« Tu sais, c’est très rare, et là, le “collègue” a vraiment déjanté. » Inspecteur des impôts, l’ami F. découvre dans Le Parisien qu’un certain Alain G., inspecteur du fisc comme lui, mais chargé des TPE, PME, PMI pour le 6e bureau des vérifications au centre des finances du 1er arrondissement de Paris, ponctionnait pour son propre compte les commerçants et artisans de la Petite Turquie. La nouvelle a fait le tour du « Sentier turc » (rues d’Enghien, de l’Échiquier et alentours du nord de la Porte Saint-Denis), mais la plupart ignoraient ou préféraient « l’omerta » : eux, en tout cas, n’avaient pas eu à faire avec Alain G., 51 ans.
Il n’y a guère qu’un fruitier, habitué à vociférer pour faire la réclame de ses promotions du soir, à se montrer véhément. « Des pourris ! Depuis le temps que cela dure… ». Dans ce quartier parisien dit de La Petite Turquie ou du Sentier turc, boutiquiers « ethniques » (turcs, kurdes, chinois…) et autres sont sincèrement étonnés ou disent « non, je ne vois pas qui c’est ».
Un commerçant de la rue de l’Échiquier, qui n’était pas en délicatesse avec le fisc, avait reçu maintes fois la visite d’Alain G., 51 ans, inspecteur chargé des contrôles des TPE, PME, PMI sur six arrondissements, qui se faisait menaçant. Le commerçant ayant reçu toutes les assurances possibles de son comptable comme quoi il était en règle avec les impôts laisse venir. Il en parle à des voisins, collègues ou concurrents, qui lui indiquent qu’il fallait donner quelque chose pour avoir la paix. Il refuse, et se voit finalement réclamer 8 000 euros en billets, qu’il remet dans un café voisin, mercredi dernier, en présence de policiers en civil qui le pincent en flagrant délit.
L’homme a été placé en détention à Fresnes et son compagnon, selon Le Parisien, serait lui aussi déféré devant la justice, sans doute pour recel.
Ce malfrat du Trésor public devait sans doute cibler ses victimes. Car toute la Petite Turquie, loin de là, n’était pas rançonnée. Commerçants ou artisans maghrébins, asiatiques ou européens du secteur ont pour la plupart appris l’affaire en ouvrant leur journal ou l’exemplaire des nombreux bars qui bordent les rues d’Enghien, des Petites-Écuries, ou de l’Échiquier et de Mazagran.
Plutôt exceptionnel
« Non, cela n’a pas déjà fait le tour de la maison », racontent F. et G., deux jeunes inspecteurs des impôts dont l’un est aussi chargé des entreprises. « Franchement, c’est très, très rare », s’empressent-ils, sincères, d’ajouter. Le mode opératoire était particulièrement risqué. En fait, il peut arriver qu’une inspectrice, un inspecteur, ayant à faire avec un client pas vraiment en règle, ferme un peu les yeux, tout à fait sans la moindre contrepartie, sur quelques détails. Le redressement est minoré. Dans ce cas, il n’est pas impossible de se voir proposer qui, un repas, qui, autre chose, cadeau ou libéralité acceptée ou non.
« Eh, nous ne sommes pas la Bac de Marseille » : si certains commerçants opèrent le rapprochement, nos deux inspecteurs démentent vigoureusement. Être menacé d’un redressement fictif de 180 000 euros et se voir demander 8 000 pour obtenir une minoration quand on est limpide fait voir rouge. C’est donc le Grif (investigations financières) du 2e DPJ qui est entré en action. L’inspecteur n’avait visiblement aucune accointance parmi ses « collègues » de la police, et il a été serré, forcé de reconnaître les faits, puis cuisiné en garde à vue.
D’août à ce début novembre, le contrôleur du fisc harcelait le commerçant, et sans doute quelques autres. Si des vérifications vont être menées sur l’ensemble de ses dossiers, il est sans doute faux de présumer que tout le quartier était mis en coupe réglée, et même loin de là… Dans ce secteur, les amendes policières pleuvent sur les bars bruyants, entraînant parfois jusqu’à des fermetures administratives de neuf jours, mais l’affaire a provoqué surtout une réelle surprise. Ce n’est sans doute pas sur les dossiers qui lui étaient confiés par sa hiérarchie que l’inspecteur s’attardait.
La plus visible affaire récente de fraude fiscale (sur les déclarations de société) s’assortissait, voici environ deux ans, d’une officine de faux papiers à laquelle le patron d’un bar turc (devenu depuis un établissement bobo bon teint) prêtait son concours. Des arrestations et des mises en détention avaient suivi… Depuis, dans le Sentier turc, c’est plutôt de bagarres et d’attroupements nocturnes qu’il est fréquemment question. La police est particulièrement active et vigilante, et si les menées de l’inspecteur avaient été si étendues, l’information lui serait remontée auparavant aux oreilles.
