Après l’annonce d’une nouvelle chute des ventes de disques en France, -17,8% pour le premier semestre 2009 pour la musique enregistrée (CD et DVD), soit 229,2 millions d’Euros, les maisons de disque se sont encore attaquées aux pirates informatiques, les rendant responsables de tous leurs maux. ChristopheL amaignere, le Président de la SNEP (Syndicat National de l’EditionPhonographique), s’est même emporté en déclarant : «Les gens qui téléchargent illégalement sont des couards planqués derrière leur ordinateur. Ce sont des terroristes ».

Bien sur, les maisons de disque ont eu leur rôle à jouer dans la promotion, la distribution, et la découverte de nouveaux artistes, mais je crois que ce temps est révolu.

A chaque époque, son schéma économique, et celui des maisons de disques est du passé si elles ne comprennent pas que le temps du disque physique est derrière nous.

Aujourd’hui, avec le développement des nouvelles technologies, le MP3 en particulier, acheter un disque physique n’a plus aucun intérêt, sauf pour les collectionneurs ou nostalgiques (il y en a encore pour les disques vinyles),mais ils se font aussi de moins en moins nombreux.

De nos jours, la musique s’écoute sur son ordinateur, ou sur un baladeur numérique, alors pourquoi se déplacer dans un magasin, perdre du temps, et payer plus cher, pour un disque que l’on va de toute façon numériser pour le mettre dans son ordinateur et son lecteur MP3, et éventuellement celui de sa femme, et de ses enfants. La copie privée à usage familiale a toujours été autorisé en France à ce que je sache, même si ces dernières années, les professionnels de l’édition musicale ou cinématographique se battent devant les tribunaux pour restreindre considérablement ce droit.

Depuis quelques années, avec le développement de la vente de musique numérique via Internet, on achète de moins en moins de disque, et les prix de ces offres enligne baissent de plus en plus.

Alors pourquoi, depuis des années, les éditeurs de disques n’accusent que les « pirates qui téléchargent illégalement de la musique », comme seuls responsables de l’écroulement de leur marché ?

Je crois que les éditeurs de musique, et de films, sont en grande partie responsables de leur propre chute. D’abord parce qu’ils n’ont pas su anticiper le changement, et s’y sont mis beaucoup trot tard. Quand ils ont commencé à changer de politique et à développer des sites de vente de musique en ligne, de gros acteurs, qui n’avaient rien à voir avec l’industrie du disque, s’étaient déjà positionnés sur le marché avant eux.

Ensuite, parce qu’ils se sont affolés devant l’écroulement des ventes de la musique physique (disques et DVD), ils se sont mis à développer une foule de systèmes anticopie, d’abord sur les disques eux même, ensuite sur les fichiers en téléchargement légal, en les imposant à toute les plateformes de distribution.

Que faites vous de votre musique sur votre ordinateur, si vous ne pouvez pas la copier sur votre baladeur numérique, pire si vous décidez de changer de baladeur, la copier sur votre ordinateur portable, ou encore sur une clef USB ou un CD vierge pour la jouer dans votre voiture ?

Avec ces systèmes anti copie, ils ont tout simplement poussés et incités de plus en plus de gens à se tourner vers le téléchargement illégal de musique. Au début, pratiqué par quelques férus d’informatique, le téléchargement est devenu un sport national, avec l’aide d’outils logiciels gratuits de plus en plus simples à utiliser.

Aujourd’hui,comment revenir en arrière ? Personnellement, je ne crois pas que cela soit possible. Les habitudes sont trop ancrées dans la population, et, même avec des outils informatiques de plus en plus sophistiqués pour traquer les fraudeurs, les petits génies de l’informatique auront toujours un cran d’avance pour déjouer leurs nouveaux pièges. Ce n’est pas non plus en publiant de nouvelles lois que l’on changera les choses.

Je pense au contraire que le marché va changer de lui-même. Les maisons de disques doivent comprendre que leur temps est révolu.

Qu’arrivera t’il aux artistes me direz vous ? Je pense que eux aussi, et beaucoup d’entre eux l’ont déjà fait depuis longtemps, doivent évoluer et utiliser les nouvelles technologies qui sont à leur disposition.

Par exemple, créer leur propre site internet et vendre leur propre musique en ligne. Certes, ils vendent moins, mais n’ont pas à reverser des royalties aux distributeurs. Voir même, et, aussi, beaucoup d’entre eux le pratique déjà,diffuser leur musique gratuitement sur internet, avec des licences qui permettent la libre utilisation et copie dans un cadre non commercial, comme la licence Creative Commons (1).

Pour se rémunérer, ils peuvent organiser des concerts, et un concert ne se pirate pas. Même une vidéo pirate ne remplacera jamais l’ambiance et les sensations que l’on a lorsqu’on assiste à un concert.

Les plateformes de vente de musique en ligne seront aussi pour eux le moyen de vendre leur musique. Mais pourquoi passer alors par une maison de disque dont le métier est de presser des disques (et leur verser des royalties), alors que le disque n’existe plus. Ils devraient être en mesure de discuter directement avec ces plateformes de vente en ligne.

Le combat actuel des maisons de disque est, je pense, perdu d’avance. Elles dépensent depuis des années, du temps, et beaucoup d’argent, dans des batailles juridiques, du lobbying auprès tous les partis politiques pour faire voter de nouvelles loi, qui de toute façon seront difficiles à appliquer, car les technologies évoluent beaucoup plus vite que les décisions administratives. Depuis toutes ces années, elles auraient mieux fait de consacrer ce temps et cet argent à réfléchir et à développer un nouveau système économique de distribution de la musique. Mais elles ne l’ont pas fait et se sont fait doubler par de grands acteurs de l’informatique ou d’internet.

Les choses évoluent, et il faut soir vivre et évoluer avec son temps…ou mourir.

 

(1). http://fr.creativecommons.org/