qui ne cesse d’être martyrisée.

 

Chaque nouvelle majorité se doit de faire sa réforme des rythmes scolaires, comme si l’éducation de nos enfants dépendait de la couleur politique du moment ? On peut dire que lorsque la droite est au pouvoir, sa politique sur l’éducation nationale est de réduire les effectifs, et lorsque c’est la gauche c’est de les augmenter. On peut dire aussi que la droite a tout intérêt à ce que nos enfants soient ignares tandis que la gauche préfère qu’ils soient instruits. Bien sûr c’est une caricature, pour montrer la philosophie qui résulte des confrontations idéologiques de ces dernières années. En 2008 Xavier Darcos, le premier ministre de l’éducation nationale du gouvernement Sarkozy, décida la suppression de l’école le samedi matin, il fallait que les parents puissent partir à la campagne avec leurs enfants dans un week-end de deux jours. L’éducation des enfants, on verra après. Donc, en 2008 c’est par un décret du 15 mai paru au journal officiel que fut légalisé, à la rentrée suivante, les quatre jours d’école soit, 24 heures de classe par semaine au lieu de 26. 4 jours répartis en 6 heures par jour de 8 h 30 à 16 h 30 les lundi, mardi, jeudi et vendredi. Pas de grèves politiques, des syndicats, et pas de contestation des enseignants payés le même prix pour deux heures de moins par semaine. L’aspect malicieux pour qu’une réforme soit acceptée, la cerise sur le gâteau !

Avec 144 jours, quatre jours par semaine pendant 36 semaines, la France avait l’année scolaire la plus courte de l’OCDE, et, paradoxalement, l’un des plus grands nombres d’heures de classe. La moyenne de l’OCDE se situait à 184 jours et les écoliers avaient grosso modo au moins cinq jours de classe par semaine. Pas assez de jours de classe pour trop de jours de vacances. Cela fit que l’Académie de médecine déclara que quatre jours ne permettaient pas de respecter la logistique d’assimilation de l’enfant.

Nicolas Condorcet philosophe, mathématicien et homme politique des Lumières dans son œuvre sur l’instruction considéra que l’instruction était un devoir de la société à l’égard de ces citoyens. Pour lui, cette instruction, doit être strictement neutre au plan politique. «Elle doit être protégée de la politique de parti ou de coterie». «Elle ne doit pas dépendre des variations des formes du pouvoir d’État, car ce serait alors renoncer à sa mission dans ses fondements essentiels», donc exempte de tout dogmatisme. Il fut le premier à se prononcer sur l’école laïque et républicaine.

Dans cet esprit de laïcité François Mitterrand, en 1981 lorsque pour la première fois la gauche accédait au pouvoir, voulu unifier, l’enseignement secondaire et mettre fin à la distinction entre l’école privée, dite libre, et l’école publique. Dans le premier gouvernement de Pierre Mauroy, Alain Savary premier ministre de l’ère mitterrandienne de l’éducation nationale fut chargé de cette réforme. Cela fit, à droite, une telle levée de boucliers qui déclenchèrent une contestation d’une ampleur exceptionnelle débouchant sur une grande manifestation dans les rues de Paris en juin 1984.

À chaque fois que l’exécutif est à gauche, et qu’il veut faire une politique de l’éducation nationale plus sociale, la droite hurle. Cette manifestation se rappelle à moi, tant ce fut un rejet de la laïcité. Alain Savary remit sa démission quelques heures avant que le gouvernement de Pierre Mauroy, premier ministre donna celle du gouvernement à la suite de l’annulation de cette réforme par le président François Mitterrand.

Un tel scénario peut-il survenir sur la réforme Peilllon des rythmes scolaires, je ne le pense pas. Les raisons de manifester sont différentes, elles tiennent plus à profiter des mauvais sondages, plus de 70 % des français sont contre l’exécutif, et contrecarrer son action est sans problème.

Depuis cette époque il fut admis par la gauche qu’il était vain de vouloir unifier les deux enseignements.

Mais, la droite n’ayant plus cet argumentaire se devait de mener une fronde contre le décret du 26 janvier 2013 qui, à mon avis, bien que je ne connaisse pas dans le détail ce qu’il contient, permet à nos enfants d’apprendre plus de quatre jours par semaine. J’allais à l’école 5 jours par semaine, le jeudi était jour de repos, et j’ai toujours été contre la réduction des heures d’enseignement.

Dans ce décret, il ne s’agit pas d’un jour plein d’enseignement mais à mieux répartir les heures de classe sur la semaine, à alléger la journée de classe et à programmer les enseignements à des moments où la faculté de concentration des élèves est la plus grande. N’est-ce pas bien ? Mais alors pourquoi faut-il se battre contre quelque chose de bien pour nos enfants ?

