Ce lundi 22 octobre 2007, l’enseignant et représentant de RESF [Réseau Education sans Frontières] au sein des Bouches du Rhône, Florimond Guimard, comparaissait auprès du Tribunal de Grande Instance d’Aix en Provence.

Cette comparution faisait suite au report de l’audience décidé le 20 avril 2007 par le TGI, du fait de l’absence de témoins et de l’imminence du contexte électoral.

Il était reproché à Monsieur Florimond Guimard de s’être opposé à une expulsion d’un père de famille de deux enfants scolarisés à Marseille. L’inculpation s’était alors vue qualifiée au titre de « violences en réunion et avec arme », pour laquelle M. Guimard était passible de trois ans d’emprisonnement et 45 000 € d’amende.


 

A la mi journée, entre 3000 et 4000 personnes (mille cinq cent selon la police) issues de nombreuses organisations syndicales, politiques et des droits de l'homme, s'étaient rassemblés Cour Mirabeau, afin d'apporter leur soutien à l'enseignant de 31 ans. Le cortège avait ensuite emprunté une partie du boulevard périphérique d'Aix en Provence, et a observé une « veille citoyenne » devant le TGI, jusqu'à la levée de l'audience. 

Malgré les rumeurs de la présence des Jeunesses Identitaires (groupe néonazi) et l'apparition d'éléments de la Brigade Anti Criminelle, aucune violence n'était à déplorer lors de cette manifestation.

Durant la session, les images des caméras de France 3 et de la LCM ont semblé largement démentir l'accusation selon laquelle M. Guimard aurait cherché à percuter la voiture de police transportant le père de famille sans papiers.

Il était également reproché à M. Guimard d'avoir franchi un barrage et "par effet ressort" d'une barrière poussée, d'avoir blessé au pouce un des agents de police.  

Après l'audition des témoins, le procureur Denis Vanbremeersch, ayant souligné « les différences de perception » entre les policiers « jeunes et peu préparés » et des militants déterminés du RESF, a demandé la requalification des violences volontaires reprochées, jugeant qu'elles n'étaient pas constituées. "Je vous demande de prononcer (…), compte tenu de la personnalité de M. Guimard sur lequel il n'y a rien à dire de mal, une peine de deux mois de prison assortie du sursis", a-t-il déclaré, requérant ainsi une peine à minima [1]. Le jugement a été mis en délibéré au 21 décembre prochain.

A la sortie, Florimond Guimard s'est déclaré « serein ». Les membres de RESF soulignaient  toutefois, samedi 20 octobre, lors de la mobilisation nationale UCIJ (UniEs Contre une Immigration Jetable) « Journée de solidarité avec les étrangers », la volonté « d'avoir une jurisprudence, de faire un exemple », rappelant le cas d'une parisienne qui avait été relaxée dans un cas similaire, et pour lequel le parquet avait fait appel de la décision.

Ils dénoncent par là même la volonté du gouvernement en place de vouloir « criminaliser l'action militante », dans un contexte polémique marqué par la politique du chiffre dudit « Ministère de l'immigration (…) et de l'identité nationale », et le projet de loi sur la mise en place des tests ADN.

Rappelons enfin qu'une pétition lancée en avril dernier sous le mot d'ordre "la solidarité n'est pas un délit", a été signée par plus de 20 000 personnes, et que le Réseau Education Sans Frontières s'est récemment vu décerné le prix Silver Rose Award (Catégorie Europe) récompensant l'action d'une personne physique ou morale dans le domaine du respect des droits de l'homme, le 16 octobre au siège du Parlement européen à Bruxelles.

Pour plus d'information : http://www.educationsansfrontieres.org/

[1] cf. Dépêche de l'Education, Mardi 23 Octobre 2007.