Cette impression de faire une chute vertigineuse, de tomber sans fin comme dans mes cauchemars d’enfance, d’être aspirée dans un puits sans fond, avec la peur au ventre, la peur de disparaître, la peur de mourir …

Chaque fois qu’en séance thérapeutique je suis en contact avec un traumatisme récent ou ancien, ou qu’il s’agit de mes liens affectifs, chaque fois que dans le cadre de mon quotidien je suis au prise avec ma solitude, cette compagne fidèle et terrifiante, omniprésente et enfermante, je me retrouve comme projetée dans un gouffre … une immensité sans contour qui fait froid dans le coeur … un vide de moi, de l’autre, des autres …

Je ne veux pas être en contact avec ma souffrance, je me coupe de ma sensibilité, de tout ce que je ressens, je me quitte, laissant à ma place une béance en lieu de béatitude, un vide en lieu de plénitude , un froid glacial en lieu de la chaleur d’un cocon …

 

Dans ce vide, il n’y a rien à faire, à agir, à dire, à penser, à créer … impossible et impensable de remplir l’univers sans limite de ce vide !

Alors  mes tentatives de remplissage par la " bouf ", le sexe, l’alcool, l’autre pour surtout ne pas être en contact avec ce vide, surtout ne rien sentir de l’angoisse face à ce vide, mes recherches avides de l’autre sauveur qui viendra combler, apaiser, adoucir … sont inutiles et illusoires !?

Quel choc !!!

Il faut que j’arrête de me remplir et que j’apprenne à me nourrir, il faut que j’arrête d’attendre de l’autre qu’il me rende vivante, qu’il me fasse exister, qu’il me mette au monde et que je me porte, me nourrisse, devienne ma source de vie … 

Il faut que j’arrête de chercher à l’extérieur et que je m’installe dans cet espace, que je m’incarne

Comment ???

La thérapie, la méditation, la conscience de cette réalité intérieur de mon vide de moi, le choix d’accepter cette solitude et de la voir comme une possibilité de me retrouver et de revenir en moi …

Revivre dans un cadre thérapeutique protégé et bienveillant, les évènements traumatisants qui ont fait que chaque fois je me suis quittée pour ne pas sentir et que j’ai laissé ce vide prendre toute la place, ma place …

Reprendre la place du vide …et petit à petit me retrouver, retrouver mes désirs, des envies, des possibles, ma créativité, mon inspiration … retrouver qui je suis, ce que je suis

 

Cette autre regard sur le sens de la solitude m’aide à sortir de la souffrance car ça n’est pas " fun " tous les jours, de la culpabilité car non je ne suis pas seule parce que je suis nulle !, de la peur de rester, de vieillir, de mourir seule …

Puisque chaque fois que je me retrouve, je ne suis plus seule, je suis avec moi !

Oui c’est facile à écrire, non ça n’est pas facile à intégrer mais c’est un chemin d’amour que d’aller à la recherche de soi !