Tout d'abord, souhaitons un heureux anniversaire au Webmaster du Réveil des Marmottes né le 7 12, le jour (mais pas l'année) de l'attaque de Pearl Harbor. Quel rapport entre Pearl Harbor et notre édito du jour ? Une histoire d'avion.
Si à Pearl Harbor les Japonais lançaient leurs Zéro de portes-avions, le nôtre doit se débrouiller seul, sa base flottante, le Charles de Gaulle, est en cale sèche. Un avion orphelin en quelque sorte. Toutefois, cela ne pourrait expliquer ce qui s'est passé hier soir (jeudi) en Corrèze. Un Rafale biplace parti de la base de Saint-Dizier dans la Haute-Marne s'est écrasé à Neuvic en Corrèze. Le pilote était seul à bord, il est porté disparu, on ne sait pas s'il a pu s'éjecter.
Selon l'Armée de l'Air, l'aviateur, un chef de patrouille, était un pilote confirmé. Selon le SIRPA (Service d'Informations et de Relations Publiques de l'Armée de l'Air), «Vu l'état du Rafale, on ne peut pas savoir si le pilote a pu faire fonctionner son siège éjectable… La raison de l'accident n'est pas encore déterminée…»
Le Rafale n'était pas armé, il effectuait une mission d'entraînement avec un autre Rafale, les appareils volaient à 4000 mètres d'altitude lorsque le premier a disparu des écrans radars. L'avion s'est écrasé dans une zone inhabitée de la commune de Neuvic en Corrèze sans faire de victimes au sol. Les deux Rafale appartiennent à l'escadron 1/7 Provence.
Le Rafale fut imaginé en 1978. Il devait être construit par la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne sous le sigle ACE (Avion de Combat Européen). La Grande-Bretagne et l'Allemagne abandonnèrent vite le projet. la France s'est retrouvée seule pour fabriquer l'avion sous le sigle "Rafale" (Dassault). Le 4 juillet 1986, le premier Rafale A piloté par Guy Mitaux-Maurouard décolle de la base d'Istres et atteint la vitesse fabuleuse de Mach 1,3. À titre de comparaison, en octobre 1958, sur la base de Melun-Villaroche, le Mirage III a passé Mach 2,2. Le Lockheed SR-71A Blackbird (USA) de 1963 passait Mach 3,35 (3 660 km/h) et le Concorde (2 mars 1969) Mach 2,02.
Revenons au Rafale, dont la vitesse déclarée par le constructeur est de Mach 1,8. Le 19 avril 1993 à 14 h 43, un Rafale M01, piloté par Yves Kerhervé, apponte pour la première fois… sur le Foch. Il effectue son premier catapultage le lendemain, toujours sur le Foch. Le Foch devait rester en service jusqu'en 2004 et recevoir ses Rafale en 1999.
Jacques Chirac a vendu le Foch au Brésil le 1er octobre 2000 (2). Provisoirement, le Rafale n'a plus de base flottante: La catapulte du Charles de Gaulle ne pouvait pas propulser le Rafale, il faudra rallonger le pont du CdG, il était trop court, changer les hélices cassées lors de sa première sortie et changer les deux coeurs nucléaires. Le premier appontage d'un Rafale M1 sur le CdG a eu lieu le 9 juin 2000. Lors d'un exercice en mer d'Oman, deux Rafale sont entrés en collision sur le pont du Charles de Gaulle. Le Rafale a connu de nombreux "ennuis" (réacteurs, système informatique, etc…, un peu comme sa base flottante, le CdG). En 2007, aucun pays n'a encore voulu l'acheter. Les Super Étendard devaient être retirés du service en 2004 et être remplacés par les Rafale. En 2007, ils sont toujours là.
1) Voir: Rafale sur le plan d'eau, un épisode de l'Escadrille des Tigresses
2) Voir: Alerte à Sao Paulo, Tempest of Sao Paulo, deux épisodes de l'Escadrille des Tigresses
L’erreur de notre Ministre de la Défense (à l’époque dans le Gouvernemnt de « LA GAUCHE PLURIELLE » de Lionel Jospin) aura été de se séparer du CLEMENCEAU…
Le FOCH avait également une piste trop courte pour recevoir les RAFALE… Quant au CLEMENCEAU, peut-être en était-il de même (?)…
Quoiqu’il en soit, il aurait été préférable que le CLEMENCEAU ne fût pas désarmé : il aurait fallu le désamienter entièrement, puis, le cas échéant, rallonger sa piste d’appontage…
Actuellement, et, ce, jusqu’à la mise en service d’un second porte avions, la FRANCE n’en possède qu’un seul : le CHARLES DE GAULLE… Celui-ci étant au radoub pour des travaux de révision, la FRANCE se retrouve totalement « dénudée » puiqu’elle ne possède plus de porte avions opérationnel : ce qui est grave !
