En ce temps météorologique incertain entre printemps chaud ou automne froid je rêve d’Afrique, pays de soleil ou j’aimais me rendre chaque année !

 

Et soudain l’idée, soufflée par un bon ami, entre deux averses ventues à l’abri d’un petit café du boulevard St Michel à Paris ce samedi pascal …

Pierre, je t’offre l’Afrique, tout de suite … Dépaysement garanti pour un ticket de métro à moins de 20 minutes d’ici … On y va ?  Ok …

On est dans la rame, sans décalage horaire, sans attente ou crainte du retard de l’avion, à un prix défiant toute concurrence ( et on aurait pu, en collant aux fesses du bon citoyen respectueux) ne rien payer du tout – j’ai remarqué en 2 jours de Paris que cela se fait de plus en plus – pas de poste de douane et de fouilles suspicieuses au corps …

On est à Château Rouge ! en plein XVIIIème de la capitale de la France … Et je suis à Dakar ou à Lomé … j’ai même l’impression qu’il fait soudain trés chaud, humide, sous un rayon de soleil qui innonde la devanture de la boucherie Amar … Des couleurs, des ôdeurs, du monde, des enfants, beaucoup d’enfants, des rues encombrées, surpeuplées de petits marchands à même les trottoirs, des familles qui parlent fort leur dialecte et des jeunes qui traînent et qui mâtent … quoi ?

De gentils et souriants agents de la sécurité du métro parisien essaient de réguler le flot tumultueux montant et descendant de la station qui dégorge de cette foule surprenante ; je suis ahuri, surpris … Deux agents en gilet jaune de la propreté de Paris balaient et ramassent sans fin des poches plastique volantes, des tas de détritus qui semblent se multiplier sans fin … Surréaliste !

Des tas d’épiceries ou la morue séchée côtoie la banane trop mûre à cuire ; des salons de coiffure et postiches où les femmes papotent au milieu des poussettes et se font belles en lissant leurs cheveux … et pas trés loin le salon des hommes où l’on se fait tailler la barbe au couteau tranchant, où la coupe dessinée n’est jamais rebelle, où les mèches rasta ne sont pas légion …

Un peu plus loin rue Mira, sans aucune frontière et sans passeport ou visa à délivrer on est au coeur du souk maghrébin … femmes aux doux yeux fuyants, voilées … mari "protecteur" ou jaloux et vitrines débordantes de sous vêtements affriolants, de chaussures à talons colorées, de robes à petits prix …

On est ailleurs, en vacances …

 

Mais si les regards se font plus interrogateurs, si l’on croise un autochtone qui laisse déborder son mal de vivre dans son quartier qu’il ne reconnaît pas. Si l’on essaie d’entrer en confiance avec  un jeune couple qui essaie de rejoindre, sans voir la foule toujours plus compacte, l’ignorant même, son petit deux pièces sous les combles d’un immeuble bien déglingué, des questions se posent …

Notre pays, jusque-là pays de libertés, d’accueils, de tolérance a-t-il les moyens, aujourd’hui, alors criblé de dettes mais encore modèle sociétal, où l’on peut encore (jusqu’à quand ?) se faire soigner, gratuitement pour beaucoup, de continuer à offrir son sol de plus en plus aride à tous ces êtres humains, je dis bien humains, car méritant de vivre dans l’idéal qu’ils espéraient et qui n’est que mirage !

NON !