A la fin de ce quart de finale épique de Cardiff, la France est rentrée au pays mais la Nouvelle-Zélande aussi ! retour sur ce beau moment.
Au fur et à mesure que la semaine avançait, nul doute que la pression montait : entre regrets de jouer en terres galloises et d'avoir mal joué les Pumas, entre inquiétudes d'être balayé comme un fétu de paille, remember november 2006, et d'arrêter là une courte aventure, la rebellion sonnait : ce serait quand même trop bête, cette équipe a un vrai potentiel, les blacks sont ils si forts que la publicité le dit…
Première indication dans l'après-midi : le patient anglais se porte mieux merci. Demandez aux avants australiens châtiés, mangés, dépassés. Quelle leçon de première ligne, quelle présence sur les regroupements, combien de ballons enjambés ! En plus Jason Robinson rejouait alors…
Bref de bon augure, l'Hémisphère Nord décrié par tous les spécialistes la semaine passée, reprenait du poil de la bête et renvoyait déjà les wallabies à leurs chères études.
Nous y voilà pour les hymnes puis vient ce haka fameux dont je me suis tout de même toujours demandé ce qu'il faisait là. Pourquoi les néo-zélandais peuvent ils se permettre cela en début de match et pas les autres équipes ? à ce compte là les écossais sortiraient leurs cornemuses, les argentins leurs ponchos et les espagnoles leurs castagnettes ? Enfin je m'égare tandis que les français avaient clairement préparé leur coup : chacun en prend un dans les yeux et ne le quitte pas de tout le cérémonial, et si possible à moins d'un mètre. Vincent Clerc halluciné, Marty goguenard, Chabal en hannibal…
au haka, les français répondaient par un haltela, un mur infranchissable, prémonitoire… le grand frisson de la détermination était passé devant des blacks qui semblaient surpris de l'affront. Restait à aplliquer tout cela en match.
Bon le début fit pas trop rigoler avec des coups de pieds approximatifs et des blacks qui percutent et avancent. Betsen fait les frais de ce début hargneux, blessé sur une action qu'on a peu revu. Imanol entrait dans l'arêne tandis que les NZ prenaient leurs premiers points. Le temps passait et on n'en menait pas large tant notre jeu stéréotypé ne parvenait pas à occuper le terrain black. Seule une motivation incroyable et une défense de fer trés disciplinée nous laissait dans le match et empéchait le score d'enfler trop. A la mi-temps on pouvait même se réjouir de nos trois points qui nous laissaient à portée. On soufflait un peu mais il fallait forcément autre chose en seconde mi-temps pour perturber la logique de ce match… heureusement on n'avait pas tout vu !
On guettait le banc français d'où pouvait jaillir la lumière, elle est venue. Elle est d'abord apparue à la suite d'un beau temps fort des français attaquant enfin au large avec engagement et patience jusqu'à ce que l'ancien grenoblois Vincent Clerc, de son aile, ne vienne frapper au centre, fixer et donner dans le trou à Dusautoir lancé comme un TGV Est vers Paris. Un tabou était levé, la ligne franchie, le score reserré, les coeurs oppressés. On y croyait plus que jamais tant les gris semblaient chanceler, ne pas comprendre, se taper contre un mur… jusqu'à ce moment, cet instant de grâce, cette relance à la française, expression de ce french flair à nul autre pareil. Michalak qui montre le trou à son centre, prend le ballon et s'enfuit vers la terre promise avec tout un stade à ses côtés, tout un peuple derrière lui. Il volait, il fusait, il allait y aller seul c'est sûr. Ouf il ne l'a pas cru. Expérimenté, rusé, il calquait sa vitesse sur la défense et jaugeait ses soutiens. Un rapide coup d'oeil à gauche lui fit comprendre que Heymans serait pris. Le bonheur était dans le pré au large ou Jauzion, étonamment absent face à l'Argentine, surgissait tel au Pont d'Arcole. Mué en Tony Parker ovale, l'ouvreur toulousain nous faisait une peu académique passe après un 180° en pleine course et une remise à deux mains comme s'il avait voulu accompagner le ballon le plus loin possible, le plus sûrement possible. Mais l'offrande était belle et le centre français aplatissait dans l'enbut de toutes les espérances. Jadis je cassa une assiette pour un but de Platini au bout d'une course infinie de Tigana dans la nuit marseillaise. Là j'avait pris mes précautions et écarté tout objet génant à 10 mètres à la ronde. Heureusement car je finis tout de même à 20 centimètres du 16/9°…
La suite ne fut que souffrances et douleurs, placages et sacrifices de Bleus azur face à des all gris hagards…
Au coup de sifflet final l'explosion était superbe, l'exploit retentissant, le résultat implacable.
L'émotion des joueurs français étaient grandes, la dignité des blacks aussi : pas une plainte sur l'arbitrage du match, pas de mauvais gestes, l'abattement et le respect au vainqueur, c'est fort. Ah cette visite de l'entraîneur NZ dans le vestiaire français c'est unique ça, ces félicitations sincères d'un gars qui se sait condamner par la défaite, la classe quoi.
J'ai tout vu de ma télé, ben oui fallait mieux, dans l'Est de la France, la coupe du monde de rugby, Nancy et Metz s'en foutent. Pas un écran géant, pas une animation, rien. A leur décharge, les maires concernés sont tellement âgés qu'à 21h ils doivent déjà être couchés…
Voilà on est en demi-finale. Allez je vais être un peu grinçant sinon ce ne serait pas moi : on a gagné malgré Laporte, Beauxis, Pelous et Traille, alors pensez ce que ça va donner avec Michalak, Nallet et Poitrenaud !!!
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