En fait, Bercy, ces dernières années, n’a été agité que par trois affaires. L’une, à Marseille, se rapportait à deux inspecteurs en fin de carrière (59 et 60 ans), pourtant les mieux rémunérés, qui amassaient pour leur retraite (pourtant proche de leurs émoluments) en exigeant de 500 à 15 000 euros pour opérer des arrangements sur des dossiers présentant des anomalies.
À Lille, en février dernier, deux agents quinquagénaires monnayaient des informations en direction de grandes surfaces. Ils avaient même monté des sociétés de conseil… Pas de racket, donc, mais un manque à gagner – difficile à déterminer – pour les finances publiques. Mais, en juin dernier, à Paris, c’est un haut fonctionnaire de Bercy qui a été condamné pour « corruption active ».
Le fisc, heureusement (hélas regretteront peut-être certains), est davantage réputé pour sa sévérité que pour son laxisme, sauf lorsqu’il s’agit de très grandes entreprises, et beaucoup moins pour ses rares « ripoux ». Les inspecteurs principaux, qui supervisent les contrôleurs, sont très surveillés par leurs supérieurs.
En revanche, méfiez-vous des faux contrôleurs des impôts. À Dijon, un escroc s’attaquait aux personnes âgées, se prétendant au téléphone inspecteur des impôts, faisant état d’un « trop perçu », et incitait à se rendre immédiatement dans une banque retirer de l’argent pour régulariser la situation, en attendant son passage. La ruse était grossière mais l’individu court, semble-t-il, toujours…
Relations public/autorités dégradées
N’empêche. Cela n’empêche pas que l’imaginaire, ou l’expérience passée, parfois ancienne, montrent à quel point il faudrait davantage que le rapport Jospin (voir aussi sur Come4News) pour restaurer une confiance dans les autorités.
Réflexion d’un commerçant du quartier, aujourd’hui retraité : « c’est simple, personne ne te dira rien. Et tu sais pourquoi ? Tu dénonces un flic ripoux, tous ses collègues tombent sur toi et tes voisins. Pour un inspecteur des impôts, c’est pareil. Tu as coincé l’un de leurs collègues, ils vont se donner le mot. ». Le ressenti, chez certains, est parfois fort. Vivons heureux, et pour vivre heureux, soyons dans la légalité, mais vivons cachés, car ceux qui représentent la légalité ne sont pas dignes de confiance, en quelque sorte.
C’est certes minoritaire. Mais tout comme celui qui pensait que « cela dure depuis trop longtemps » (et que cela risque de durer, même si un exemple a été fait), cet ancien commerçant donne le ton de ce que d’autres pensent. Il faudrait autre chose qu’une interpellation pour les faire changer d’avis. À moins que leur opinion soit définitivement fixée. Sclérosée ?
Le fisc voleur est une chose parfois mais le fisc mauvais gestionnaire coûtent aussi à la collectivité.
Un cas vécu en PME/ Contôle fiscal suite cessation d’activité (Habituel aprés un an ou plus mais sur le plan personnel…) redressement de TVA de 1000 euros alors bien que les éléments me permettaient de prouver l’érreur du Fisc…. payez vous allez gagner en justice, voila le dernier mot d’une contrôleuse qui voulait juste toucher sa petite commission en fin de mois… Prise au mot… Tribunal administratif aprés 3 ans…. remboursement du fisc obligatoire, je ne vous dit pas les frais d’avocat pour le fisc… donc au final commission + frais de justice sur le compte du contribuable collectif…
Pour des gens qui sont sensés gérer le bien de l’état… combien de dossiers ainsi chaque années…! L’honnêteté ne paie pas non plus certains inspecteurs…
PH
…bof, les ripoux, c’est vieux comme le monde ! Deuis l’époque des Pharaons, au moins… Trois ripoux sur quatre passent au travers des mailles du filet et il faut être bien couillon, ou candide ou naïf pour ne pas profiter du système. D’ailleurs, chez les agents publics, l’honnêteté est synonyme d’inefficacité ou d’inconséquence.
Heureusement que chez les ripoux, certains sont si cons, beaufs, imprudents et si avides de fric que leur manège se découvre ! …ça permet d’être très à l’aise face aux agents publics lorsque l’on a rien à se reprocher.
A ceux qui sont doués de raison et de probité : et Jacques CHIRAC, gardien de nos institutions!!! condamné à deux ans de prison…avec sursis…
Par conséquent vous ne pouvez pas réclamer de la prison ferme à l’encontre de cet inspecteur.
Soyez cohérent!!!
Je n’ai plus rien à ajouter.