J’avoue que le succès de la grève des enseignants parisiens contre les nouveaux rythmes scolaires me laisse perplexe. Une telle unanimité ne se voit pas souvent dans le monde enseignant, même pour défendre les retraites il y avait moins de grévistes, c’est donc que ça doit être grave ! Pourquoi seuls les enseignants de Paris sont-ils vent debout contre cette réforme ? Sans doute parce que le maire a décidé de l’appliquer dès la prochaine rentrée.
Les syndicats les soutiennent, quant aux parents c’est plus partagé. Le Conseil supérieur de l’Éducation a voté contre, désavouant le ministre.
Personnellement, l’idée me paraissait séduisante : diminuer le temps de cours journalier et augmenter les nombres de jours travaillés, c’est cohérent et ça va dans le sens des études qui ont été faites sur le sujet. Pour les enseignants, c’est plus astreignants puisqu’il faut se déplacer plus de fois, ce qui induit des frais supplémentaires. C’est la raison pour laquelle les syndicats demandent une augmentation des salaires.
Cette réforme suppose aussi que les communes assurent les activités périscolaires puisque les enfants ne sortiront pas plus tôt de l’école mais seront confiés à des éducateurs sportifs ou culturels rémunérés par la ville. On sait que de tels animateurs interviennent déjà largement sur le temps scolaire à Paris, ce qui ne plaisait pas du tout à certain inspecteur général avec lequel j’avais eu une discussion il y a quelques années. Un animateur sportif qui intervient sur le temps scolaire fait le travail du professeur d’école. Ce point sera un problème pour beaucoup de communes qui n’auront pas les moyens d’assurer les activités périscolaires et l’augmentation des jours d’école va augmenter le coût des transports.
Beaucoup se plaignent du manque de concertation de cette réforme : elle serait mal ficelée. Sans doute aurait-il fallu faire quelques expérimentations dans quelques départements pour voir ce qui va et ce qui ne va pas, mais un jour il faut trancher. Quant à l’argument « On a voté pour ce gouvernement, on est déçus de ce qu’il propose », il me parait tendancieux.
Par contre, quand j’entends « cette réforme doit être accompagnée d’une redéfinition des dispositifs d’aide aux élèves, d’une révision des programmes, de nouveaux dispositifs d’évaluation des élèves », je crois qu’on met le doigt sur ce qui coince dans le texte ministériel.
Une réforme scolaire ne se fait pas sans concertation de toute la profession, et des parents d’élèves.
Comme vous le dites, elle s’expérimente en milieu urbain, comme en milieu rural.
Et seulement après on la mets en application.