Revoir les plans des métros, la « vocation » de Jug Cerovic

Architectes parisiens d’origines yougoslaves (Belgrade, Serbie), Jug Cerovic et Marko Popovic ont partiellement spécialisé leur cabinet – !Nat (inat.fr) – dans la cartographie et notamment la réalisation de plans de métropolitains. L’objectif de Jug Cerovic est de proposer un système unifié pour la cartographie de tous les réseaux de métros dans le monde afin que les visiteurs étrangers s’y retrouvent plus facilement d’une cité à une autre. Mais, de fait, pour Paris et Londres, même les habitués se repèrent « mieux » dans l’espace du réel (sauf, sans doute, pour Paris, pour les deux lignes semi-hémisphériques reliant Nation à l’Étoile).

Trois choses m’énervent particulièrement : la multiplication des ronds-points routiers (source de revenus pour les directeurs de l’équipement et souvent de commissions étranges entre élus et entrepreneurs), la signalétique dans le métro parisien (notamment des lignes et des sorties), celle du réseau routier français (qui, par ex., à Dijon, vous oblige[ait ?] à suivre la direction Genève, au sud-est, pour trouver – enfin ! – la direction de Besançon, au nord-est).
La raison est simple : le souci de l’usager passe bien après d’autres critères divers, dictés par des gens n’ayant guère besoin de plans ou panneaux pour s’y retrouver lors de leurs déplacements ou qui ne craignent guère les gendarmes postés aux ronds-points…

Après moi, le déluge, et tant pis pour les allogènes (Parisiens ou originaires d’autres provinces ; étrangers… ; gens du cru ou d’ailleurs aux bras moins longs…).

J’ai fini par ne plus trop m’égarer dans le métro parisien mais, à mesure que le réseau s’allonge, je dois m’en remettre aux codes couleurs et non plus à l’indication des stations de fins de ligne. C’est par ces dernières que j’avais été initié à la complexité du réseau souterrain de la RATP. C’était en colonie de vacances, en Angleterre : les petits Parisiens s’amusaient à snober les provinciaux en jouant au jeu des correspondances. C’était du style « tu es à Iéna, tu vas à Botzaris, tu changes où ? » (Strasbourg-Saint-Denis, Gare de l’Est, Louis Blanc, à priori, mais cela se discutait sans fin).

Depuis, j’ai pu comparer les réseaux de Londres (avec ses commodes Eastbound, Northbound, …, circular) et de Paris. Franchement, le plan de la RATP est beaucoup plus complexe que celui de la LTA : ce qui s’explique aussi par la densité inégale de stations, même si la RATP en a supprimé (et bien sûr ajouté en fins de lignes).

D’où la séduction immédiate des plans établis par Jug Cerovic. Sarah Gordon, du Daily Mail, en reste subjuguée : elle connaît la plupart des grandes capitales, et le système harmonisé de l’architecte-cartographe Franco-Yougoslave (et Belgrado-Parisien) lui semble épatant. Elle a consacré au système un élogieux article que je découvre ce jour.

Ne connaissant vraiment que Londres et Paris (New York ou Moscou reste un lointain souvenir, Belgrade un récent mais trop partiel, et tant d’autres métropoles asiatiques ou sud-américaines demeurent inconnues), je ne suis pas loin d’adhérer totalement à cette symbolique unifiée, mais pour d’autres raisons.

En effet, j’ai l’impression de m’y retrouver beaucoup mieux avec le plan du métro parisien de Cerovic pour me rendre à mes diverses destinations : non pas seulement à la, les stations, mais bien à l’endroit (rue, place, voire bâtiment) où je dois me rendre.

Un exemple ? J’ai certes compris avec l’expérience (et la suite des tentatives-erreurs pour trouver la bonne sortie) que, pour aller à Beaubourg, mieux vaut descendre aux Halles qu’à Châtelet. Mais cela me semble plus évident avec le plan de réseau de Cerovic.

En revanche, et là, évidemment, cela tient à la diversité des réseaux de Londres, pour aller de Saint Pancreas à West Hampstead, mieux vaut ne pas prendre le métro (correspondance à Baker Street) car un train vous y amène directement (à tarif très voisin). Ce dont le plan de Cerovic ne peut rendre compte (pour Paris, RER et tramways figurent plus aisément).

C’est à vous de comparer et juger… Bien sûr, la cartographie est toujours un peu trompeuse (à l’échelle de la planète, c’est évident : tout système de projection déforme la taille des continents ou des pôles), surtout si elle se veut schématique et simplificatrice. Dans certains cas, les actuels plans me/vous parleront « mieux » que ceux de Cerovic, et inversement pour d’autres.
Ce n’est pas non plus un plan – ou un service en ligne comme celui de la RATP – qui vous indiquera vraiment le meilleur rapport commodité/prix pour rejoindre Paris-Notre-Dame depuis Orly (Ory airpt) : Orlyval, vraiment, ou rejoindre La Fraternelle (par bus vers le RER) ou Villejuif ?
Et puis, parfois, du fait de l’encombrement typographique, les deux plans se valent (à l’œil, pour l’un et l’autre, Havre-Caumartin est bien plus loin de la gare Saint-Lazare qu’au réel, me semble-t-il).

On ne sait si l’initiative convaincra les gestionnaires des divers réseaux, mais elle pourra sans doute séduire des éditeurs (de plans et guides ou éléments de décors muraux). C’est en tout cas ce que l’on peut souhaiter à son inspiré et talentueux auteur.

 

 

 

 

Auteur/autrice : Jef Tombeur

Longtemps "jack of all trades", toujours grand voyageur. Réside principalement à Paris (Xe), fréquemment ailleurs (à présent, en Europe seulement). A pratiqué le journalisme plus de sept lustres (toutes périodicités, tous postes en presse écrite), la traduction (ang.>fr. ; presse, littérature, docs techs), le transport routier (intl. et France), l'enseignement (typo, PAO, journalisme)... Congru en typo, féru d'orthotypographie. Blague favorite : – et on t'a dit que c'était drôle ? Eh bien, on t'aura menti !

Une réflexion sur « Revoir les plans des métros, la « vocation » de Jug Cerovic »

  1. Bonsoir,

    Grande nouvelle, un indiscutable pervers vient enfin d’être condamné pour un crime qu’il a très probablement commis :

    [url]http://www.lemonde.fr/societe/article/2014/04/11/maurice-agnelet-condamne-a-20-ans-de-prison_4400054_3224.html[/url]

    Enfin bon, 37 ans plus tard, ce n’est pas glorieux…

    De mon côté, je continue à me faire violer au vu et su de tous ou presque sans que la « justice » n’y voit toujours aucun mal – je reste à jamais la « sale pute de femme ingénieur » qui a refusé de se prostituer, j’ai mérité…

    Depuis trois semaines, j’ai recommencé à expliquer à un public extrêmement restreint qui que quoi comment pourquoi, je ne vois pas autre chose à faire :

    [url]http://petitcoucou.unblog.fr/[/url]

    [url]http://satanistique.blogspot.fr/[/url]

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