Rafale, Foch, Hawkeye et Charles-de-Gaulle
Je passais sur ce blog par hasard en provenance de celui de J-D Merchet de Libé et, en temps qu’expert aéronautique, je me suis dit que je pouvais peut-être me permettre de corriger quelques imprécisions ou fausses croyances.
La vitesse n’est plus depuis les années 70 un critère de mesure de performance déterminant pour nos chasseurs occidentaux. C’est plutôt leur capacités militaires, leurs capteurs et leurs capacités de traitement de l’information, leur furtivité qui déterminent leurs qualités techniques. Tous les chasseurs modernes aujourd’hui en service sont « suffisamment » supersoniques mais ne sont pas pour la plupart bi-soniques.
Le Rafale, du démonstrateur A jusqu’au prototype M02 de la version marine très proche du modèle définitif de série, a participé à 5 campagnes d’essai de longue durée à bord du porte-avions Foch durant les années 90. Ce PA présentait toutes les qualités nécessaires, piste et catapultes incluses, pour accueillir le Rafale en service opérationnel dans son standard F1 (air-air) dès la fin des années 90. Les décalages successifs du programme Rafale pour raison budgétaire l’en auront empêchés. Le Foch devenait bien trop ancien et bien trop coûteux à entretenir pour attendre le Rafale.
Le Charles-de-Gaulle a été conçu pour accueillir le Rafale dans sa configuration de masse la plus élevée (standard F2 ou F3). Les catapultes sont américaines et conçues pour les F18 les plus lourds. Les campagnes d’essai successives menées à bord ont permis de le vérifier tout comme l’emploi opérationnel du couple CDG – Rafale de ces 3 dernières années qui s’est déroulé sans fausse note d’importance.
La piste oblique du porte-avions Charles-de-Gaulle, et non le porte-avions lui-même, a dû être allongée de quelques mètres en effet pour garantir l’appontage d’un autre aéronef (le Hawkeye E-2C) en toute sécurité dans des conditions limites de mer et de vent vérifiés lors des essais à bord du Hawkeye. Cet avion a été acquis longtemps après la conception initiale du porte-avions et n’était donc pas prévu dans le cahier des charges. Il a fallu simplement s’adapter.
Quant aux hélices ? Il y en eut une de brisée en effet et non les deux, suite à un défaut interne du matériau. Les experts en fonderie savent que ce type de matériel de grande dimensionest extrêmement difficile à fabriquer et quasi impossible à contrôler à coeur après finalisation du produit. Le risque technique et industriel ça existe ! Les hélices de rechange ont été montées en remplacement et ont prouvé toute leur efficacité jusqu’à ce jour.
J’ai déjà été trop long et ennuyeux… Désolé ! Ca m’aura permis de me replonger dans des souvenirs encore vivaces et dans l’une des plus belles aventures industrielles françaises quoi que puisse en penser certains cassandres.
On peut penser ce qu’on veut des choix et des gabegies financières de notre Etat. Tout n’est pas parfait en effet… Et tous ces systèmes d’armes sont fort coûteux. Sachez néanmoins que le groupe aérien embarqué français (CDG, Rafale, SEM, E-2C) est considéré aujourd’hui comme l’un des plus performants au monde, y compris par les experts américains et britanniques.
Je tiens à préciser que je ne suis ni militariste ni à la solde du lobby militaro-industriel. Je ne suis qu’un observateur attentif et avisé des grands et formidables projets industriels français de tout type.
Je concluerai en disant qu’il est un mal français terrible qui est l’auto-dérision ou l’auto-flagellation qui est à discerner d’une saine et objective critique à l’anglo-saxonne. On casse sans savoir et pour le plaisir de casser… Cela ne se voit nulle part ailleurs et surtout pas chez nos concurrents directs des grandes compétitions internationales. Dommage ! C’est tellement français… et ça n’a rien de charmant !
Merci de cette remise au point (d’ailleurs tu m’as pris de vitesse 😉
Et oui c’est bien franchouillard de dénigrer notre technologie.
Certain osent affirmer même que nous ne vendons pas à cause de produit trop technologique (mdr)
Néanmoins, un homme est mort. Et j’attends le résultat de l’enquête avec impatience.
Rafale… suite
Comme nous étions nombreux à l’avoir analysé c’est un problème de nature humaine (G lock ou désorientation) qui aura été responsable du crash du Rafale de l’Armée de l’Air. Pas d’autre cause avérée… même si ceux qui se déchaînent pour parler de « complot » imaginent que l’accident est d’abord dû à une panne de l’avion. Les redondances sont telles que la panne technique simple n’aurait pas provoqué le crash. Même de nuit et par mauvaises conditions météo (IMC). Pour moi le débat est clos et il ne reste qu’à penser à la douleur d’une famille et d’une communauté à nouveau meurtrie.