Ce décret, précisa le cadre réglementaire national de la nouvelle organisation du temps scolaire, que des adaptations locales sont possibles. De plus, les communes, qui en firent le choix, appliquèrent à la rentrée 2013 ces nouveaux rythmes scolaires dans leurs écoles maternelles et élémentaires. Ce n’est donc pas le couteau sur la gorge.

Cette réforme qui s’inscrit dans le cadre de la loi sur la Refondation de l’école en constitue l’un des premiers actes. Elle fut dictée dans les propositions de François Hollande lors de la campagne présidentielle.

Ce décret spécifia le nombre de jours travaillés dans la semaine à 4,5 jours soit 9 demi-journées, et introduisit des activités éducatives l’après-midi, culture, sport, etc…..N’est-ce pas bien quand l’on sait que la détente, le jeu, l’écoute de sujets se référant à la nature par exemple sont des facteurs d’assimilation des enseignements. Les enfants furent donc tenus d’aller à l’école le mercredi matin. Par dérogation, des établissements scolaires pouvaient néanmoins choisir le samedi matin. La réforme peut s’étaler sur deux ans pour les communes qui en font la demande. Là aussi rien de bien contraignant la liberté d’adaptation fut permise, mais alors pourquoi cette fronde ?

Qu’importe si cette réforme est profitable pour les enfants, la droite est contre. Cette fronde montée par les maires des communes de droite trouve un écho pour ne pas l’appliquer. C’est soit le temps qui manque, soit le coût pour les municipalités, soit pour trouver des animateurs. Par exemple, de prendre en charge les ouvertures de cantines le mercredi midi ou l’embauche d’animateurs pour assurer les activités périscolaires. L’association des maires de France jugea insuffisant le montant de la dotation proposée par Vincent Peillon et espéra que le fonds sera «pérennisé car les dépenses induites par la réforme seront durables». Mais aussi le niveau des animateurs jugé trop faible. Vincent Peillon déclara en rester à cette réforme et ne rien changer.

Non pas, que cette réforme ne présente pas des difficultés, son financement, les animateurs pour certaines communes peuvent en effet poser problème, mais ce qui est révoltant, c’est l’appel de 55 maires de droite à la boycotter. Pour Vincent Peillon «c’est de la délinquance civique». Il faut reconnaitre qu’il y a sur 36.000 maires en France 55 maires de droite qui font de l’incivisme primaire. Ces maires appuyés par Valérie Pécresse décidèrent de ne pas l’appliquer en l’état à la rentrée 2014. Parmi la fronde des maires, on trouve en tête ceux de la Métropole Nice-Cote-d’Azur portée par Christian Estrosi, et 23 maires du Val-de-Marne.

Les enseignants, professeurs et syndicats s’engouffrèrent dans cette protestation dès lors qu’on leur demande de travailler plus sans être plus rétribués, de sorte qu’elle récolta 41 % de grévistes à Paris, 23 % au plan national, mais aussi, selon un sondage, 54 % des Français seraient pour son abandon, 22 % pour son maintien, et 24 % pour un délai supplémentaire. C’est tout à fait la répartition politique de la société française, 54 contre 46. L’éducation des enfants n’est pas le souci majeur des français puisqu’elle n’arrive qu’après la politique et c’est bien dommage. Le rapport PISA 2012 en fait le triste constat

Après quelques jours de répit, l’enquête de l’Association des maires de France, AMF, réunie en congrès jusqu’au 21 novembre, diligenta auprès de 3.852 communes ayant changé de rythmes à la rentrée, une enquête qui révéla que 83 % des maires sont satisfaits de la mise en place de la réforme. Des difficultés existent, mais elles ne sont pas insurmontables, et pas où les attendaient. Plus de 1.100 réponses, représentatives des communes de toutes tailles, furent analysées par l’association. 83% des communes se dirent satisfaites, 60% plutôt satisfaites, 23% tout à fait satisfaites de la mise en œuvre de cette réforme, 17% ne le sont pas. Le bilan est beaucoup plus mitigé dans les communes de 30.000 habitants.

Mais, il fallait jeudi 5 décembre que la gauche éducative fasse une grève des enseignants du primaire contre cette réforme afin de ne pas rester sur la touche. Les syndicats de gauche le SNUipp-FSU, Syndicat national unitaire des instituteurs professeurs des écoles et PEGC affilié à la Fédération syndicale unitaire, syndicat majoritaire chez les enseignants du premier degré avaient appelé à la grève. Ils espérèrent une participation de 42 % des instituteurs. Selon le ministère de l’éducation nationale, 19 % des instituteurs firent grève.