore d’à peu près intègres, et dans le cas des scandales agroalimentaires en Roumanie, de vraies sanctions tombent, des chefs d’entreprises se retrouvent à l’ombre ; comparez avec la France).

Car le caca nerveux de Nicolas, c’est pire que les victimes de Merah. Enfin, d’après ce que je peux lire ça et là, provoquer l’ire de Nicolas, c’est saper les fondements même de la République et de la Nation, rien que cela. Je ne m’en remets pas. On s’en prend au père d’une enfant en bas âge qui risque un fort traumatisme du fait des affres où un mécréant (un gentil) a plongé son papa.
Les caricaturistes le dépeignent déjà tentant de donner le biberon les pinces aux poignets.

Ce qu’on a pour l’instant, c’est le soupçon qu’un ex-président merdeux piquait dans l’aumônière d’une mamie. Il y a sans doute d’autres mots pour le dire, mais n’appelons pas bœuf (tu parles, laitière ou allaitante de réforme) du sarkozy s’approchant de la date de péremption, congelé, décongelé, aromatisé, puis surgelé, réchauffé, mais qui finit par puer dans l’assiette du Flunch électoral. Mais non, non, non : le sarkozy, c’est très sain, vous en reprendrez bien. Beaucoup mieux que le beauf hollandais. Vite, changez de nouveau de régime alimentaire. D’ailleurs, les sondages le confirment : vous adorez le sarkozy, vous en redemandez. Foin de holstein batave.

Emballés tel un sarkozy fou, de vieux chevaux de retour, des juments quelque peu folâtres, se sont mis à hennir tous ensemble. Le lasso a été passé autour du cou du chef de la horde. On imagine déjà ses morceaux boucanés sous la selle du Hun de basoche.

La vraie morale de tout cela, c’est qu’il est encore permis de retourner des lasagnes au sarkozy et se faire rembourser. Tandis que pour récupérer l’argent des sondages de l’Elysée sous Nicolas Sarkozy, on peut toujours aller se faire étriller.

 

Auteur/autrice : Jef Tombeur

Longtemps "jack of all trades", toujours grand voyageur. Réside principalement à Paris (Xe), fréquemment ailleurs (à présent, en Europe seulement). A pratiqué le journalisme plus de sept lustres (toutes périodicités, tous postes en presse écrite), la traduction (ang.>fr. ; presse, littérature, docs techs), le transport routier (intl. et France), l'enseignement (typo, PAO, journalisme)... Congru en typo, féru d'orthotypographie. Blague favorite : – et on t'a dit que c'était drôle ? Eh bien, on t'aura menti !