Je vous passe les détails, mais c’est de nouveau l’enfumeur Sarkozy qui s’est exprimé, supposément en notre nom, à Davos. Phrases creuses, vœux pieux dont il est sans doute persuadé qu’elles en seront suivies d’aucun effet, Sarkozy n’a réussi qu’à susciter un scepticisme poli, voire de franches moqueries, de la part de la presse étrangère.

En gros, de quoi a-t-il jacté, not’ président, à Davos ? Je ne me souviens déjà plus trop de quoi, et on l’oubliera aussi vite après avoir consulté l’intégrale de ses nouveaux-anciens et anciens-nouveaux dires. En revanche, j’ai noté la chute fort ironique du Wall Street Journal commentant sa diatribe sur la nécessaire régulation des marchés et des spéculateurs : « les croisades populistes contre les spéculateurs ne mettent pas de beurre dans les épinards… ». Ou plutôt, « ne mangent pas de pain », en font à peine frémir une sans bouger l’autre, &c.
À Davos, Sarkozy a trépigné comme un cabri en scandant « euro, euro, euro… ». Un peu comme il entonnait un fameux « Allez les Bleus » ou un autre avant la Coupe du monde de balle au pied. Certes, je caricature, mais il a avancé que nous devions à l’euro quelques six décennies de paix en Europe. Tito a dit sans doute à peu près la même chose du dinar yougoslave… George Soros s’est demandé à voix haute si Sarkozy ne prenait pas ses désirs pour des réalités.
Il a aussi souhaité une taxe, un impôt, une retenue sur les transactions financières pour créer un nième fonds d’approvisionnement des dirigeants des pays en voie de développement (et de ceux des ONG ou des consultants comme Kouchner). Je n’ai pas été voir si la presse d’Haïti, où l’on attend encore que l’aide française se concrétise (en fait, elle l’est, lentement, parcimonieusement, sur le terrain, un peu plus rapidement et copieusement dans certaines sphères), avait déjà salué comme il se doit cette généreuse initiative sarkozienne, soit par des quolibets.
Admettons que l’euro, à la suite de ces déclarations de bonnes intentions, mais aussi de celle, plus crédible, de Lorenzo Bini Smaghi, de la Banque centrale européenne, qui laissait entendre qu’un redémarrage de l’inflation serait contré, ait regagné un peu de terrain contre le dollar. Reste à voir pour combien de temps… Divers indicateurs ont aussi conduit les cambistes à renforcer leurs positions sur le peso mexicain contre le dollar, et Sarkozy n’y est vraiment pour rien.
Dimitri Medvedev a, lui aussi, évoqué la pauvreté, l’inégalité, et le chômage. Fortes paroles…

Sarkozy, qualifié de « volcanique » par Alan Friedman (IHT, FT et autres titres), s’est vu aussi mouché par Jamie Dimon, de la banque JP Morgan, en parodiant lui aussi Charles de Gaulle, avec un « bankers, bankers, bankers » (il ne suffit pas de s’écrier : banquiers, banquiers, banquiers… tel un Sarkozy). The Economist, qui se retient de qualifier le Sarkozy millésime 2011 de bravache, a relevé ses doux rêves énoncés en forme de fort bonnes intentions, mais à considéré qu’il avait su en rabattre et se montrer moins arrogant que l’an dernier. Mais en fait, en consacrant un dossier intitulé « Une faim de votes », The Economist a sérieusement écorné la crédibilité des politiciens des pays les plus riches qui s’inquiètent, au mégaphone du moins, de la spéculation sur les denrées alimentaires et de la faim dans le monde.
Bill Gates a consenti à poser pour les photographes avec Sarkozy, mais c’est avec David Cameron, le Britannique, qu’il discutera sérieusement. Gates, qui a considéré que les laboratoires n’allaient pas tenter de trouver un vaccin contre la malaria mais une nième recette contre la calvitie, veut consacrer des dons à des recherches plus utiles (notamment contre la polio). Ce sera, espérons-le, plus fructueux que les aides gouvernementales qui de dispersent dans des poches amies.