Lettre ouverte aux dirigeants de supermarchés, aux consommateurs, à l’Etat, et la Justice.

 21% de la nourriture achetée en France part chaque année a la poubelle. Un chiffre qui m’a stupéfait lorsque je l’ai entendu ce matin, quand on connait le nombre de personnes qui souffrent de la faim, en France, mais aussi dans le monde. Un seul steak jeté  a aussi des conséquences sur l’environnement, puisqu’il correspond à une ampoule allumée pendant 70 heures.

Hier nous apprenions que Kader, un employé d’un magasin Monoprix a Marseille était mis a pied car il avait, ce qui est interdit par le règlement intérieur, récupéré des melons et des salades un peu avariés dans les poubelles du magasin, pour les manger, car il avait faim.

Aujourd’hui, après, pendant près de 24 heures, avoir reçu des messages de protestation et d’appel au boycott de l’enseigne, par des milliers d’internautes , sur sa page officielle d’un grand réseau social, Monoprix revient en arrière, et annonce qu’il réintègre Kader dans ses fonctions dès ce jour.

Que ce serait-il passé si le cas de Kader n’avait pas eu autant d’écho ? Il aurait probablement été licencié, à deux ans de la retraite, pour avoir soit disant « volé » (terme utilisé par son employeur) quelque nourriture avariée, dans une poubelle, et qui était destinée à la décharge.

Légalement, en France, Il est autorisé, de fouiller les poubelles afin d’acquérir des biens.

Tout déchet, jeté volontairement (un bien jeté par erreur ou par accident n’est pas considéré res nullius), en matière juridique, est considéré RES NULLIUS : il n’appartient à personne, et le premier à s’en emparer en devient propriétaire.

Aucune taxe ne peut être prélevée sur les déchets ainsi récupérés, fussent-ce des lingots d’or.

La benne, à l’instar de son contenu, a un propriétaire. Sa fouille est possible lorsqu’elle est sur la voie publique, à condition bien sur que les déchets qu’elle contient ne soient pas dispersés sur la voie publique.

Les supermarchés le savent bien, et devant le nombre grandissant de sans domicile fixe, puis de gens extrêmement pauvres, toutes ces derniers années, ont vu leur chiffre d’affaire sérieusement baisser lorsque les gens se sont rendus compte qu’ils pouvaient se procurer de la nourriture très bonne, encore emballées, gratuitement, dans les poubelles de ces mêmes supermarchés.

Puis des « bo-bo » se sont aussi mis à glaner dans les poubelles. Plus un passe-temps, le « Dumpster diving » (littéralement, plonger dans les containers) est né à New York, il y a une dizaine d’années, quand une bande de jeunes avocats, architectes ou encore médecins, ont décidés de pimenter leur vie, en allant chercher de la nourriture gratuitement dans les poubelles pour se réunir une fois par semaine, et cuisiner et manger leurs trouvailles.

Le dumpster diving est aussi beaucoup pratiqué par les voyageurs à très faible budget. Et oui, on peut voyager presque sans argent, si on accepte de renoncer à son petit confort, on fait de l’auto-stop, on dort sous la tente, ou chez l’habitant, qui devient un ami, et on cherche sa nourriture dans les poubelles. Je vous assure qu’on peut aller très loin comme ca, même faire le tour du monde.

Donc aujourd’hui, en France, même s’il est légal de glaner dans les poubelles, les grandes enseignes de supermarchés ont trouvées le moyen d’éloigner les glaneurs de la nuit… ils mélangent tous les déchets alimentaires avec de l’eau de javel, ce qui les rend impropre à la consommation, sous peine d’être gravement malade.

Gâcher de la nourriture, que de toute façon on va jeter, de la sorte, volontairement, pour empêcher des gens qui ont faim, et qui n’ont pas les moyens de s’acheter à manger, est un véritable scandale.

Je me demande bien qui est l’esprit malsain qui a pu imaginer cette pratique.

Mesdames et Messieurs les dirigeants des grandes  enseignes de supermarchés, je vous demande par la présente de proscrire cette pratique dans vos magasins.

A  vous, consommateurs, par solidarité avec ceux qui souffrent, et qui ont juste eu un peu moins de chance que vous dans la vie, d’éviter d’acheter dans les magasins qui « javellisent » leurs poubelles.

 

Bien plus qu’égoïste, cette pratique est barbare, c’est montrer a quel point on se fout de son prochain, et qu’on préfère le voir mourir que récupérer un morceau de pain, que de toute façon, on va jeter.

 

A l’Etat, dont le rôle est de protéger ses citoyens, de proscrire par la loi une telle pratique, et à la justice,  d’être intransigeante, si quelqu’un devait tomber malade ou même mourir, après avoir ingéré de la nourriture « javellisée », et d’appliquer la loi,  qui interdit l’empoisonnement d’autrui.