Hier, à Bordeaux, Nicoals Sarkozy tenait son cinquième meeting depuis qu’il est entré en campagne. 8000 militants étaient réunis pour l’écouter. Quoi de neuf, est-on tenter de demander ? Rien, que du réchauffé pourrait-on répondre familièrement ! Presque tous les commentateurs s’accordent pour dire que c’est « un virage à droite » ! Quelques-uns y voient même une tactique pour tenter d’attirer à lui quelques milliers de voix qui se seraient peut-être portées sur Marine Le Pen.

Donc, après une semaine « catastrophique », le Président-candidat tentait de reprendre le dessus. Il a choisi de recourir à un outil qu’il aime bien le « clivage ». Selon Estelle Gross du Nouvel Observateur « il a encré son discours très à droite ».Usant à plusieurs reprises des termes « civilisation » et République », il a fait des propositions sur la justice et a redit ce qu’il pense de l’immigration.

Ce n’est pas tout ! Les accusations qu’il a porté contre son principal adversaire peuvent être considérées comme graves ! Il a dressé le portrait d’un candidat  socialiste qui serait « un leader qui s’apprête à détruire la République, donc la France, et ce en s’appuyant sur toutes les forces endogènes et exogènes possibles » ! Paroles, paroles, penseront certains, mais elles sont d’une violence incroyable ! Comme l’écrit, Bruno Roger Petit dans le Nouvel Observateur : « l’objectif est le même que lorsque ses ancêtres politiques s’en prenaient à Léon Blum, Pierre Mendès France ou François Mitterrand : il s’agit de démontrer que la gauche, c’est l’anti-France.

Finalement, au cours de ce discours, il a accusé François Hollande : de traître, d’immoral, de sectaire, de fraudeur, de gaspilleur, de communautariste, de barbare, de cynique, d’épurateur… Inadmissible ! J’entends déjà ceux qui vont me dire que ce n’est que des propos de campagne électoral et que l’autre candidat débite aussi des propos pas très corrects contre le Président-candidat, mais si on se donne la peine de comparer, on verra que ce dernier tape beaucoup plus fort !

Bruno Roger petit pose d’ailleurs une question fondamentale : "A ce rythme là, une question se pose désormais, qui pèsera lourd au regard du jugement de l’Histoire : Nicolas Sarkozy réussira-t-il à perdre l’élection présidentielle sans y perdre, aussi, sa dignité ? "

Dans cette salle de militants UMP, on a remarqué que le passage le plus applaudi du discours du Président-candidat a été  celui sur l’immigration…

"L’identité nationale ce n’est pas un gros mot" a-t-il déclaré ;

Puis, il a ajouté : "Il faut considérer nos jours fériés, la place qu’occupent dans nos villages et dans nos villes les clochers de nos églises et les tours de nos cathédrales, nos habitudes alimentaires, notre conception de la morale, non pas comme des faits religieux mais comme des faits de civilisation". Ce n’est qu’un petit passage de son discours ! Il a usé d’autres arguments pour montrer que « l’immigration est un problème », selon lui.

Vendredi soir, son Ministre de l’intérieur, Claude Guéant, avait préparé le terrain en lachant sur les ondes « qu’accorder le droit de vote aux étrangers pourrait conduire à ce qu’on rende obligatoire la nourriture halal ». Le Président candidat lui a donné raison en affirmant. «Donner le droit de vote aux étrangers, c’est ouvrir la voie au vote communautaire. C’est mettre le maire sous la menace du chantage communautaire»…«Reconnaissons à chacun le droit de savoir ce qu’il mange, halal ou non. Je souhaite l’étiquetage des viandes en fonction des méthodes d’abattage » a-t-il clamé… L’embêtant, c’est que tout le monde trouve que la ficelle est un peu grosse !

A la fin de son discours, Nicolas Sarkozy n’a pu s’empêcher de revenir sur la proposition de François Hollande de taxer à 75% les ultra riches qui gagnent plus d’un million d’euros par an. Ainsi, Nicolas Sarkozy a quitté son habit de défenseur des classes populaires pour venir au secours des classes moyennes. «La morale de la République ce n’est pas de matraquer fiscalement les classes moyennes parce que l’on pas le courage de réduire les dépenses pour ne contrarier aucune clientèle». Mais, il n’est pas certain que lorsqu’on a un revenu de plus d’1 million d’euros par an, on fasse partie des classes moyennes !

Bref, tout le monde s’accorde à penser que Nicolas Sarkozy a mis la barre à droite toute dans ce discours qui  n’a duré qu’une petite heure. Tous les thèmes de la pensée de droite du moment ont été utilisés : la viande halal, la burqa, l’immigration, le droit de vote aux étrangers, la justice plus ferme. Sûr qu’il a tapé fort pour tenter de séduire la partie de l’électorat la plus à droite… Mais, va-t-il réussir ? A moins qu’il soit déjà dans "la stratégie du désespoir du pertdant…"

 (Sources : Le Nouvel Observateur,Le Parisien,Libération).